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À qui tirera le premier ? Dès les résultats du référendum britannique connus, François Hollande et Nicolas Sarkozy envisagent de proposer à Angela Merkel de réformer la gouvernance européenne
©Reuters

Atlantico Business

Brexit ou pas, les dirigeants politiques français pourraient se réveiller au lendemain du référendum et proposer une réforme de son fonctionnement. Posture ou conviction profonde d’un changement nécessaire pour sauver une Europe qui se délite.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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En Grande-Bretagne, la campagne pour le référendum sur le maintien ou non dans l’Union européenne est repartie en redonnant un léger avantage aux partisans du "in".

L’assassinat de la députée britannique Jo Cox a bouleversé l’opinion qui prend conscience de ses réactions complètement irrationnelles. Le camp des partisans du Brexit est toujours aussi puissant mais incapable d'expliquer quels seraient les avantages d'une sortie, alors qu’on commence à percevoir les effets négatifs d’une sortie sur l'activité économique, et surtout sur les perspectives.

Sans tomber dans les scénarios catastrophes qui ont été publiés par les organisations internationales, la Grande-Bretagne ne retrouvera, ni sa grandeur, ni sa puissance d’antan en sortant de l’Union européenne.

D’autre part, les Européens du continent savent aussi que si le départ de la Grande-Bretagne provoquerait des secousses sur les marchés financiers,l‘Europe ne s’en porterait pas forcement plus mal.

Ce qui est désolant dans ce débat sur l'avenir de l’Europe, c’est que jusqu'à maintenant, les dirigeants de l'Union n'ont absolument pas pris conscience que l'affaire britannique était le symptôme d'un grave dysfonctionnement de l'Union. 

Ce qui est désolant, c’est qu’aucun responsable en France ou en Europe n'a encore pris l'initiative de proposer un diagnostic cohérent et une réforme profonde de l’Union.

Dans la majorité (ou ce qu’il en reste) et qui théoriquement gouverne encore la France, personne, ni le président, ni le Premier ministre n’ont osé sortir de leur silence concernant la gouvernance européenne.

Dans l’opposition de gauche, chez les écolos, les Mélenchon ou les Montebourg, n’en parlons pas. Tout ce qui nous arrive est de la faute de l’Europe, de l'euro, de la BCE et de la bureaucratie de Bruxelles.

A droite, c’est silence radio. François Fillon a indiqué dans son programme la nécessite de revoir ce fonctionnement, bien. Bruno Le Maire, à un moment, a annoncé qu'il ferait un référendum pour connaître l’avis des Français, mais devant la naïveté et la démagogie grossière de la proposition, il ne l’a pas reprise. C’est tant mieux. Si tout pouvait se régler par référendum, ça se saurait.

L’extrême-droite est comme l'extrême-gauche, elle sert une soupe populiste avec tous les ingrédients anti-européens : la BCE, l'euro et Bruxelles.

Le seul responsable politique français à avoir toujours défendu avec constance et force un programme d’intégration des pays européens est sans doute l'ancien président de la République. Encore dimanche dernier sur Atlantico, Valéry Giscard d’Estaing a dit et répété que l’Europe à 28 ou 29 était ingouvernable.

Pourquoi Valéry Giscard d'Estaing adopte-t-il une telle posture ? Parce qu il n’est candidat à aucune fonction politique diront les cyniques. Ceux qui le connaissent un peu expliquent que c’est parce qu ‘il n’a jamais cessé de croire en l'Union européenne.

Le fait nouveau, en cette fin de semaine, c’est que François Hollande d’un côté, et Nicolas Sarkozy de l’autre, pourraient annoncer des initiatives pour le premier et des propositions pour le second afin de réformer le fonctionnement de l’Europe.

François Hollande a sans doute compris, un peu tard, la responsabilité qui lui sera reprochée dans le déclin de l'Union européenne. Il lui fallait, dès le début de son mandat, proposer à Madame Merkel des changements. C’était d’ailleurs dans son programme électoral de 2012.

Nicolas Sarkozy a sans doute décidé, mais un peu tôt, puisqu'il n’est pas candidat déclaré, que le prochain président de la République aura très certainement comme tâche de refonder l’Union européenne.

Les deux leaders vont donc, en cette fin de semaine, se marquer à la culotte sur le terrain de l'Europe. Tout arrive ! Mais on craint le pire.

Quoi dire, quoi faire pour éviter les effets systémiques d’un Brexit ?

Quoi dire, quoi faire pour freiner les tentations séparatrices de tous les indignés qui se multiplient partout ?

Quoi dire, quoi faire surtout quand on est convaincu que la majorité de l’opinion publique a des tendances anti-européennes fortes, pour expliquer l’intérêt de rester ?

Quoi dire, quoi faire ? Très simple pourtant  : les hommes politiques peuvent être courageux de temps en temps et expliquer les acquis d’une construction européenne, d’une intégration qui a été abandonnée aux égocentrismes nationaux. Les hommes politiques peuvent être courageux et expliquer qu’une Europe avec 28 identités culturelles différentes ne peut pas fonctionner, mais qu’en revanche, une Europe à 7 ou 10, un noyau dur, celle par la monnaie unique, peut lui faire déplacer des montagnes parce que, dans ces conditions, les peuples ont du génie.

Enfin, dernière chose : dans un éclair de lucidité, François Hollande d’un côté et Nicolas Sarkozy de l’autre sont des europhiles déterminés. Ils savent tous les deux que les élites politiques pensent que les peuples sont anti-européens. Mais si ça n'était pas vrai ? Si les peuples étaient plus européens qu’on le croit à Paris ou que leurs représentants l’expliquent, ça changerait tout.

La semaine dernière, une statistique qui n'a pratiquement pas été commentée. Et pourtant ! elle est intéressante : Erasmus, ce programme d’échange et d’éducation qui a permis à des millions de jeunes Européens d'aller un an dans une autre capitale européenne faire des études complémentaires, ce programme Erasmus financé par l’Union européenne a 25 ans cette année.

En un quart de siècle, ce brassage a engendré des auberges espagnoles (et pas seulement un film) et des amours bigarrés.

Personne n'a vraiment décompté ces unions universitaires, mais 3 à 4 millions de mariages auraient été célébrés. Et selon le député Alain Lamassoure, ces unions ont engendrés plus d’un millions d’enfants.  Un millions d’Européens, des vrais Européens.

La mauvaise nouvelle, c’est qu‘Erasmus est en faillite, et à Bruxelles les avocats du programme ne se bousculent pas. 

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