Comment la marine française recrute via Internet et les jeux vidéo<!-- --> | Atlantico.fr
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La Marine nationale lance sa campagne de recrutement.
La Marine nationale lance sa campagne de recrutement.
©Capture du site etremarin.fr

In the Navy

La Marine nationale lance sa campagne de recrutement. Au menu : jeux vidéos, applications Facebook et interactivité. Un exemple de communication dont pourraient s'inspirer les entreprises.

Alexandre Villeneuve

Alexandre Villeneuve

Alexandre Villeneueve est associé de JIN, une agence de conseil en communication d'influence, spécialisée dans le digital. Il exerce en tant que Directeur Conseil et Qualité.

Il est co-auteur avec Edouard Fillias du blog E-Reputation et du livre E-Reputation (Ellipses - 2012).

 

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Atlantico : La Marine Nationale envahit de nouveau nos écrans avec une nouvelle campagne de recrutement. En plus de ces vidéos, un site internet interactif et une toute nouvelle application Facebook. Tout ça fait-il une campagne de recrutement moderne et originale ?

Alexandre Villeneuve :Le nouveau site, par rapport au précédent, intègre très bien les différents médias. Beaucoup de visuels, des vidéos, des photos … des outils variés qui approchent même ce que l’on appelle le webdocumentaire. Il manque peut-être un vrai scénario pour relier tout ça.

L’aspect social reste à priori pensé dans un seul sens. Avec une page Facebook de plus de 21 000 abonnés, la Marine nationale est bien intégrée sur ce réseau social. Une multitude de liens renvoie vers son site Internet depuis cette page. Mais pas dans l’autre sens : c’est dommage. Il n’y a pas suffisamment de ponts menant vers les réseaux sociaux.

En France, il n’y a pas beaucoup de marques et d’entreprises qui ont de tels besoins en termes de recrutement. Surtout en période de crise. Cette institution a lancé plusieurs belles campagnes et a su créé un univers qui lui est propre.

Par contre, il n’y a encore pas les mêmes moyens que ceux déployés par leurs homologues américains. Les jeux qui existent sur le site de la Marine restent de simples petites applications flash. Rien à voir pour l’instant avec American’s army, lancé aux Etats-Unis avec un budget de 7 millions d’euros. Depuis 2002, des millions de joueurs ont utilisé ce jeu comparable à un Counter Strike.

D’un point de vue communication, les contenus sont-ils pertinents ?

Ils ont compris que les textes ne devaient pas être rébarbatifs. Les vidéos et les images sont très utilisées et les textes réduits au strict minimum. Ils sont ainsi rendus parfaitement visibles.

Ils insistent énormément sur l’aspect témoignage. Les missions de la Marine ne sont pas présentées de manière institutionnelle. Vous avez au contraire le point de vue d’Arnaud, technicien, qui raconte son départ à bord d’un sous-marin. Les photos racontent, commentées par le personnage. D’un point de vue communication, c’est très efficace, même si Arnaud n’existe probablement pas.

Les textes sont audibles : beaucoup de citations, d’anecdotes simples et abordables qui sont accessibles très rapidement et très simplement.

Est-il possible d’évaluer l’impact de ces outils de communication ? Sont-ils vraiment efficaces ou s’agit-il de simples gadgets à la mode ?

Eux le savent parfaitement. Si les jeux qu’ils ont mis en ligne n’étaient pas utilisés par les internautes, ils ne les auraient pas remis en place dans la nouvelle version de leur site. Les statistiques permettent d’évaluer le nombre d’inscrits, de visiteurs, d’utilisateurs et d’où ils viennent. Vu qu’ils continuent de recourir à Facebook et à ces applications, c’est qu’il doit y avoir un attrait.

C’est d’autant plus intéressant que la plateforme permet de capter un public large, au-delà des candidats qui viennent chercher des informations pour leurs candidatures. Moi, par exemple, j’ai regardé ce qu’ils faisaient par curiosité. J’ai plus envie de me promener sur leur site que sur un support plus classique, plus institutionnel.

L’usage massif de photo ne veut pas dire que les gens ne savent plus lire. L’image permet de transmettre facilement certaines informations. Le contexte humain du métier est ainsi parfaitement évoqué par les visuels du site. Cette relation humaine est à priori fondamentale lorsque l’on s’embarque sur un sous-marin ou un porte-avion.

Il y a une vraie émulation : on a l’impression que ce sont les marins, les hommes et les femmes qui s’expriment et non pas l’armée. Ils ne se contentent pas de vendre l’aventure, le voyage et l’action, ils informent également sur tout le contexte qui va autour de ce métier. Ils parviennent grâce à tous ces outils à communiquer tout en informant.

D’autres entreprises, dans des secteurs variés, peuvent-elles s’inspirer de ces méthodes de communication ou de recrutement ?

Les entreprises cherchent à le faire mais les budgets recrutement restent serrés. Il y a pourtant eu des essais pour développer des sites plus sympathiques voire même des serious game (jeu à valeur pédagogique ou informative). On voit de plus en plus de vidéos et d’illustrations. Les plateformes de recrutement sont de plus en plus extraites des sites Internet des entreprises pour leur donner une identité propre.

Ce qui est particulièrement intéressant dans la partie recrutement, c’est la dimension humaine. Les entreprises et les institutions doivent valoriser cet aspect, en particulier dans l’armée où l’engagement est lourd. Les entreprises devraient s’intéresser de plus en plus à ces outils. Elles prennent conscience que des textes longs et rébarbatifs n’ont plus aucune efficacité. Les grosses structures avec de gros besoins en recrutement et de forts turnovers font le plus d’effort. BNP-Paribas s’y est essayé avec un jeu baptisé Ace Management ainsi que Thales avec Moonshield.

Propos recueillis par Romain Mielcarek

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