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“Les médias véhiculent une image faussée du bilan de Sarkozy et la droite ne sait pas le défendre”
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Sar-K.O. ?

Nicolas Sarkozy au plus bas dans les sondages. Mais le journaliste Eric Brunet, auteur du livre "Pourquoi Sarko va gagner" n'en démord pas : le président de la République sera réélu.

Eric Brunet

Eric Brunet

Eric Brunet est l'auteur de l'Obsession gaulliste aux éditions Albin Michel (2017). Il présente Radio Brunet tous les jours sur RMC de 13 heures à 15 heures

Il a par ailleurs publié Etre de droite, un tabou français (Albin Michel, 2006) et Dans la tête d’un réac (Nil, 2010).

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Atlantico : Nicolas Sarkozy est en baisse dans les sondages. Le Parisien de mardi évoquait même sa "crédibilité perdue". Vous venez de publier l’ouvrage Pourquoi Sarko va gagner… Pensez-vous vraiment que le Président actuel a des chances d’être réélu ?

Eric Brunet : Pour ce qui est du sondage du Parisien, je pense qu’il y a surtout un tiers des Français qui ne s’est pas encore prononcé. Il est certain que l’UMP traverse un temps lourd et difficile dans sa campagne. Il y a eu d’une part le meeting de François Hollande dimanche au Bourget et d'autre part son programme qui va être dévoilé ce jeudi. Résultat : beaucoup de buzz, surtout que les médias sont un peu la courroie de transmission du Parti socialiste et ont tendance à vouloir lui amener le premier tour de l’élection présidentielle sur un plateau.

Par conséquent, Nicolas Sarkozy se trouve dans l’adversité, il n’est plus tellement audible. Il doit faire face à une interprétation de son quinquennat fumeuse. Les commentaires abordent toujours des  principes généraux : "Sarkozy divise les Français", "Sarkozy est le Président des riches". Tout ceci n’est pas du tout concret.

Certes, l’équipe de Nicolas Sarkozy est au plus bas, mais la campagne est un marathon. Il reste environ 90 jours avant l’élection : c’est très long à l’échelle de la campagne : 90 jours, c’est 90 accidents dans ce "story telling" politique. Il convient donc de ne pas tirer de conclusion définitive de ce temps fort. Il y en aura d’autres à gauche comme à droite.

Vous avez évoqué le meeting du Bourget de François Hollande, mais le sondage du Parisien  a été réalisé avant cet événement…

L’écran de fumée va se dissiper. Cette injustice qui est faite à Nicolas Sarkozy va être révélée aux Français. Je pense qu’il va y avoir un phénomène plus fort dans l’opinion qui va finir par se dire : "il a été injustement attaqué". Un peu comme Jacques Chirac en 1995 face à Edouard Balladur. On va se rendre compte que le petit qu’on a injustement martyrisé dans la cour de récré, c’est lui ! Il pourrait y avoir un mouvement d’empathie. D'un point de vue cynique, on pourrait même concevoir que ce n’est pas plus mal pour Nicolas Sarkozy qu’on parle aujourd’hui d’une baisse de moral.

Vous faites allusion à l’article du Monde de mardi qui indique que Nicolas Sarkozy songerait à quitter la politique s’il n’était pas réélu ?

Oui. Je ne suis pas de ceux qui disent qu’il ne l’a pas dit. C’est tout à fait possible. Je conçois qu’un candidat à l’élection présidentiel (même s'il n’est pas encore déclaré) soit démoralisé ou puisse avoir des coups de mou. Nicolas Sarkozy est quelqu’un d’assez passionnel, épidermique, qui sent les choses et a un rapport quasi sensuel à la politique. Il doit être humainement déçu et peut-être blessé que les médias répètent qu’il existe une fracture entre lui et le peuple, que les gens de son propre électorat ne veulent plus revoter pour lui.

J’en ai parlé avec lui lorsque je l’ai rencontré. Il m’a dit : "je ne regarde pas la télévision ni n’écoute la radio quand il s’agit de moi sur ces questions-là. Je ne peux pas regarder parce que ça me fait mal. Si je regardais, je n’avancerai pas". C’est quelqu’un qui a une certaine friabilité.

Cette friabilité que vous évoquez touche à sa personnalité. N’est-ce pas justement sa personnalité qui est condamnée, tout autant que son action ?

Ce qui est jugé aujourd’hui c’est surtout la construction en carton-pâte, le décorum qui a été mis en place par les médias. C’est une espèce de masque habillement confectionné par une presse qui essaye de servir de tremplin à François Hollande : c’est cet aspect de la personnalité de Nicolas Sarkozy que l’on juge. Quand vous entendez les Français dans les micros-trottoirs à la télévision ou les dirigeants politiques, vous vous rendez compte que le jugement qu’ils ont du bilan de Nicolas Sarkozy correspond à ce masque, ce trompe l’œil, cette ombre chinoise qui n’est ni le reflet du Président, ni le reflet de son action.

Je ne suis pas "sarkolâtre" mais je n’entends rien d’extrêmement concret sur son véritable bilan : on en reste toujours aux deux ou trois mesures symboles qui font partie de ce qu’on connait par cœur.

Vous confirmez donc le titre de votre livre : Sarko va gagner ?

Il va gagner car c’est un Président qui "mouille le maillot", et les Français ont une indulgence pour ceux qui œuvrent.

Beaucoup de Français considèrent toutefois qu'il est un président anti-social. C’est radicalement faux, il existe un bilan social. Il faudrait que Nicolas Sarkozy parvienne à montrer qu’il a été, lors de ce quinquennat, un Président réformateur qui a dû faire face à un mur de conservatisme et qui a essayé de réformer comme il a pu. Il faut que qu’il réussisse à raconter le roman de son quinquennat. J’en veux à la droite pour ça : jamais personne chez eux n’a réussi à le raconter alors que c’est une belle histoire.

Propos recueillis par Aymeric Goetschy

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