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Les milieux d’affaires considèrent que les attentats vont encore bouleverser la situation économique…
©CGPME

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Après la terreur, et la mise en cause du gouvernement, les chefs d’entreprise considèrent que ce climat va encore perturber les perspectives économiques et bloquer une reprise qui s’annonçait.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les prévisions économiques n’étaient déjà pas extraordinaires, mais on espérait une reprise. L’attentat horrible du 14 juillet et la façon dont le gouvernement s’y prend pour le gérer va tout bloquer une fois de plus.Cette situation, portant des risques sur la sécurité des biens et des hommes, va encore perturber davantage la situation et les projets des acteurs de l'économie.

Pour trois raisons :

D’abord parce que nous sommes désormais au bord d une crise politique;

Ensuite parce que les investisseurs vont désormais retarder certains projets dans l’Hexagone;

Enfin parce que le Brexit ne va pas, sans ces conditions, entraîner beaucoup de transferts d'activités sur le continent considéré désormais comme trop risqué.

1° / La crise politique est désormais inéluctable. Les attentats de Charlie Hebdo, de l’Hyper Casher ou du Bataclan, avaient engendré une sorte d’union nationale, ou de concorde. Le président de la République avait réussi à fédérer une grande partie de l’opinion publique contre le terrorisme islamiste. Il avait réussi à faire passer l'idée que la France était en guerre et qu'il fallait se serrer les coudes.

Apres l’attentat de Nice, cette concorde a volé en éclat dès le lendemain du 14 juillet. Tout le monde a bien senti que cet attentat était trop horrible. Le nombre des victimes, le jour choisi, la fête du 14 juillet, la ville de Nice qui était un modèle de sécurité. Tout a contribué à faire de cette catastrophe la catastrophe de trop. Du coup, les interrogations sur les responsabilités se sont multipliées et ont visé directement l’exécutif, à commencer par le président de la République lui même qui se targuait à la télévision du retour au calme et annonçait la levée de l’état d’urgence.

Tous les leaders de l'opposition, en premier lieu Nicolas Sarkozy, sont montés au créneau pour critiquer les dispositifs sécuritaires mis en place par Hollande, Valls et Cazeneuve. 

Sur la gauche, on est discret et gêné. Tout le monde sait que c’est la gauche elle-même, qui, pour des raisons idéologiques stupides et archaïques, a empêché le gouvernement d'entreprendre le nettoyage des prisons françaises, d'empêcher aussi l’instauration d'un "Patriot Act" à la française sur le modèle de celui qui avait été mis en place aux Etats-Unis.

Ce climat montre à l'évidence que le président n'a plus aucune autorité pour gérer une situation de crise aussi grave, et que l'on va entrer en guérilla politique permanente.

La gauche de la gauche ne va pas se manifester, elle n’a rien à dire qui puisse répondre à l’ampleur du problème. Elle est gelée dans ses préjugés. En revanche, les courants socio-démocrates vont se libérer. Emmanuel Macron, qui cherchait à quitter le gouvernement, est certes obligé d’attendre la rentrée. Mais ça ne change rien à sa détermination. Normalement, son départ est programmé par ses équipes pour la fin septembre, juste après la présentation de la loi de finances  

Tout cela fait que le gouvernement ne va plus strictement rien faire avant les élections présidentielles. Impossible. Il est paralysé. La loi de finances, qui sera présentée fin septembre, sera le dernier texte sans signification puisqu‘il sera forcement corrigé par le successeur.

Dans ce cas-là, la vie politique va se transformer en pur spectacle électoral ou en combat de chefs. Pendant ces périodes, la spéculation financière va bon train, mais les investissements, les projets et l’activité sont déjà figés.

2°/ Les investisseurs français et étrangers considèrent que les conditions de sécurité ne sont plus garanties en France. A partir du moment où le terrorisme utilise un camion fou ou des voitures piégées, tout peut arriver, partout et n'importe quand. Plus grave, on n'est même plus dans le terrorisme islamiste, on est dans un climat anarchiste dont les actes violents sont récupérés et transcendés par Daesch. Il existe en France des milliers de terroristes en puissance, qui peuvent, parce qu’ils considèrent avoir raté leur vie, essayer de réussir leur mort en provoquant un carnage, parce qu’on va leur dire qu’ainsi, ils s'achèteront la paix divine.

Les lieux publics, la rue, les marchés, les entreprises, les plages, les théâtres, les églises, tout peut être une cible potentielle. Exactement comme en Israël il y a quelques années, ou au Liban.

3°/ Le Brexit va provoquer un impact qui va s'ajouter à celui des attentats. D’abord, la fermeture relative du marché britannique va ralentir les exportations vers le Royaume-Uni. Mais l'incertitude des négociations à venir va créer une volatilité plus élevée sur les marchés financiers. L'industrie financière vit de cette spéculation, mais les investisseurs en pâtissent.

En bref, si on prend toutes les études réalisées par le FMI, l’OCDE, et les agences de notation, le tableau de bord de l'économie française n’est pas brillant.

Le déficit budgétaire ne descendra pas en dessous des 3%, et la dette passera le cap des 100% du PIB pour 2017.

Côté croissance, on devrait plafonner à 1,2% /1, 3% en 2017. Aucune raison que la performance soit meilleure.

Tout cela signifie qu’il ne faut pas compter sur un transfert d’activités en provenances du Royaume-Unis. Si des industries (dans la finance ou la pharmacie par exemple) quittent la Grande-Bretagne, elles choisiront des pays en Europe plus cléments sur le plan fiscal, plus souples sur le plan administratif et plus sécurisés sur le plan de l’ordre public. 

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