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Les petits calculs d'un président pugnace, mais enfermé dans le court terme
©Reuters

Sans horizon

Le chef d'Etat donnait la dernière interview du 14 juillet de son quinquennat.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Pour son dernier 14 juillet du quinquennat, et défendre le bilan de son action à la tête de l'Etat, François Hollande aurait préféré une route plus dégagée que ce circuit encombré par les obstacles "coiffeur de l'Elysée " et le trublion Emmanuel Macron. Il aurait pu tenter de se débarrasser des deux avant ce rendez vous médiatique : en négociant la fin du contrat  grassement rémunéré du premier, et en congédiant le second pour "non respect des règles  du gouvernement " qu'il a définies : "solidarité, esprit d'équipe, défense du bilan, et être à plein temps dans sa tâche ".

Mais François  Hollande n'aime pas agir  sous la pression et veut choisir son heure. Aussi a-t-il préféré affronter ces obstacles pendant l'interview serrée de Gilles Bouleau et David Pujadas. Un genre auquel il est rompu après de longues années passées à la tête du PS, où il arrivait à venir à bout de tous les affrontements internes, mais qui montre ses limites lorsqu'il s'agit de défendre le bilan de son action à la tête de l'Etat à quelques mois de la fin de son mandat et que l'on s'apprête à en demander le renouvellement sauf accident majeur ? Demander qu'on " ne vienne pas le chercher" sur le salaire de son coiffeur au prétexte qu'il a réduit le budget de l'Elysée, ne tient pas. Quant aux règles de solidarité gouvernementale, il y a belle lurette que le ministre de l'Economie les ignore. Cependant, François Hollande veut être maitre de son horloge et ce 14 juillet ce n'était pas l'heure de la clarification mais de l'argumentation. Il voulait prendre les Français à témoin, rappeler la situation "dont il a hérité" en 2012, défendre les mesures prises en faveur de l'emploi à travers le CICE, voire la loi Travail qui lui coûte cher aujourd'hui auprès de l'électorat de gauche  qui se détourne de lui. A aucun moment il n'a eu de paroles désagréables contre ceux qui, à Gauche, critiquent cette action, mais a mis les Français en garde contre l'opposition de droite qui prône "une dislocation  des droits sociaux" et le Front national  avec lequel on aurait une" France qui se rabougrit".

En rappelant les mesures prises en matière de sécurité au lendemain des attentats, ainsi que les dépenses supplémentaires pour pallier la crise agricole , il justifie le dérapage en matière d'économies budgétaires (46 milliards au lieu des 50 promis). Se posant en protecteur de "la maison France qui est fragile, qui peut se lézarder " en mettant en garde contre le populisme, et en esquissant ce qui pourrait être le programme "d'un futur candidat social démocrate" qui lui ressemblerait beaucoup, et en reconnaissant que  "cinq ans c'est court pour redresser un pays", François Hollande a  posé les thèmes d'une campagne à venir. "Finir le travail", c'est en général l'argument des présidents américains qui sollicitent un deuxième mandat de quatre ans. Cinq ans c'est presque pareil.

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