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La dure réalité de Washington a transformé Obama
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Yes, they could

Le Président a fait rêver pendant sa campagne, mais avant même d'arriver au pouvoir il a dû affronter la crise économique, et devenir réaliste.

Gilles Klein

Gilles Klein

Gilles Klein,, amateur de phares et d'opéras, journaliste sur papier depuis 1977 et en ligne depuis 1995.

Débuts à Libération une demi-douzaine d’années, puis balade sur le globe, photojournaliste pour l’agence Sipa Press. Ensuite, responsable de la rubrique Multimedia de ELLE, avant d’écrire sur les médias à Arrêt sur Images et de collaborer avec Atlantico. Par ailleurs fut blogueur, avec Le Phare à partir de 2005 sur le site du Monde qui a fermé sa plateforme de blogs. Revue de presse quotidienne sur Twitter depuis 2007.

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Après sa victoire électorale fin 2008, mais avant d'être nommé officiellement président en 2009, le démocrate Barack  Obama a dîné avec des journalistes de droite pro-républicains qui ne lui étaient pas, à priori, favorables. Il voulait se présenter comme un président consensuel qui transcende les frontières politiques habituelles et va lancer des programmes ambitieux qui vont réveiller le rêve américain à l'image du slogan "Yes We Can". Lors de ce dîner, Obama avait impressionné ses invités, mais les caciques de Washington ne voyaient en lui qu'un politicien venu de Chicago avec le soutien des médias "libéraux".

Mario Cuomo qui fut gouverneur de l'état de New York de 1983 à 1994 avait l'habitude de dire que les Présidents font leur campagne avec de la poésie mais qu'ils gouvernement ensuite en prose. C'est-à-dire que les belles idées généreuses et les beaux discours de la campagne cèdent la pas à une attitude plus réaliste et quelques fois plus brutale quand ils arrivent au pouvoir et se trouvent face aux contraintes de problèmes bien réel.

C'est ce qui s'est passé pour Obama, dont le passage du poète Keats à l'économiste Keynes a été brutalcomme le souligne le magazine le New Yorker. Obama a constaté que les Républicains ne lui faciliteraient pas la tâche, alors qu'il avait besoin d'eux pour lancer son plan de relance, son "stimulus package". dans lequel il aurait voulu glisser quelques grands projets marquants pour frapper l'opinion, comme un réseau électrique intelligent, mais ses conseillers l'ont ramené à des considérations plus terre à terre.

En fait, pour Obama, ce glissement, ce changement brutal s'est produit avant même qu'il n'ait rejoint son poste à la Maison Blanche, au poste de 44e président des Etats Unis le 20 janvier 2009. Ce bouleversement est du à un mémorandum daté du 15 décembre 2008, écrit par Larry Summers à l'attention du futur président pour attirer son attention sur la gravité de la situation économique des Etats Unis.

Summers, économiste réputé a été vu dans l'équipe des conseillers économiques de Ronald Reagan dans les années 1980, puis dans l'équipe de campagne du démocrate Dukakis en 1988, avant qu'il ne fasse carrière au sein de l'administration sous la présidence d'un autre démocrate, Bill Clinton.

Ce mémo "confidentiel" a été rendu public récemment, il comporte 57 pages, il est disponible ici. En gros, Summers y explique que l'Amérique vit, plus que jamais, au dessus de ses moyens, que le chômage risque de toucher deux fois plus d'Américains en 2009, passant de deux millions de sans emploi à quatre millions.

Obama nommera Summers à la tête du National Economic Council quelques semaines plus tard, en janvier 2009. Summers ne restera pas longtemps, il quittera son poste en septembre 2010, pour retourner donner des cours à l'université d'Harvard. Il n'a pas apprécié d'avoir été accusé d'avoir reçu des millions de dollars d'entreprises sur lesquels il avait ensuite de l'influence depuis la Maison Blanche et aurait voulu être nommé à la tête de la Reserve Federale, un poste que remporta finalement Ben Bernanke.

Surtout il semble avoir eu des divergences avec Obama puisqu'il a déclaré lors d'un dîner, à propos de la Maison blanche "Nous sommes seuls à la maison. Il n'y a pas d'adulte, Clinton n'aurait pas fait toutes ces erreurs."

Pour sa réforme de la santé, Obama a du aussi longuement peiner et accepter des coupes sombres dans le projet afin de le faire passer face à une opposition féroce, au point selon les critiques, de vider cette réforme de la majeure partie de sa substance. L'occasion pour Obama de découvrir qu'il  n'avait pas le pouvoir qu'il croyait détenir.

Dès sa première année au pouvoir, Obama a été vu dans un sondage Gallup publié le 25 janvier 2010 comme le Président le plus partisan de l'histoire, très loin de sa volonté initiale d'apparaître comme au dessus des partis.

Et lors de la préparation du budget 2011, Obama a du accepter aussi de renoncer à un certain nombre de promesses de campagne, comme le programme spatial Ares qui devait permettre à la Nasa de renvoyer des astronautes sur la Lune en 2020.

Et dans son parapheur rempli de notes, comme chaque soir, en février 2010, Obama trouva une lettre de Ginger, une électrice républicaine, qui avait voté pour lui : "Vous n'êtes pas le Président que je pensais que vous seriez. Je pensais que vous seriez un leader comme Martin Luther King ou John Kennedy."

La dure réalité de Washington a en effet étouffé les ambitieux projets d'Obama qui a du composer avec la crise, et la politique politicienne qui règne à Washington. Même si l'on considère qu'il a sauvé l'économie américaine de la récession, changé le système de santé et partiellement réformé Wall Street, cela pourrait lui coûter sa réélection cette année disent certains de ses supporters.

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