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Jeux en ligne : laissez vos enfants les pratiquer, cela stimule leur cerveau et améliore leurs performances scolaires (contrairement aux réseaux sociaux)
©Reuters

"Serious gaming"

Selon une nouvelle étude de l'université de Melbourne, la pratique des jeux en ligne améliorerait les performances scolaires tandis qu'à l'inverse, la fréquentation des réseaux sociaux ferait baisser les performances scolaires des adolescents.

Michael Stora

Michael Stora

Michael Stora est l'auteur de "Réseaux (a)sociaux ! Découvrez le côté obscur des algorithmes" (2021) aux éditions Larousse. 

Il est psychologue clinicien pour enfants et adolescents au CMP de Pantin. Il y dirige un atelier jeu vidéo dont il est le créateur et travaille actuellement sur un livre concernant les femmes et le virtuel.

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Atlantico : Quels sont les tenants et les aboutissants de cette nouvelle étude ? Comment expliquer ces rapports de cause à effet ?

Michael Stora : Cette étude a étudié une cohorte de 12 000 adolescents coréens, et comparé leurs résultats scolaires en fonction de leur pratique de jeux en ligne ou de leur fréquentation des réseaux sociaux. Les chercheurs ont constaté que les performances scolaires des adolescents s'amélioraient quant ils jouaient en ligne, et qu'elles baissaient quand ils passaient leur temps sur différents réseaux sociaux. 

Effectivement, la pratique des jeux en ligne peut améliorer les performances scolaires, mais, selon moi et ce que ne nuance pas l'argumentaire de cette nouvelle étude, uniquement chez les adolescents ayant déjà des facilités intellectuelles. Un jeu vidéo comme League of Legends stimule par exemple l'anticipation, l'intelligence déductive et la spatialisation, soit les mêmes capacités cognitives stimulées par l’étude des sciences "dures", comme les mathématiques, la physique ou la chimie. 

En revanche, je ne pense pas que les jeux en ligne puissent améliorer les performances d'un adolescent en échec scolaire. Dans ce cas, l'intérêt de la pratique des jeux en ligne est plutôt de re-motiver les adolescents en difficulté, qui souffrent du regard des autres et ont perdu confiance en eux. Un jeu en ligne ne juge pas, ne stigmatise pas et ne retient que les parties gagnées par son utilisateur, alors qu'une mauvaise note ne se rattrape pas et renvoie l'élève à ses seules incompétences, accentuant par la même occasion son sentiment d'impuissance. 

Pour ce qui est des réseaux sociaux, dont la fréquentation ferait baisser les performances scolaires, l'argumentation de cette nouvelle étude semble plausible. Il ne me parait pas idiot d'affirmer que les enfants en échec scolaire cherchent à compenser leur perte de confiance en eux via d'autres biais que celui de l'école, dont les réseaux sociaux font partie. Leur utilisation développe en effet des comportements très égocentrés et vise avant tout à se construire une image de soi-même la plus positive possible, en essayant de générer un maximum de retweets, de likes, de followers, etc.

Au vu des résultats de cette nouvelle étude, doit-on en conclure que les parents, voire l'Education nationale, devraient inciter les enfants à jouer en ligne, et au contraire limiter, voire interdire, leur fréquentation des réseaux sociaux ?

Pour ce qui est des parents, il est vrai que les réseaux sociaux et les écrans de manière générale sont devenus un enjeu autoritaire. Je pense qu'il faut, dans la mesure du possible, ne pas se transformer en parent totalement "négociateur", surveiller la fréquentation des réseaux sociaux de son adolescent, et savoir lui poser des limites. Maintenant, je ne pense pas qu'il faille aller jusqu'à l'interdiction, surtout lorsqu'il s'agit d'une fréquentation très assidue des réseaux sociaux, qui, comme je l'expliquais plus haut, peut surtout être un moyen de compenser une perte de confiance en soi générée par l'échec scolaire. Dans ce cas, il vaut mieux laisser son enfant fréquenter les réseaux sociaux comme il l'entend, car cela lui fait du bien, tout en essayant de trouver d'autres biais par lesquels il puisse retrouver confiance en lui, en misant particulièrement sur des activités qui le poussent à sortir du foyer familial et du cadre scolaire, comme le sport ou le théâtre par exemple. 

Pour ce qui touche aux jeux en ligne, je ne conseillerais pas aux parents de pousser leurs enfants à les pratiquer dans le but d'améliorer des performances scolaires, car on peut très vite s'y perdre. En revanche, je pense que l'intégration des jeux en ligne dans le cadre scolaire est une excellente idée, qui fait d'ailleurs son chemin, comme le prouve la sortie prochaine de la version éducative par Microsoft de Minecraft. Elle permettrait de varier les manières d'apprendre, qui sont à l'heure actuelle essentiellement basées en France sur le respect des règles et le "par cœur", en donnant du sens à quelque chose de très abstrait, comme un algorithme par exemple, et en intégrant une variable ludique dans l'apprentissage. 

Plus concrètement, quels jeux en ligne recommanderiez-vous aux parents qui souhaiteraient voir les performances scolaires de leurs enfants s'améliorer ? A l'inverse, quels sont, selon vous, les réseaux sociaux à éviter car nuisibles aux performances scolaires ?

Hormis l'aspect narcissique, il est vrai que les réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter n'ont pas vraiment de plus-value éducative. En revanche, des réseaux comme YouTube ou Snapchat favorisent la créativité, qui est à mon sens une capacité essentielle pour réussir dans la vie, même si cette nouvelle étude n'en fait pas mention. 

Côte jeux en ligne, Minecraft, League of Legends, Angry BirdsCandy Crush ou encore Pokémon Go sont par exemple des jeux qui stimulent les compétences scientifiques des adolescents.  

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