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Les pilules amères de François-rien-ne-me-touche-Hollande
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Mais dans quel monde vit-il ?

François Hollande, tout aussi calculateur ou résilient qu'il puisse supposément être, n'en reste pas moins confronté à des échecs successifs depuis le début de son mandat. Politiques comme personnels, ils sont peut-être une piste d'explication à l'attitude du président de la République.

Marc Molk

Marc Molk

Marc Molk est écrivain et peintre. Il a suivi une des études littéraires, hypokhâgne et khâgne, et est l'auteur de nombreux ouvrages.

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Au cœur de la débâcle dramatique de cette fin de quinquennat, j'entends parfois louer l'incroyable sang-froid de François Hollande, son hypothétique machiavélisme ou sa capacité surhumaine au détachement. Soit. 

Hélas, ce n'est pas mon sentiment.

Pour l'avoir à de multiples occasions observé sans l'écouter (puisqu'il ne dit quasiment rien d'intelligible la plupart du temps, occupé qu'il est à revenir de façon floue sur le tiers de ce qu'il a affirmé la veille, contredisant en cela presque toujours la moitié de ce que son premier ministre a fait semblant d'annoncer sur les grandes ondes dans la matinée), pour l'avoir à de multiples occasions observé donc, je lui trouve un air que je reconnais l'ayant déjà croisé, et cet air est celui d'un désespéré sous anxiolytiques, tout bêtement.

Il sourit sans joie, son regard vagabonde absurdement, il récite les mots qui sortent de sa bouche, il parle et il bouge au ralenti, son élocution est stéréotypée et ses intonations comiques, ses phrases n'en sont plus vraiment. On pourrait s'agacer qu'il s'adresse en permanence aux Français comme à des enfants mais je crois pour ma part qu'il fait ce qu'il peut pour s'exprimer basiquement étant donné la dose de Tranxene ou autre Xanax qui doit couler dans son sang.

Affirmer "Ça va mieux pour la France", voilà une déclaration qui a fait sourire tristement à peu près tout le monde, avec des bouches tordues de gêne, de honte même dans son camp, ou d'exaspération partout ailleurs. A été ressenti à cette occasion, jusque dans les plus petites villes guyanaises d'orpailleurs clandestins, un saut qualitatif dans l'ordre du déni. Mais a-t-on mesuré qu'il ne s'agissait peut-être pas d'une affligeante saillie de communication en vue d'une prochaine candidature à l'élection présidentielle ? Quelqu'un s'est-il seulement posé sérieusement la question du trouble psychiatrique ? Suis-je le seul à envisager un authentique décrochage mental du chef de nos armées ? Et sinon - au fait - qui est chargé de veiller à cette question ?

Je m'interroge. On se souvient du docteur Gubler, qui cacha durant des années l'état de santé de François Mitterrand. On cria les grands Dieux que cela ne se reproduirait plus, car être dirigé par un président dont le discernement est troublé par des douleurs extrêmes et des médicaments puissants, avalés par bols entiers, pourrait avoir de terribles conséquences. 

Le déclin de Jacques Chirac, dont personne n'est en mesure de fixer le début exact, a ralenti son deuxième mandat à un point incroyable dans la dernière année. Mais le peuple français est indulgent, il est patient, il a attendu avec une certaine élégance le départ sans vague d'un président qui avait les manières et le bronzage d'un touriste étrange mais sympathique. 

Nicolas Sarkozy faisait du jogging, et malgré son agitation affolante, on pensait avoir renoué avec du président rasé de frais, dynamique, en bonne santé. Il y avait bien ces drôles de bouffées qui le faisaient devenir tout rouge, et très méchant en petit comité dit-on, mais après tout, il avait l'air vivant. Il prit cependant suffisamment de décisions catastrophiques pour qu'une majorité de Français se mettent à regretter qu'il ne soit pas lymphatique, myopathe ou atteint d'une forme tout particulièrement invalidante de mucoviscidose. N'importe quoi qui l'immobiliserait en attendant le suivant.

François Hollande est arrivé, sans se presser, et l'on s'est félicité de son allure débonnaire. Certains même allant jusqu'à assimiler son étrange maniement de la langue, tout entier fait de redoublements incorrects du sujet et de scansions inutiles au service d'une éloquence sans feu, à un genre de coolitude New Look au fond appréciable. Ni arthriteux, n'ayant pas même le nez qui mouche, pas trop nerveux, écartant ainsi les risques d'accidents vasculaires cérébraux, il semblait apte. La perle rare. Las, le président normal des débuts s'est mué progressivement en président aboulique. À force d'épreuves, de régimes et de mauvais sondages, il est tombé malade, comme les autres. C'est une malédiction.

Qui, quel corps sans âme, quel robot venu d'ailleurs, quel être humain même robuste, pourrait sans broncher, sans craquer, sans pleurer, encaisser ce qu'a encaissé François Hollande ces dernières années ? Je vous le dis mes amis : Personne. Personne sans l'aide de médicaments.

Personne n'est en mesure de rester debout ainsi après avoir été traîné dans la boue par son ancienne compagne dans toute la presse, je parle de presse internationale. Personne n'est en mesure de constater l'échec total de toutes ses politiques sans en concevoir un sentiment radical de faillite. Personne n'est en mesure d'être réduit à un rôle de figurant par une chancelière Allemande autocrate sans qu'une révolte intime inexprimable ne dissolve son moi profond.

Non, l'arrivisme ne protège pas de tout, surtout lorsqu'on est arrivé. Il n'existe pas de lune où François Hollande pourrait espérer grimper pour se distraire de son incurie. Il est obligé de regarder derrière lui. À moins de carburer aux cachetons, de se les enfiler comme des tic-tac, un habitant de cette planète ne peut assumer un tel désastre, continuer à sourire, à mettre ses chaussettes, à parler dans le micro comme si de rien était. C'est ma théorie.

Alors bien sûr, tout le monde s'en cogne de ma théorie. Elle vaut ce qu'elle vaut. Mais si je vous l'expose, c'est que nous n'avons pas, au moment où nous parlons, les moyens légaux de la vérifier. Notre président a peut-être la cervelle qui trempe dans plus de Valium que celle d'Elvis après son concert du 14 janvier 1973, on ne le saura jamais. Nous ne sommes pas un peuple très regardant. C'est tant pis pour nous. Il ne faudra pas s'étonner qu'il se représente avec moins de 10% d'opinions favorables. S'il est le seul à trouver le sommeil tandis que la France passe ses nuits debout, cela peut s'expliquer. Il ne fait pas preuve d'autisme politique, il est stone.

Enfin, je tiens à préciser que si je suis curieux d'une évaluation psychiatrique du Président, d'un bilan sanguin, si je veux être certain, après moultes comportements et déclarations étranges, que son esprit n'est pas altéré par des drogues, même légales, c'est autant pour le pays que pour la personne même de François Hollande. Il n'est rien de pire que les naufrages inaperçus, solitaires, rien de pire que les effondrements silencieux. Nous serions tous coupables de laisser cet homme seul devant sa glace.

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