Lutter contre la délinquance des mineurs, une priorité pour 2012<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Lutter contre la délinquance des mineurs, une priorité pour 2012
©

Un défi à relever

De plus en plus jeune, de plus en plus violente : la délinquance des mineurs change de visage. Si les solutions miracles n'existent pas, Mohamed Douhane, fort de sa longue expérience de terrain, livre une réflexion dans "La délinquance des mineurs". Extraits (2/2).

Mohamed Douhane

Mohamed Douhane

Mohamed Douhane est commandant de police, Secrétaire national du syndicat Synergie officiers et enseignant-conférencier en management de la sécurité et de la gestion de crise.


Voir la bio »

La lutte contre la délinquance des mineurs se heurte chaque jour à des obstacles qui compromettent son efficacité. L’échec est là, retentissant, il est temps de le reconnaître. La prolifération des beaux discours, des rapports d’experts, des lois, souvent inappliquées, dissimule bien mal cette réalité. Oui, notre société est victime d’une violence qui ne cesse de progresser, en perpétuelle mutation, entraînant dans son infernale spirale des mineurs toujours plus jeunes.

Alors, que faire ? Tout d’abord, refuser sans réserve la fatalité, car cette violence est inacceptable dans notre République. Il nous faut aussi admettre que les inégalités sociales, les frustrations et l’échec scolaire ne se combattent jamais par la victimisation, le misérabilisme ou la violence, mais uniquement par le travail, l’effort et strict respect de la loi. Si tout individu a des droits, il convient de lui rappeler avec force ses devoirs envers la société. Et n’oublions pas que les premières victimes de la délinquance des mineurs sont les personnes les plus pauvres, les plus fragiles, les plus vulnérables, bref, tous ceux que la vie accable déjà.

La société française a changé. Elle est aujourd’hui plus inégalitaire, plus fragile et plus diversifiée. Ces transformations affectent aussi les mineurs : bon nombre de Français conviendront que ceux de la « cuvée 2012 » ont considérablement évolué par rapport à leurs prédécesseurs. La délinquance est bien plus violente et touche davantage de jeunes qu’en 1945. (…)

Ensuite, il faut avoir l’honnêteté de reconnaître qu’en matière de lutte contre la délinquance, les recettes miracles n’existeront hélas jamais. Les mesures courageuses qui pourraient être prises ne produiront leurs effets que dans la durée, et les réponses policières et judiciaires, si elles sont essentielles, ne suffiront pas.

« Que fait la police ? » entend-on souvent de manière provocatrice. Pour qui écoute ce qui se dit dans les commissariats et les brigades de gendarmerie, il est aisé de constater que la lassitude et le doute l’emportent assez largement sur l’optimisme et l’espérance. La cause principale du malaise est connue. « Nous, on interpelle les voyous, eux, ils les remettent en liberté ! », clament fréquemment les policiers. « Eux », ce sont les magistrats, et plus particulièrement les juges des enfants. Mais ne les accablons pas de façon systématique. La justice des mineurs est aussi en attente de moyens supplémentaires. Est-il normal que notre pays consacre aujourd’hui deux fois moins de budget pour sa justice que nos voisins allemands ou encore anglais ?

Il convient également de soulever la question de la durée des peines pour les mineurs délinquants. La quasi-totalité d’entre eux, des récidivistes le plus souvent, sont incarcérés pour des peines de moins de trois mois. Cela a-t-il un sens sur le plan de l’éducation et du suivi social ? J’en doute. Surtout lorsqu’on sait que dans la majorité des cas, au nom du « droit à l’oubli », le suivi effectué en prison ne fait l’objet d’aucune continuité lorsque le mineur se retrouve dehors, après avoir purgé sa peine. Voilà qui témoigne de l’incohérence du système judiciaire, souvent guidé par des stratégies à court terme.

Dans l’intérêt des mineurs concernés, il est donc impératif que des partenariats soient créés entre professionnels travaillant en milieu fermé (CEF et EPM) et leurs collègues exerçant en milieu ouvert. Cela est possible, il suffit de le vouloir, et d’en organiser les modalités !

Les Français ont peur. Peu importent leur origine et leur niveau socio-économique : la majorité d’entre eux plébiscite les valeurs d’autorité à chaque fois qu’ils sont interrogés sur les sujets qui touchent à leur sécurité. Dans les années à venir, l’une des principales missions de nos dirigeants consistera donc à rétablir prioritairement l’autorité dans la société française et, évidemment, la sécurité qui est au cœur du pacte républicain liant les citoyens à l’État.

Dans le domaine de la prévention de la délinquance, il est clair que le véritable défi sera de renforcer chaque maillon de la chaîne d’autorité : la famille en premier lieu mais aussi l’école, la police et la justice. Cela, nous le devons à nos enfants, car mineurs aujourd’hui, ils seront demain des citoyens qui n’aspireront qu’à une chose, vivre dans une société libre, sûre et apaisée.

__________________________

Extraits deLa délinquance des mineurs : Relever le défi, Bourin Editeur (19 janvier 2012)

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !