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Pour les réformes, c’est toujours "relâche" d’ici la fin du quinquennat
©REUTERS/Philippe Wojazer

Editorial

Après une parenthèse sportive, l'attentat perpétré à Nice ramène la France à la réalité de façon brutale. Pendant ce temps-là, l'économie de notre pays tourne en roue libre et le pouvoir en place fait l'impasse sur toutes les réformes nécessaires.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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L’attentat particulièrement odieux qui a frappé Nice dans la nuit du 14 Juillet vient de ramener brutalement à la réalité un pays qui venait de s’adonner aux joies de l’Euro 2016 et du Tour de France en s’imaginant qu’il pourrait prolonger pendant l’été la période de quiétude qu’il était en train de vivre. La conférence de presse de François Hollande était déjà oubliée par sa vacuité, le terre à terre de ses propos sur le statut de son coiffeur ou la zizanie sur les tréteaux entre son Premier ministre Manuel Valls et son ministre de l’Economie, sans parler des querelles intestines au sein du parti socialiste créant  un climat délétère propice à la démobilisation que l’on observe sur le plan économique.Car, à dix mois de l’échéance  électorale, l’impression prévaut qu’il n’y aura plus de nouvelle impulsion venant  du sommet. L’économie  fonctionne en roue libre, avec la crainte d’un ralentissement de la conjoncture mondiale et d’une crise en Grande-Bretagne à la suite du Brexit.

Le pouvoir fait l’impasse sur de nouvelles réformes, convaincu après le quasi échec de la loi El Khomri,  vidée de l’essentiel  de sa substance, de l’impossibilité d’obtenir le moindre changement du Parlement dans l’arsenal législatif surabondant et paralysant, alors qu’il avait promis simplification  et efficacité. Au demeurant, avec une certaine ingénuité, qui dissimule un immense orgueil, le chef de l’Etat a estimé que son élection, était à elle seule suffisante  pour que les  choses s’arrangent d’elles mêmes, comme si le départ de Nicolas Sarkozy était la solution de  tous les maux, justifiant ainsi le laxisme  qui a caractérisé son quinquennat, alors que les signaux se multiplient de tous bords pour inciter les responsables à renoncer au laissez aller et à suivre l’exemple de nos partenaires sur la voie du redressement.

Dernières en date, les recommandations formulées par un organisme rattaché à Matignon, France Stratégie, tirent la sonnette d’alarme.  Ce n’est pas parce que le niveau des taux d’intérêts anormalement bas sur le plan international permet à notre pays de contracter des emprunts sans payer de loyer de l’argent qu’il faut poursuivre une politique qui à terme, représente une accumulation de dettes sans précédent, mises à la charge des générations futures. La France n’a jamais profité depuis quarante ans des périodes favorables où elle aurait pu agir à contre-courant et a toujours poursuivi une politique de facilité à court terme. Les rares réformes amorcées se sont  révélées dispendieuses, comme celle des retraites ou encore la  nouvelle organisation régionale qui est  coûteuse. Et parallèlement, l’Etat ne cesse de réduire le nombre des contribuables soumis à l’impôt sur le revenu : rien que pour l’année 2015, 800 000 foyers nouveaux y ont échappé, ramenant les assujettis à 17 millions sur 37,4 millions de contribuables. Moins de la moitié des Français sont ainsi soumis à la dîme, ce qui rend toute réforme de plus en plus difficile à réaliser dès lors que ceux qui sont directement  concernés sont  de moins  en moins  nombreux, ce qui conduit à concentrer le poids de l’impôt sur une fraction de plus en  plus réduite de la population, avec la tentation pour les jeunes talents de partir sous des cieux fiscalement plus cléments.

Pendant le laps de temps qui reste d’ici la fin du quinquennat, l’opinion continuera d’être abreuvée de projets de réformes,  de solutions  miracles. Les joutes oratoires se multiplieront. Sceptiques, les Français savent qu’elles ne feront pas avancer les solutions tant qu’ils céderont au sentiment  de résignation qui les caractérise depuis si longtemps.  

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