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Pourquoi se dirige-t-on peut-être vers une scission du PS
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Crash

La rue de Solférino a, de nouveau, haussé le ton contre les frondeurs et pourrait, samedi, décider de sanctions. Le ton monte alors que la loi Travail sera de retour à l'Assemblée dans 15 jours et qu'une motion de censure de gauche pourrait être ralliée par un certain nombre de députés de droite.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Les appels au calme avaient pourtant fusé rapidement. "Halte au feu", avaient crié certains proches de François Hollande lorsque Stéphane Le Foll et Jean-Marie Le Guen avaient évoqué de possibles sanctions à l'égard des frondeurs. "Je ne suis pas favorable à ce que l'on offre aux frondeurs un statut de victimes, je préfère que l'on mène une bataille publique. Que nous les mettions devant leurs contradictions. Il faut prendre date, montrer de la fermeté sans prendre de mesures disciplinaires. Il faut savoir garder son calme, ce qui ne veut pas dire être faible. Il va vite y avoir un vrai débat stratégique", expliquait alors Julien Dray à Atlantico. Mais les temps ont changé.

Les proches de François Hollande espéraient encore éviter une motion de censure venue de leur camp lors du retour du texte à l'Assemblée. Ils imaginaient alors qu'à force de discussions et de pressions, ils parviendraient à contenir leurs frondeurs, mais patatras.

La mobilisation syndicale est toujours bien présente, les blocages toujours soutenus par une majorité de Français et les frondeurs toujours prêts à fronder. S’il n’y a pas d’avancées sur la loi Travail, "nous redéposerons une nouvelle version de notre motion de censure", prévenait déjà le 29 mai Aurélie Filippetti, député PS de Moselle. Depuis, un petit groupe d'élus se retrouve régulièrement à l'Assemblée nationale pour discuter de la loi Travail, tenter de faire évoluer le texte, mais semble résolu : "La grande majorité d'entre nous est favorable au dépôt d'une nouvelle motion de censure", confiait récemment l'un d'eux au Parisien. Des frondeurs qui se sentent d'autant plus forts que, cette fois, une partie de la droite se dit prête à les soutenir. C’est le cas de Jean-Christophe Lagarde qui indiquait, le lundi 23 mai, "s'il y a une motion de censure déposée par des gens de gauche, à moins qu'elle ne soit totalement déraisonnable dans son texte, nous la voterons". Le patron de l'UDI était alors suivi par Eric Ciotti et Guillaume Larrivé, deux proches de Nicolas Sarkozy, mais aussi par un certain nombre de députés LR. De quoi inquiéter le gouvernement qui voit l’heure tourner et le retour du texte à l'Assemblée se rapprocher.

D’où ce nouveau coup de semonce venu, lundi, de la rue de Solférino. Dans une décision alambiquée et toute en nuance, la Haute Autorité Éthique, saisie en mai par Jean-Christophe Cambadélis, estime : "La signature d'une motion de censure à l'initiative de députés du groupe majoritaire est un acte politique contraire au principe de solidarité et à la règle de l'unité de vote énoncé à l'article 5.4.3 des statuts du Parti socialiste. Il appartient éventuellement aux instances compétentes prévues à l'article 4.3.2 des statuts d'en tirer les conséquences qu'elles estiment utiles". En l'occurrence, l'instance compétente, le Conseil national du PS, doit justement se réunir samedi à Paris et pourrait décider d'un avertissement, d'un blâme et d'une suspension temporaire ou définitive.

Déjà, la saisine de la Haute Autorité Éthique avait aggravé les tensions, les frondeurs répondant dans une tribune que l'éthique est de leur côté, et rappelant que le texte signé par le Premier secrétaire et tous les ministres à Poitiers, lors du Congrès, comportait un passage explicite : "Il faut rétablir la hiérarchie des normes : la loi est plus forte que l’accord collectif et lui-même s’impose au contrat de travail"… Bref, l'inverse de l'article 2 de la loi Travail.

Mais cette fois, l'évocation de possible sanctions surmotive les frondeurs : "Je m'en fous complètement", balaie le député Pascal Cherki dans Le Figaro. "Si on n'est plus au PS, qu'est-ce qu'il en reste ? Qu'est-ce qui leur permettrait de s'affirmer en tant que parti de gauche ?". Et l'élu parisien d'assurer, serein : "Ils nous supplieront de rester. Pour les législatives, ils nous supplieront de prendre l'investiture, vous verrez".

En effet, une suspension jetterait mécaniquement les frondeurs dans les bras d'un autre candidat. Arnaud Montebourg, dont certains sont déjà proches, pourrait ainsi trouver quelques troupes. Cécile Duflot ou Jean-Luc Mélenchon pourraient aussi bénéficier de ce soutien bien opportun. Il serait donc étonnant que le PS aille plus loin que la menace. Mais si c'était le cas, une nouvelle scission se profilerait. Scission que Manuel Valls et son entourage appellent de leurs vœux dans un souci de clarification politique mais dont François Hollande, qui aura besoin de tout le monde s'il veut espérer l’emporter en 2017, pourrait payer le prix fort à la présidentielle comme aux législatives. Le départ de Christian Paul, qui a été élu avec 65% des suffrages aux dernières législatives, pourrait coûter au PS une circonscription, par exemple. Risqué aussi de perdre une Aurélie Filippetti élue avec plus de 60% des voix. Le bras de fer s’annonce donc rude mais pourrait, cette fois, tourner à l'avantage des frondeurs.  

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