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Vertigineux : les coûts cachés du programme de François Hollande
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Bis repetita

Suivant les traces de François Mitterrand, le candidat socialiste mise sur une croissance optimiste pour financer ses propositions. Au risque de creuser les déficits ?

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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60 engagements pour la France, 60% d’intentions de vote dans les sondages au deuxième tour des présidentielles : pour ces chiffres au moins, François Hollande ne manque pas de cohérence.

Pour le reste, dès lors qu’on refait ses calculs ou qu’on prend un peu de distance avec ses annonces, sa mauvaise foi apparait crûment. En réalité, François Hollande tire sur les vieilles ficelles de la manipulation laissées dans l’armoire socialiste par François Mitterrand. Sans doute voit-il dans ce recyclage la condition de son succès.

D’abord, ses calculs mirifiques de baisse de la part des dépenses publiques dans le PIB (de 56,3% en 2012 à 53,9% en 2017) et de réduction du déficit budgétaire à 3% dès 2013 sont fondés sur des prévisions économiques "vaudou". Ces miracles budgétaires postulent en effet que le taux de croissance, actuellement squelettique, remonterait dès 2014 à 2% puis peut-être même à 2,5% par an, sans doute pour saluer son action à la présidence de la République ! Evidemment, si une telle performance n’est pas au rendez-vous, toutes ses prévisions s’effondreront. C’est la répétition d’une tactique utilisée François Mitterrand en 1981 et l’origine des déboires de la France à cette époque. D’autant que François Hollande n’aura plus l’arme de la dévaluation pour tenter d’aider le secteur exportateur, contrairement à son prédécesseur socialiste.

Ensuite, si l'on regarde de près les chiffres prévisionnels de la pression fiscale, cette dernière passerait selon François Hollande de 45,1 en 2012 à 46,9% du PIB d’ici 2017. Mais, comme nous aurions également 2,19 % de croissance annuelle en moyenne, cette hausse signifie une augmentation massive du produit de l’impôt. Un accroissement de 1, 7 % de la part de la fiscalité dans un PIB lui-même en hausse capitalisée de plus de 10% sur 5 ans cache en effet bien plus que la simple suppression de 29 milliards d’euros de niches fiscales, une référence imprécise à l’abrogation du nouveau barème de l’ISF, une tranche d’imposition supplémentaire ou la réforme du quotient familial pour les 5 % des ménages les plus aisés. Sur le papier, le surcroît fiscal représenterait environ 14 % du PIB de 2012 en 2017 ! Bref, il y a un agenda fiscal secret dans le projet Hollande et il risque d’être saignant. D’autant que si la croissance n’est pas au rendez-vous, le coup de massue sera terrible pour des contribuables dont les revenus n’augmenteront pas par ailleurs. Mais tout cela est savamment dissimulé : un artifice mitterrandien à nouveau.

Je passerai sur les tours de prestidigitation au sujet des 60 000 emplois dans l’éducation, des 5 000 autres dans la justice et la police, des mesures en tout genre pour les Dom-Tom, la culture, les services d’urgence médicale, les hôpitaux, les retraites, les emplois dits d’avenir, l’accueil des enfants de moins de 3 ans en maternelle, les allocations d’études, la relance des opérations de renouvellement urbain, etc ; le tout sans coût et financement précisément évalués. D’autres que moi le feront abondamment. Je passerai également sur la transformation des banques en boucs-émissaires, à un moment où elles sont en difficulté et où leurs centaines de milliers d’employés sont menacés.

Mais j’insisterai sur une dimension de démagogie elle aussi très mitterrandienne qui concerne le logement et les collectivités locales. 

Si les derniers candidats socialistes aux élections présidentielles ont perdu, c’est notamment parce que leur parti les soutenait mollement ou même leur savonnait discrètement la planche. Et pourquoi ? Parce que le PS est un syndicat d’élus très tièdes à l’idée de payer l’impopularité de l’exercice des responsabilités nationales au moment des scrutins locaux. François Hollande a donc décidé de leur donner des gages comme feu « Tonton » savait si bien le faire. Le durcissement de la loi SRU pour augmenter le nombre des HLM et le droit de vote aux étrangers leur font miroiter la possibilité d’élargir leur clientèle électorale. L’extravagante possibilité donnée aux régions de prendre des participations dans le capital d’entreprises «stratégiques pour le développement local et la compétitivité de la France» ouvre une vraie boîte de Pandore avec un risque de détournement au bénéfice d’intérêts particuliers dissimulés dans la phraséologie socialiste. Enfin, le renoncement à la réforme territoriale garantit la perpétuation des rentes.

Les 60 engagements de Hollande ont, en vérité, un petit côté décalé et ringard car ils font penser aux 110 mesures promises par François Mitterrand en son temps : une rhétorique partageuse, des paris sur la croissance et des chiffres fumeux. Les questions brûlantes d’aujourd’hui sont noyées dans des formules incantatoires sur une très hypothétique capacité à faire bouger les Allemands sur l’organisation de l’Euroland. Ne reste que l’image sur fond de France profonde d’un candidat qui renvoie aux mirages de 1981. La France de Hollande est figée dans cette époque, dans ce passé qui ne parle plus qu’à un parti sans idée neuve.

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