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 Hervé Mariton : "Par lâcheté, nombre de responsables politiques préfèrent éviter de parler d'Europe"
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Entretien

Dans une vidéo parue il y a quelques jours, Hervé Mariton, candidat à la primaire de la droite, s'est adressé aux concitoyens britanniques afin de plaider contre le Brexit. L'occasion de préciser dans cet entretien certains des arguments invoqués.

Hervé Mariton

Hervé Mariton

Hervé Mariton est ancien ministre, député-maire de Crest, délégué  général de L’UMP chargé du projet, et président de Droit au Cœur.

 

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Atlantico  : Dans votre vidéo destinée aux concitoyens britanniques sur le sujet du Brexit, vous vous adressez en tant que "député français et candidat à la primaire de la droite et du centre pour l'élection présidentielle de 2017". Pourtant, l'Europe apparaît comme absente du débat politique en France, aussi bien à droite qu'à gauche. Pour quelles raisons d'après vous ? 

Hervé Mariton : Cette absence s'explique par lâcheté. Les Français ne se contentent plus d'idées générales et de slogans creux sur l'Europe. Plutôt que de dire des choses qui ouvriraient le débat, certains préfèrent éviter le sujet. L'Europe fait partie de ces enjeux sur lesquels le débat et la pédagogie sont lacunaires depuis de très nombreuses années. Je suis un partisan de l'Europe de la subsidiarité affirmée dans les domaines où elle apporte quelque chose : l'Union monétaire, l'Union bancaire ou encore la politique énergétique. Il s'agit là de thématiques qu'il faut expliquer, mais cela suppose un risque. Expliquer que l'uniformisation des règles d'environnement est une fausse compréhension du marché unique est un risque qui nécessite beaucoup de pédagogie.

Quelles solutions préconisez-vous pour relancer la machine européenne ? 

Il faut simplifier les compétences au sein de l'Union européenne. La simplification est un enjeu démocratique, d'efficacité, mais aussi de compétitivité pour nos économies par la réduction des coûts et l'accélération de l'action dans plusieurs pays.

Je préciserai que l'enjeu n'est pas uniquement de relancer la "machine". Si on réduit l'Europe à cela, on est morts. L'Europe est une vision, un projet. Mais ces termes ne doivent pas être utilisés comme des mantras pour convaincre ; il faut y mettre de la substance. Une mécanique plus efficace doit être effectivement mise en place, mais au service d'une vision européenne. Il faut définir ce que sont nos enjeux, nos intérêts communs afin de ne pas être broyés par la mondialisation et de ne pas être avalés par les Chinois.

Pour quelles raisons serait-il impossible, d'après vous, pour l'Europe de défendre un traité de libre-échange équitable avec les Etats-Unis sans le Royaume-Uni dans la boucle des négociations en tant que membre de l'Union ? Comment expliquez-vous la frilosité de votre camp à cet accord ? 

C'est mécanique : l'UE pèse davantage avec le Royaume-Uni. Par ailleurs, une Union européenne sans ce dernier serait déséquilibrée en direction de l'Allemagne. Il faut aussi prendre en considération le fait que le Royaume-Uni est une force stimulante du libre-échange en Europe. Aussi bien au sein du gouvernement qu'à droite, certains récusent le libre-échange par construction, faisant alors preuve de démagogie. Ainsi, si nous disposons plus de cette corde de rappel britannique, il y a des chances pour que la démagogie protectionniste l'emporte.La droite française est loin d'être libérale et il serait faux de croire qu'une conversion aurait déjà eu lieu ; elle doit encore être provoquée. 

Par leur refus de l'euro, vous affirmez que les Britanniques "illustre(nt) cette idée juste d’une Europe à la carte". Or, n'est-ce pas justement cette idée de l'Europe à la carte qui participe au délitement de l'idée européenne ? 

Je ne pense pas. Je crois que l'Europe doit comprendre à la fois son unité et sa variété, dans une logique à la fois de subsidiarité et de reconnaissance de l'histoire de l'Europe. L'Europe à la carte suppose que chacun des champs choisis soit intensément mené. Je préfère que l'on mène intensément des espaces de coopération choisis plutôt que d'être sous la contrainte et de faire les choses sans conviction et mollement, ce qui relève plutôt du contexte actuel. 

Propos recueillis par Thomas Sila

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