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Hystérie collective pour un pénis paparazzé : pourquoi le plus grand mérite de l'organe d'Orlando Bloom n'est pas celui que vous croyez
©Capture d'écran twitter

THE DAILY BEAST

Les photos d'Orlando Bloom et de son pénis ont 'cassé l'Internet'. Ce qui nous en dit plus sur notre étrange conception de la censure que sur le pénis d'Orlando.

Tim Teenan

Tim Teenan

Tim Teenan est rédacteur en chef au Daily Beast. Il est également l'auteur de In Bed With Gore Vidal: Hustlers, Hollywood and the Private World of an American Master (Riverdale Avenue Books/Magnus)

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Copyright Daily Beast - par Tim Teenan

Une étude attentive du pénis d'Orlando Bloom, ou du supposé pénis d'Orlando Bloom (jusqu'au moment où il sera peut-être révélé qu'il y a eu, aie aie aie, un photo-montage avec copié-collé d'un pénis sur le corps de l'acteur)  montre un appendice vigoureux qui semble à moitié au garde-à-vous et à moitié fané par la chaleur de son séjour en Italie avec Katy Perry.  Dans les photos de lui en train de ramer sur sa planche en compagnie de la star en bikini qui vient de sortir un nouveau single, sa forme nous rappelle Nessie, le monstre du Loch Ness, et sa tête surgissant des eaux du Loch Ness. Il y a quelques autres clichés de lui sans voile : Orlando Bloom et son pénis se promenant sur la plage, grimpant sur des rochers, debout sans rien faire, et surtout, pendant librement derrière Katy Perry sur la planche. Elle aussi à l'air d'un petit Bouddha heureux, avec Orlando et son pénis malicieux qui lui font la cour sous un grand soleil d'été. Vendredi, on a appris qu'elle était naturellement aussi humiliée que lui par la publication de ces photos. “Katy (Perry) l'a soutenu et comprend sa colère” a confié une source au site HollywoodLife.com. Dans un premier temps, les photos sont parues nanties d'un carré noir sur le pénis (ou pixélisées, comme si c'était une scène de crime sanglante). Puis, comme on pouvait s'y attendre, les photos sans masques sont parues. Les réactions au pénis de Orlando Bloom sont : des gifs animés, exprimant l'heureuse surprise générale devant la beauté de Orlando et la beauté de son pénis ; des commentaires à moitié indignés (comme si personne n'avait vraiment le coeur à ça) sur l'injustice qu'il y a à approuver les photo d'Orlando nu, mais pas celle d'une femme. Encore de l'indignation, pour avoir 'objectifié' orlando Bloom. Et enfin, voyons, encore des gifs animés.  

Le pénis de Bloom n'est pas le premier de la sphère des célébrités a avoir fait une apparition publique. Bizarrement, le rival de Orlando, Justin Bieber, a été photographié nu en octobre dernier, alors qu'il était en vacance au soleil. Ensuite, il y a eu celui de Jon Hamm et son désir très visible de ne pas porter de slip (ce qui a beaucoup fait jaser). Jan Hamm n'a pas du tout trouvé drôle le tohu-bohu autour de son pénis. “Vous aimeriez que des gens viennent vers vous et pointent du doigt votre pénis ?” s'est-il plaint auprès de Men’s Fitness. “Je n'arrive pas à croire que je parle encore de tout ça. Mais j'ai porté des slips tous les jours de ma vie, alors être aujourd'hui traité d'exhibitionniste est un peu irritant. C'est devenu un mème, je suppose. Comme je suis quelqu'un que les gens veulent photographier, il faut se préparer au positif comme au négatif. C'est comme ça. Si je me mets en colère, je vais passer pour un con. Mais c'est con.”

Cette mise au point est très classe, très Jon Hamm. Peut-être parle-t-il aussi au nom de Orlando Bloom et de Justin Bieber, peut-être exprime-t-il leur désapprobation vertueuse car, après tout, leur pénis aussi a été photographié sans leur accord, et quels que soient les compliments et la béatitude en ligne, ils sont humiliés. Nous aimons penser que nous vivons dans une culture de transparence, avec peu d'interdits. Mais l'exhibition d'un pénis ou d'un vagin en public est toujours considéré comme trop. On les appelle des "parties intimes" pour de bonnes raisons. En dépit de nos photos sur tant de médias sociaux, en dépit de notre obsession pour nos corps, nous sommes toujours prudes et effarouchés à l'idée de tout montrer.  Quand Michel-Ange a sculpté son David, il a sculpté un corps entier, avec phallus et tout. Mais le pénis, de nos jour, que ce soit une créature des bois montrant sa tête sous une tunique de Rick Owens dans un défilé de mode à Paris ou l'appendice  malicieux d'une star de Hollywood marchant sur une plage, peut être un véritable traitre sur un corps par ailleurs parfaitement sculpté. Dans une exposition très intéressante à New York, à la galerie Cheim & Read, The Female Gaze, Part Two: Women Look at Men, (Le regard féminin, deuxième partie : quand les femmes regardent les hommes), certaines des images représentent des pénis vus par les artistes femmes qui exposent. Parfois, un orage de couleurs, parfois, perdu dans une forêt de poils pubiens, parfois, une statue, ou un bronze étrange en forme de sourire, parfois en train de pénétrer un vagin dans un flou presque abstrait, parfois semblable à un beau et étrange fruit, et parfois timide et caché dans l'ombre : toute une panoplie de pénis.

N'importe quel fasciste de la taille du pénis, quel que soit son sexe et son orientation sexuelle, repère immédiatement le pénis et prononce un jugement : game over ou game on. Tout homme qui s'inquiète de la taille regarde un pénis exhibé en public et se sent instantanément bien ou mal à propos de ce qui pend dans son entrejambe personnel.

Mais en dehors d'un contexte sexuel ou pornographique, ou d'un contexte artistique comme l'exposition de la galerie Cheim & Read, ou encore de la fétichisation et la célébration merveilleuses du pénis par un Robert Mapplethorpe, ce qui est le plus rafraichissant et rassurant dans le pénis de Orlando Bloom est qu'on y voit le pénis dans ce qu'il est au quotidien, pour la plupart des hommes. Il est juste ce qu'il est : un organe. Ce n'est pas une love machine en action, ce n'est pas un missile provocant, il n'est pas perdu dans une ombre de bon gout. Il n'est pas en train d'impressionner, ou de se vendre rigide, comme quand on envoie une photo à quelqu'un avec qui vous voulez avoir une relation sexuelle. La plupart du temps, il est juste en train de pendre. C'est son genre de présence, qui ne demande rien. Orlando Bloom passe une belle journée sur la plage, nu, et Monsieur Pénis l'accompagne dans son insouciante promenade sous le soleil. Ce pénis n'est pas vantard, ce pénis ne la ramène pas, ce n'est pas un pénis prêt à l'action ou désirant prouver quoi que ce soit. Sa vue sur Twitter peut avoir provoqué des exclamations et des commentaires dans tous ces mèmes spirituels. Mais vraiment, la grande leçon que nous donne le "penis-gate" de Orlando Bloom est une leçon de nonchalance, un pénis ordinaire, et sans honte, libre des slips et caleçons qui soulignent, rehaussent. La leçon est qu'un pénis est juste un pénis. Suivez l'exemple d'Orlando Bloom et laissez le vôtre profiter du bon temps innocent cet été au soleil. A la limite, assurez-vous qu'il n'y ait pas de télé-objectifs cachés dans les buissons. 

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