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Nicolas Sarkozy redope 
le moral de ses troupes
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Malgré une "TVA sociale" impopulaire et des sondages en berne, le président de la République a fait preuve ce mardi de détermination lors d'une allocution face aux parlementaires de la majorité et de ses vœux à la presse. De quoi remonter la pente à quelques mois de l'élection ?

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Nicolas Sarkozy est-il en train de reprendre la main ? En dépit de sondages toujours en berne, il veut croire et convaincre que rien n’est perdu pour lui "qui a déjà gagné une présidentielle". Alors il déploie tantôt sa force de persuasion (avec les parlementaires de la majorité ), tantôt affiche une sorte de zénitude olympienne (à l’occasion  de ses vœux à la presse).

En présence d’environ un millier de professionnels, il a comparé ses relations avec la presse à celles d’un couple, avec "ses moments de lassitude", et manié  une ironie  aigre-douce, voire acide, à l’encontre de ceux "qui voudraient essayer autre chose" . Il a certes eu une pincée  d’autocritique, et dans sa démarche de reconquête de l’autre, a promis de  "continuer de surprendre, et déjouer les pronostics"!

Sans doute visait-il les mêmes le matin, lorsqu’il s’en est pris aux tenants de "la pensée unique", qui le critiquent à longueur de colonnes. Cependant,  sa longue expérience de communicant  l’incite à croire que sa prestation télévisée de dimanche (dont l’audience l’a ravi) a modifié la donne et l’a replacé au centre du débat"Avant (dimanche), tout  était sur les propositions fumeuses du candidat socialiste. Depuis dimanche, tout a changé, tout est sur les propositions que  nous faisons", a-t-il expliqué hier matin aux élus de la majorité qu’il s’est efforcé de rassurer .

Le "nous" était sans doute de majesté. Le projet de loi de finances rectificative qui doit être adopté mercredi prochain en Conseil des Ministres, avant d’être soumis très vite au vote des députés, est en effet au cœur de tous les débats avec la fameuse mesure d’augmentation de la TVA de 1,6% qui serait l’outil anti-délocalisation par excellence. C’est qu’elle est combattue par la Gauche (François Hollande veut l’abroger s’il est élu), rejetée par l’opinion, et est loin de faire l’unanimité à Droite.

Aux parlementaires de la majorité convoqués au pied levé hier matin, Nicolas Sarkozy  s’est dit "déterminé à un point que vous n’imaginez pas" et leur a lancé un grand appel à l’unité j’ai besoin de vous comme jamais". Cela ne leur avait pas échappé. Mais ne demande-t-il pas de se faire hara-kiri à ces élus auxquels il demande de voter toutes affaires cessantes en faveur de mesures impopulaires avant de partir en campagne ? Sa démarche est-elle suicidaire ?

La réponse a claqué, aussitôt relayée par twitter : "On me dit suicidaire. Je suis le suicidaire le plus en forme de France". Il a pourtant dû "mettre le paquet" pour gagner l’ovation de ses amis politiques. "Il n’y aura pas de nouveau plan de rigueur", car "on doit remplir le réservoir sans ajouter  une goutte d’essence, augmenter la croissance sans augmenter le déficit", a-t-il asséné à son auditoire avant le piquer au vif : "le peuple français est plus courageux que les élites  qui sont dans la pensée unique et l’absence d’imagination". Entendez, "Et vous, vous  n’auriez pas le courage de voter en faveur d’une augmentation de 1,6% de la TVA  pour renforcer la compétitivité de l’économie française ?" Enfin, il avancé l’argument suprême : "Est-ce qu’on va prendre des leçons chez ceux qui veulent augmenter toutes les taxes et créer une nouvelle tranche d’impôts?" Devinez la réponse.

À ces élus qui s’impatientent et souhaiteraient qu’il déclare (rapidement) sa candidature, il réclame de la patience  au nom du «devoir de la charge: on est différent quand on est candidat, et compte tenu de la situation de la France nous ne pouvons pas passer  un temps infini en  campagne». Les parlementaires n’en auront pas appris  davantage sur le calendrier du futur candidat .

Quant à la précipitation dans laquelle ces mesures sont présentées , à quelques semaines seulement du début de la campagne officielle, elle est justifiée par la "situation de crise exceptionnelle que nous vivons". Ceux qui ont été totalement convaincus par les arguments présidentiels, à l’instar d’Yvon Lachaud, le président du groupe Nouveau Centre, qui  a trouvé Nicolas Sarkozy "punchy" et se dit ravi de le "voir reprendre le manche", ou encore Jérôme Chartier , Renaud Muselier, Bernard Debré, Christian Jacob, ont exprimé leur satisfaction et leur soutien indéfectible devant micros et caméras à l’issue de cette rencontre un  peu improvisée mais apparemment salutaire.

Apparemment, car la grande majorité des invités se sont éclipsés, dubitatifs sur la manière de "vendre" à leurs électeurs une hausse de la TVA, garantie sans répercussion sur les prix, tout ceci à moins de trois mois de l’élection présidentielle, et moins de cinq mois de leur propre réélection pour les députés. Nicolas Sarkozy a eu beau leur dire "vous allez voir ce que vous allez voir", il subsiste plus qu’un doute chez ceux qui se frottent quotidiennement au "terrain".

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