Y a-t-il un candidat dans la salle capable de représenter la France de ceux qui entreprennent ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les entrepreneurs, négligés par les candidats à la présidentielle ?
Les entrepreneurs, négligés par les candidats à la présidentielle ?
©Reuters

"Et nous alors ?"

La campagne pour l'élection présidentielle est lancée, les candidats commencent à évoquer leurs futurs programmes. Pourtant s'il est beaucoup question d'économie, peu de mesures sont proposées en faveur des entrepreneurs, pourtant créateur de richesses.

Leonidas Kalogeropoulos

Leonidas Kalogeropoulos

 

Léonidas Kalogeropoulos est Président du Cabinet de lobbying Médiation & Arguments qui défend la liberté d’entreprendre, l’innovation, le pluralisme et la concurrence dans les domaines de l’audiovisuel, des télécoms, du sport, d’Internet, de l’énergie, de la presse…
 
Il est le fondateur du site libertedentreprendre.com, qui milite pour l’inscription de liberté d’entreprendre dans la Constitution française et est Vice-Président du mouvement patronal Ethic. Il est également le porte-parole du collectif David contre Goliath, lanceur d'alertes concurrentielles

 

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La campagne ne fait certes que commencer, mais les entrepreneurs s’y sentent déjà orphelins, tant les discours qui se succèdent, pourtant tous centrés sur l’économie, ne font aucune place aux créateurs de ces richesses que chacun veut redistribuer au gré de ses priorités.

Ces discours de tous bords sur les emplois que va créer l’Etat, sur les industries que l’on va faire revenir en France au forceps, sur la croissance que l’on ferait repartir en favorisant "les classes moyennes qui consomment", ont quelque chose de surréaliste pour les millions d’entrepreneurs qui se battent tous les jours avec la réalité.

Ne serait-il pas temps que les candidats veuillent bien prêter attention aux difficultés auxquelles les entrepreneurs se heurtent au quotidien, afin de trouver des parades aux obstacles qui les détournent de leur mission d’intérêt général, celle de créer ces fameuses richesses qui vont permettre de combler nos déficits, de créer des emplois et de redonner son dynamisme et son enthousiasme à notre pays.

Pour les entrepreneurs, le quotidien est ponctué de ces milliers de chicaneries caractéristiques d’une culture qui tourne le dos au dynamisme, à l’audace et à la prise de risque. Ces valeurs entrepreneuriales rencontrent partout des obstacles structurels dont l’inventaire est infini.

Ce sont pourtant des réalités concrètes : cela passe par l’obligation de fermer le dimanche pour des magasins, malgré les salariés et les clients qui y trouvaient leur compte, parce qu’il se trouve toujours une organisation pour introduire un recours sur des bases juridiques que les tribunaux s’empresseront d’appliquer, malgré les pertes d’emplois qui s’en suivront. Qui proposera dans la campagne que lorsque l’on est capable de démontrer que des emplois sont créés, la vertu économique devrait l’emporter sur l’application rigoriste du carcan de textes qui engoncent l’activité économique de notre pays?

Qui a évoqué les rigidités concurrentielles d’un autre temps qui freinent l’innovation dans notre pays, face à des administrations qui produisent des normes ou des règlements destinés protéger de grands groupes installés, au mépris des milliers d’emplois que pourraient créer de jeunes pousses innovantes ?

Démission du pouvoir politique

Tous les scandales qui finissent par percer devant l’Autorité de la concurrence après des années de lutte acharnée d’entrepreneurs héroïques, représentent autant de démissions du pouvoir politique, toujours alerté, mais qui préfère laisser les juridictions trancher après des années de procédure, s’abritant à l’ombre de grands groupes ou de corporations, plutôt que de parier sur les fleurons et les innovation de demain. On se prend à rêver d’un grand programme de décloisonnement de l’économie, à l’image de celui adopté par l’Italie, débridant la croissance par un pari national sur les vertus de la concurrence, encourageant la prise de risque des entrepreneurs de demain, plutôt que la frileuse protection des rentes du passé.

Quand entendra-t-on un candidat évoquer ces lettres recommandées en cascades reçues de l’inspection du travail, avec menaces d’amendes à l’appui, parce que tel seuil de salariés a été dépassé, que les locaux doivent en conséquence être équipés de vestiaires sécurisés (sic !), ce qu’aucun salarié n’a jamais réclamé, imposant de paralyser l’entreprise pour reconfigurer des locaux, pour satisfaire l’exigence obsessionnelle et juridiquement fondée d’une administration qui a droit de vie et de mort sur l’entreprise, et qui échappe à toute autorité hiérarchique ? Qui inscrira dans son programme qu’aucune administration ne pourra imposer l’application d’une mesure sans donner à l’entreprise au moins un an pour se mettre en conformité avec un texte lorsqu’aucune urgence d’ordre public n’est en jeu, afin d’éviter que l’entrepreneur ne soit à la merci de potentats qui viennent le détourner de ses priorités, alors qu’il a des marchés à décrocher et des clients à satisfaire pour faire progresser sa boite ?

Plutôt que d’égrainer la litanie des exemples, ces correctifs pourraient s’inscrire dans le contexte plus général d’une mise à l’honneur des vertus de l’esprit d’entreprise et de la prise de risques économiques.

Les Français ont évolué dans leur perception des entrepreneurs, avec la réforme la plus déterminante du quinquennat qui s’achève, et qui a été celle des auto-entrepreneurs. Avec ce potentiel qui s’est ouvert à eux, les Français ont compris que l’entrepreneur n’était pas seulement un obscur patron, figure décriée qui passe pour être un exploiteur, mais que ce pouvait être aussi eux-mêmes, s’ils se laissaient guider par leur esprit d’entreprise, par la volonté de prendre des risques et des responsabilités et par la fierté de ne vouloir compter que sur eux-mêmes.

Liberté d'entreprendre

Si ces valeurs qui irriguent depuis peu la société française, portées par ce million d’auto-entrepreneurs qui sont autant d’ambassadeurs d’un sens de l’initiative retrouvé, étaient rassemblées comme l’étendard politique d’un candidat, on pourrait espérer que l’on propose d’inscrire la liberté d’entreprendre dans notre Constitution, d’où elle est cruellement absente. Il pourrait alors figurer dans notre texte fondamental que toute l’organisation de la société, au plan de son éducation, de ses institutions, de son économie, de son droit, de sa fiscalité, doit être entièrement tournée vers l’objectif d’encourager l’éclosion, la multiplication et le développement des entreprises.

Alors, les entrepreneurs pourraient espérer que soit inauguré un nouvel environnement politique et juridique, dans le cadre duquel les leviers existeraient pour surmonter les obstacles quotidiens rencontrés face aux administrations, aux banquiers et aux textes ubuesques, permettant de se concentrer sur la production des richesses appelées à combler les déficits et à faire reculer les chiffres du chômage.

C’est un souffle nouveau qui irriguerait notre pays et sa vie politique, parce qu’il lui serait offert d’identifier le seul socle sur lequel il peut compter pour bâtir son avenir en ces temps de crise, celui des entrepreneurs, qui seuls pourront le sortir de l’impasse, après des décennies durant lesquelles la France n’aura compté que sur l’Etat. Et pourtant, malgré la crise des dettes souveraines, à entendre ces premières semaines de campagne, la foi dans l’Etat ne semble pas refluer, du moins dans la bouche des candidats, mais il n’est pas certain que les Français les croient encore.

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