L’élection présidentielle se jouera sur l’affectif plus que sur la bataille de chiffres<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
L’élection présidentielle se jouera sur l’affectif plus que sur la bataille de chiffres
©

EDITORIAL

Comme l'a montré le débat télévisé Hollande/Juppé de ce jeudi soir, le début de la campagne présidentielle tourne - crise oblige - avant tout autour des questions économiques. Mais les thèmes de société pourraient bien influer plus qu'on ne le croit sur l'élection à venir.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

Voir la bio »

La campagne électorale s’ouvre par une véritable bataille de chiffres. Les électeurs risquent de perdre pied très vite devant l’avalanche de propositions mises sur la table : TVA sociale, fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG, suppression du quotient familial, taxe sur les transactions financières, mise en place d’une TIPP flottante sur les prix du pétrole, financement de la « transition écologique » qui se traduira par une hausse des prix de l’énergie etc.

Autant de thèmes techniques très éloignés des préoccupations des contribuables, qui songent avant tout à leur pouvoir d’achat. Sur ce dernier point, les propositions témoignent d’un grand vide : l’augmentation des salaires, à commencer par ceux du bas de l’échelle, est devenue un sujet tabou sur lequel les principaux candidats se gardent bien de s’étendre au nom de la crise. Au total, les électeurs ont le sentiment d’assister à des querelles d’experts, où les politiques auraient renoncé à ouvrir un véritable débat de société sur les grandes options d’avenir, pour déléguer leurs pouvoirs à une armée de comptables chargés de présenter des options à court terme sous la vigilance étroite des agences de notation.

Bref,un cheminement très réducteur, peu propice à « réenchanter la France » comme le clame l’un des candidats, mais plutôt à entretenir une sourde angoisse dans une population prompte à se considérer comme la vache à lait d’un monde politique très éloigné de ses problèmes quotidiens.

Le chiffrage des programmes vise à donner une impression de sérieux. En l’absence de croissance économique, qui apporterait une marge de manœuvre, ils se bornent à annoncer des transferts comme s’il s’agissait d’un jeu à somme nulle, avec l’intention affichée de demander plus à ceux qui sont en haut de l’échelle, particuliers et entreprises, disposant aussi de plus d’atouts pour éloigner le couperet, qui finira par retomber sur les classes moyennes, les plus nombreuses.

Mais les grandes équations chiffrées qui se déversent sur les populations ont un autre défaut majeur. Elles prennent en compte une situation statique, alors que le monde est en mouvement permanent. Toutes les données économiques et financières se caractérisent aujourd’hui par une instabilité et des variations considérables. Les tensions géopolitiques maintiennent les prix du pétrole à un niveau élevé malgré le ralentissement de la conjoncture, mais les variations de l’euro, en fonction de l’évolution de la crise jouent un rôle tout aussi important pour le consommateur. En définitive, pour établir leur choix, les électeurs se détermineront sur des critères vieux comme le monde, où l’affectivité l’emportera sur la technicité dessolutionsproposées, qui le dépassent. En fonction de l’attrait individuel qu’exercent les candidats. Une notion où la psychologie est essentielle, car c’est sur elle que repose l’indispensable confiance qui détermine le vote.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !