Pour se débarrasser du stress, les militaires du monde entier ont recours à des méthodes pour le moins insolites<!-- --> | Atlantico.fr
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Des soldats sud-coréens positionnés à la frontière avec l'ennemi voisin nord-coréen ont dansé en public une partie du Lac des Cygnes de Tchaïkovski.
Des soldats sud-coréens positionnés à la frontière avec l'ennemi voisin nord-coréen ont dansé en public une partie du Lac des Cygnes de Tchaïkovski.
©Pixabay

Stress post-traumatique

Les militaires, de qui l'on exige une constante vigilance, sont particulièrement exposés au stress et peuvent conserver des séquelles psychiques des situations d'urgence auxquelles ils sont confrontés. Afin d'éviter le burn out, ils bénéficient de thérapies particulières.

C'est l'un des grands maux du 21ème siècle : le stress. A priori anodin, cet état de nervosité est depuis quelques années davantage pris au sérieux par les médecins et psychologues. Il est partout : stress au travail, stress après accouchement, après accident de la route… Et iconduit à des phobies qui peuvent être dévastatrices.

Depuis les attentats récents, nos policiers et militaires sont particulièrement touchés par le stress en raison de la vigilance de tous les instants qu'ils doivent adopter avec le plan Vigipirate, mais également par un stress plus violent encore : le stress-post traumatique. Confrontés à des visions de chaos et de mort, les autorités comme les survivants de ces attaques subissent ces assauts, ancrés dans leur mémoire, encore plusieurs mois après les faits. Cauchemars, sautes d'humeur, dépressions sont légion.

Cours de danse

Si des numéros verts et des cellules psychologiques sont mis en place et que de nouvelles médecines anti-stress comme l'acupuncture, l'hypnothérapie ou la sophrologie se développent, certaines solutions alternatives sont proposées, notamment aux soldats de retour d'une zone de conflit. Et certaines sont pour le moins insolites.

C'est le cas notamment des soldats sud-coréens positionnés à la frontière avec l'ennemi voisin nord-coréen, dans la zone coréenne démilitarisée. Pour les aider à gérer leur stress face à cette menace constante, la danseuse Lee Hyang-Jo du Ballet national de Corée dispense des cours de ballet auprès d'une quinzaine de militaires, rapporte Reuters. Dans cette vidéo, relayée par le site Quartz, un soldat vante les mérites de cette pratique : "Il y a beaucoup de tensions ici puisque nous sommes sur le front, ce qui me fait sentir en insécurité. Mais avec le ballet, je suis capable de rester calme et de trouver un équilibre, d'établir des amitiés avec mes camarades militaires". Pour l'anecdote, cette unité a dansé en public une partie du Lac des Cygnes de Tchaïkovski.

Art-thérapie

L'art, en général, est un domaine efficace pour guérir le stress post-traumatique. Au Centre médical militaire national Walter-Reed, dans le Maryland (Etats-Unis), l'art-thérapeute Melissa Walker invite les vétérans d'Irak et d'Afghanistan à exprimer leurs souffrances à coups de pinceau, en peignant des masques aux visages torturés. Souvent, ces militaires peignent des crânes pour représenter la mort, des bouches cousues pour exprimer leur incapacité à s'exprimer, et des cicatrices pour indiquer les séquelles dont ils souffrent. Encore une fois, une activité que l'on n'associerait pas vraiment avec les forces armées, que les clichés ramènent plutôt aux blagues machistes et aux salles de musculation. Et pourtant : "Je pensais que c'était une blague. Je ne voulais pas en entendre parler car, premièrement, je suis un homme et je ne me voyais pas faire des dessins avec un petit pinceau. Deuxièmement, je ne suis pas un artiste, et troisièmement, nous ne sommes pas au jardin d'enfant. Eh bien j'étais idiot et j'avais tort, parce que c'est super. Je pense que c'est ce qui, d'une certaine manière, m'a poussé à m'ouvrir, à parler de mes difficultés et à essayer de m'en sortir, vraiment", raconte le sergent Hopman, interrogé par l'organisation Libre Expression.

Réalité virtuelle et animaux

Pour d'autres, c'est la technologie qui les aide à surmonter leurs craintes. Le docteur Eric Malbos du centre hospitalier universitaire de la Conception à Marseille se sert de la réalité virtuelle pour guérir ses patients. S'il utilise déjà ces casques qui recréent un environnement virtuel à 360° pour vaincre la peur du vide ou encore le tabagisme, sa méthode pourrait même venir en aide aux vétérans français de la guerre d'Afghanistan, en recréant le champ de bataille d'où viennent ces phobies.

Les animaux sont également d'excellents moyens de se sortir de ces souffrances. Depuis deux ans, à Metz, des militaires peuvent profiter de séances d'équithérapie. Ces victimes de stress post-traumatique sont amenées à choisir un cheval, et à le choyer. En effet, ces animaux renvoient les militaires à leurs propres angoisses. Tactile, chaleureux, symbole de force, mais également craintif et imprévisible, le cheval "amène le patient à ressentir des émotions avec lui, et cela le fait travailler sur son traumatisme" car "pour être bien avec son cheval, il faut être bien avec soi-même", expliquait en 2014 Anne-Laure Lannois, infirmière à l'hôpital militaire Legouest de Metz à Sciences et Avenir. Au Canada, l'association Wounded Warriors Canada jumèle des chiens à des vétérans, afin d'apaiser ces derniers. En effet, un nombre croissant de recherches montrent que les personnes souffrant de stress post-traumatique s'attachent à l'animal qu'on leur attribue et que ce lien diminue leur anxiété. Même thérapie aux Etats-Unis, mais avec des loups cette fois ! L'initiative Warriors and Wolves invite les soldats à passer un peu de temps en pleine nature avec des loups, afin d'effacer peu à peu leurs souvenirs douloureux.

Enfin, le sport peut également être une solution à ce stress. La pêche à la mouche et le surf sont utilisés pour venir à bout de ces souffrances psychiques en vivant des émotions positives.

Ces thérapies sont en tout cas loin d'être inutiles, quand on sait que rien qu'en 2014, aux Etats-Unis, vingt-deux vétérans se suicidaient chaque jour à cause de cette souffrance invisible mais bien réelle.

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