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JO 2016 de Rio : trois fois plus de préservatifs distribués aux athlètes pour éviter les pénuries des derniers Jeux (bon et sinon, ils vont courir aussi ?)
©Reuters

THE DAILY BEAST

Le Comité international olympique (CIO) fournira 450 000 préservatifs pour les 10 000 athlètes qu’accueillera le Village olympique de Rio. Sachez-le, on ne s'ennuie pas au village olympique entre deux compétitions.

Gabrielle Glaser

Gabrielle Glaser

Gabrielle Glaser est journaliste pour The Daily Beast.

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Copyright Daily Beast - Auteur Gabrielle Glaser (traduction Pauline Ratzé)

Dès l’annonce de la victoire de la candidature de Rio de Janeiro à l’organisation des Jeux Olympiques d’été 2016, les blagues ont fusé en imaginant les situations à venir lorsque tous ces corps parfaitement sculptés se rencontreraient au Village olympique. Pour le CIO, les effets voluptueux de Rio, la Cité merveilleuse, avec les courbes de son littoral, la proéminence de ses montagnes et ses habitants de toute corpulence, taille et âge faisant leur jogging en string sur les célèbres plages de la ville, allaient être si flagrants que l’organisation a commandé un nombre record de préservatifs.

En effet, elle a prévu 450 000 préservatifs pour les plus de 10 000 athlètes qui logeront au Village olympique. Selon le quotidien Folha de São Paulo, qui l’a révélé en mai, le CIO a prévu 350 000 préservatifs masculins, 100 000 préservatifs féminins et 175 000 doses de lubrifiant. Cela correspond à 42 camisinhas par athlète. (Littéralement, le mot désignant un préservatif en argot brésilien signifie "petit t-shirt").

"Nous considérons que cela est suffisant pour encourager les athlètes à avoir des relations sexuelles protégées lors de leur séjour au Brésil pour les Jeux Olympiques", a expliqué le CIO à la Folha. Les relations sexuelles entre de superbes athlètes à l’apogée de leur forme physique ne sont ni surprenantes ni nouvelles. Le Village olympique, composé d’appartements, de maisons, de salons de coiffure, de barbiers, de restaurants et de boîtes de nuit, est loin de respirer la pudeur. Conscients des forces fondamentales de la nature, les autorités olympiques ont commencé à distribuer gratuitement des préservatifs en 1988, à Séoul. À l’époque, apparemment, les attentes étaient faibles de toutes parts : il n'y en avait que 8 500. Toutefois, l’ambiance s’est réchauffée au cours des Jeux suivants : à Sydney, en 2000, il avait fallu se presser d’ajouter 20 000 préservatifs aux 70 000 initialement prévus, épuisés en milieu de manifestation. Cette année, il semblerait que le CIO ne souhaite pas prendre le moindre risque. En effet, le virus Zika, véhiculé par les moustiques et devenu épidémique au Brésil, peut provoquer chez les adultes des symptômes bénins proches de ceux de la grippe. En revanche, ses effets sur le fœtus en cas de transmission en début de grossesse peuvent être dévastateurs. De nombreux bébés exposés au virus in utero sont nés souffrant de microcéphalie, ou de têtes anormalement petites, et de retards dans le développement.

L’équipe australienne sera particulièrement équipée puisque ses athlètes recevront des préservatifs spéciaux avec protection antivirale qui pourraient leur offrir un niveau de protection supplémentaire contre Zika. Des scientifiques ont confirmé que le virus Zika est sexuellement transmissible. Des doutes subsistent quant à la durée pendant laquelle une personne infectée reste contagieuse, mais il semblerait qu’elle soit de plusieurs semaines. Il se peut que ce soit la raison ayant motivé le CIO à tripler le nombre de préservatifs distribués, 150 000 à Londres en 2012, où chaque athlète en recevait 15 pour les Jeux qui duraient 17 jours. La couverture des événements sportifs était presque passée au second plan, comparée à celle des activités des athlètes hors compétition, et les tabloïds se battaient à coups de titres accrocheurs : par exemple "L’appli gay Grindr bloquée après l’arrivée des athlètes à Londres" pour The Mirror, "Londres 2012 : les JO les plus impudiques ?" pour The Daily Mail ou "Village olympique : travail ou plaisir ?" pour CBS. Même en pleine neige à Sotchi, en 2014, la température est montée. La snowboardeuse américaine Jamie Anderson avait raconté au magazine Us que les athlètes utilisaient abondamment les applications de rencontre : "Au Village olympique, Tinder, c’est un tout autre niveau. Il n’y a que des athlètes ! C’est super drôle. Il y a quelques très beaux mecs ici". Elle a fini par s’imposer des limites : "J’ai dû me rendre à l’évidence que c’était trop distrayant", a-t-elle expliqué à Us à propos de Tinder. "J’ai supprimé mon compte pour me concentrer sur la compétition". Il semblerait que cela ait porté ses fruits puisque Jamie Anderson a remporté une médaille d’or.

Les athlètes n’hésitent pas à discuter de leurs prouesses hors compétition. En 2000, Josh Lakatos, athlète américain de tir sportif, avait décidé de rester à Sydney après la fin de la compétition de tir et convaincu une femme de chambre de le laisser occuper sa chambre seul (la plupart des athlètes partagent leur chambre). Il n’était pas le seul, selon ESPN. Ce fut aussi le cas des membres de l’équipe américaine d’athlétisme. "Le lendemain, je le jure devant Dieu, l’équipe entière du relais 4x100 m d’un pays scandinave est sortie de la maison, suivie par des garçons de notre équipe", a confié Josh Lakatos à ESPN. "Je me suis souvenu qu’on avait regardé ces filles courir la nuit précédente". Les huit jours suivants, Josh Lakatos a observé, stupéfait, les allées et venues des athlètes des deux sexes dans son complexe, surnommé "La Maison du Tireur". Tout le monde avait les poches pleines de préservatifs distribués à la clinique du village olympique. "Je dirige un bordel dans le Village olympique !", s’est exclamé Josh Lakatos à la chaîne. "Je n’ai jamais vu une telle débauche de toute ma vie. Ces festivités annexes à l’événement olympique enterrent l’idée que les ébats sexuels pourraient affecter les performances des athlètes".

"C’est un mythe", déclare le Dr Michael Joyner, médecin sportif à la Mayo Clinic à Rochester, dans le Minnesota. Il existe plusieurs versions pour expliquer comment cette idée s’est implantée. L’une d’elles retrace l’origine de l’interdiction de l’activité sexuelle à de tristement célèbres bacchanales précédant les compétitions auxquelles auraient participé des joueurs de football dans les années 1970 et 1980, raconte le Dr Antonio Nóbrega, médecin sportif à la Federal Fluminense University de Niterói, une banlieue de Rio. "Ils avaient passé la nuit dehors, à avoir des rapports sexuels, à danser et à boire, jusqu’à 8 h du matin", raconte-t-il. "Ils sont rentrés à l’hôtel complètement épuisés, ont dormi quelques heures avant leur match. Ça affecte les performances physiques. Mais, ils étaient dehors à avoir des rapports sexuelles, à boire, sûrement à consommer des drogues et d’une manière ou d’une autre, tout le monde met la faute sur le sexe". "Mais, soyons réalistes, a-t-il ajouté, l’acte sexuel est une activité physique de courte durée, 20 à 30 minutes. L’effort physique correspond à celui d’un court jogging. Nous parlons de personnes au top de leur forme, qui gagnent leur vie en faisant de l’exercice. Elles savent ce qu’elles font". Il marque une pause et ajoute : "Tant mieux pour eux !"

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