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Temps de travail légal et réel, avantages sociaux... Et s'il était (grand) temps de réformer le statut de fonctionnaire ?
©Pixabay

Ça urge

D'après les conclusions d'un rapport du maire UDI de la ville de Sceaux, Philippe Laurent, le temps de travail des agents de la fonction publique se chiffre en moyenne à 1584 heures par an, soit moins que la durée légale du travail qui est de 1607 heures. Une réforme du statut du fonctionnaire semble indispensable.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Atlantico : Le rapport de Philippe Laurent sur la fonction publique est présenté lundi 27 juin au conseil de la fonction publique. Il montre des irrégularités flagrantes dans le temps de travail de la fonction publique. En quoi ce rapport est-il particulièrement alarmant ?

Erwan Le Noan : Le rapport est doublement inquiétant.

D’abord, parce qu’il intervient dans un contexte public particulier : celui de la "faillite" de l’Etat, comme l’avait relevé François Fillon quand il était Premier ministre. Dans cette situation financière, on devrait s’attendre à ce que les collectivités publiques soient exemplaires et fassent tout leur possible pour rétablir l’équilibre des finances publiques. Ce n’est manifestement pas le cas. En conséquence, au lieu de serrer la ceinture de l’Etat et autres institutions, on fait les poches des citoyens en augmentant les impôts tous azimuts.

Ensuite, parce que ces inefficiences ont un coût économique monstrueux pour la France. Les études donnent quelques chiffres et montrent que l’emploi public n’est pas optimal pour l’économie. Le FMI a estimé qu’un haut niveau d’emploi public a un impact très négatif sur l’emploi privé. Des économistes français (pas connus pour être des ultra-libéraux de droite) ont montré que "la création d’un emploi public détruit environ 1,5 emplois privé, augmente le nombre de chômeurs de 0,3". Pour rappel, en France, la fonction publique coûte 13% du PIB (et un tiers du budget de l’Etat), c’est énorme !

Les propositions de Philippe Laurent sont-elles à la hauteur de la situation critique dans laquelle se trouve notre fonction publique ? Quelles propositions vous semblent les plus intéressantes ? Lesquelles sont moins pertinentes ?

La plus intéressante des propositions de Philippe Laurent, c’est évidemment que les fonctionnaires réalisent en moyenne effectivement les 35 heures par semaines. C’est même un minimum !

Dans leur majorité, les fonctionnaires font certainement leur travail avec dévouement. Ce n’est pas évident d’être prof de ZEP à 27 ans, ce n’est pas facile d’être policier (surtout aujourd’hui !), c’est éprouvant d’être infirmière… Cela étant, il n’en reste pas moins que la fonction publique dans son ensemble doit gagner en efficacité. Ce n’est pas leur jeter la pierre que reconnaître que les fonctionnaires bénéficient aujourd’hui, en moyenne, de nombreux avantages : la retraite plus tôt (58 ans en moyenne contre 61 pour le privé), les salaires (environ 400 euros de plus), les vacances (l’écart peut monter jusqu’à 19 jours). Est-ce toujours justifié ? Est-ce efficace ? Des fonctionnaires qui travailleraient plus et seraient mieux alignés sur le secteur privé, ce serait aussi des gains pour la collectivité dans son ensemble.

Pour prolonger ce débat, il reste une vraie question : le statut de la fonction publique qui n’est plus justifié. Ce n’est pas qu’une pure question comptable : si on ne le révise pas rapidement, les collectivités locales vont mourir !

Agnès Verdier-Molinié (IFRAP) affirme que la seule solution pour véritablement réformer le statut de fonctionnaires est un référendum. Etes-vous d'accord ? Sinon, que proposeriez-vous ?

La position d’Agnès Verdier-Molinié est que pour emporter un vaste changement, il faut obtenir un vaste soutien de l’opinion publique et que celui-ci soit très clair. C’est tout à fait vrai. La piste du référendum est envisageable mais il me semble qu’il vaut mieux profiter de l’élection présidentielle pour qu’un candidat soit élu avec et sur un programme très clair de réforme de la fonction publique. C’est la méthode que nous avons recommandée, avec Matthieu Montjotin, dans une note récente pour la Fondapol.

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