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François Hollande a-t-il le numéro de téléphone de la finance ?
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Lutter contre la finance, oui. Mais le candidat socialiste a-t-il un plan ?

Serge  Federbusch

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président du Parti des Libertés, élu conseiller du 10 ème arrondissement de Paris en 2008 et fondateur de Delanopolis, premier site indépendant d'informations en ligne sur l'actualité politique parisienne.

Il est l'auteur du livre L'Enfumeur, (Ixelles Editions, 2013) et de Français, prêts pour votre prochaine révolution ?, (Ixelles Editions, 2014).

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Au Bourget, François Hollande avait un objectif et un seul : éviter la "ségolénisation" afin d’endosser des habits de président potentiel. Son pari est tenu, fût-ce au prix d’une démagogie de chaque instant. Pour être élu, il lui suffit de passer un examen et d’obtenir la note de 10 sur 20 là où Nicolas Sarkozy, plombé par la crise et des espérances déçues, doit réussir un concours avec une moyenne de 19. Autant dire les choses simplement : depuis dimanche, la probabilité qu’ Hollande soit le futur président de la république est au moins des trois-quarts.

Pour autant, fera-t-il mieux que ses prédécesseurs ? Son discours permet déjà de répondre par la négative. Notons d’abord que, comme Sarkozy en 2007, il annonce que son premier geste sera de faire le voyage de Berlin pour rencontrer Angela Merkel. Ce réflexe va finir par devenir une mauvaise habitude et ressembler à l’hommage du vassal à un suzerain. Car qu’aura-t-il à négocier de plus que Sarkozy ? Rien. Et à imposer encore moins.

Quel va donc être son grand combat s’il ne peut contraindre les Allemands à accepter la solidarité financière qui devrait aller avec la monnaie unique ? François Hollande s’est désigné un adversaire de substitution, un corps fantasmatique : la finance. Les termes mêmes qu’il emploie, où il est question d’un ennemi sans visage qui détient un pouvoir occulte, fleurent étrangement la rhétorique d’extrême droite. La gauche des années 1930 avait les 200 familles et celle des années 1980 les conseils d’administration des entreprises à nationaliser. François Hollande ne retient plus que ce corps ectoplasmique à combattre, cette finance qui agit comme une pieuvre invisible.

Bien sûr, il y a quelques annonces concrètes. Essentiellement des hausses d’impôt frappant les classes moyennes supérieures qui ne peuvent délocaliser leur capital et leur épargne. Elles ont l’avantage d’être électoralement perdues pour un candidat "socialiste". Autant donc les accabler. Pour le reste, le flou domine.

Ainsi, François Hollande se garde bien de dire à quelle niche fiscale il compte s’attaquer précisément. Il est peu probable qu’il s’en prenne à celles qui bénéficient à ses clientèles électorales : Dom-Tom, milieux du cinéma et de la presse, élus, etc. Les économies et les recettes supplémentaires qu’il évoque sont loin d’être à la hauteur du redressement des comptes publics qu’il a décidé d’engager dans le cadre d’une Union européenne qu’il n’a pas le moyen de faire bouger.

Au final, son pot-pourri démagogique ménage surtout les premiers fauteurs de la crise actuelle : les politiciens professionnels qui se cabrent dès qu’une réforme difficile est nécessaire et ce depuis plus de trente ans. C’est logique : François Hollande en est issu, comme tous les dirigeants de "l’UMPS" qui ont gouverné la France sur cette période. Mais il est à la fois probable et souhaitable qu’il soit le dernier représentant de cette caste dont l’incapacité à prendre les problèmes à bras le corps est désormais patente.

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