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Le médecin qui a fait la première greffe de la main veut maintenant tenter une greffe de… corps entier
©Reuters

Frankenstein

L'opération serait "scientifiquement impossible" et "éthiquement impossible" et le résultat serait "pire que la mort". Mais à part ça, tout va bien.

Le docteur Ren Xiaoping, déjà responsable de la première greffe de main, en 1999, veut tenter l'inédit : une greffe de corps. Il pourrait ainsi permettre à des tétraplégiques de remarcher, en sectionnant leur tête au niveau du cou et en les recousant à un autre corps.

Son plan est "simple" : couper deux têtes de deux corps, relier ensemble les vaisseaux sanguins du corps du donneur décédé à la tête vivante, insérer une plaque de métal pour stabiliser le tout, baigner les nerfs de la colonne vertébrale dans une colle spéciale pour les encourager à se reconstituer et à se lier, et enfin recoudre la peau.

La plupart des médecins et experts sont d'accord pour dire que c'est impossible. Il serait trop compliqué de lier ensemble les nerfs de la colonne vertébrale. Un échec de la tentative voudrait dire la mort du patient à coup sûr. Le docteur Ren a déjà réalisé la procédure sur plusieurs souris. Aucune n'a survécu plus d'un jour après l'opération.

En Chine, on va toujours plus loin

Il ne s'agit pas juste d'une question médicale, mais également éthique et culturelle. La tentative du docteur Ren s'inscrit dans une problématique plus générale, qui est la perception que les scientifiques chinois sont prêts à tout, sans prendre en compte les limites bioéthiques, comme le rapporte Didi Kirsten Tatlow du New York Times.

Le docteur Huang Jiefu, ancien ministre adjoint de la Santé chinois, a déclaré l'opération "scientifiquement impossible", mais il est allé plus loin. "C'est également impossible éthiquement. Comment peut-on mettre la tête d'une personne sur le corps d'une autre ?"

"Je ne veux pas que les scientifiques, les chercheurs et les médecins chinois renforcent l'impression qu'on donne à l'international, qui est que lorsque les Chinois font quelque chose, ils n'ont pas de limite éthique, que potentiellement tout est possible", a réagi Cong Yali, un bioéthiciste à l'Université de Pékin.

On se souvient notamment que pendant des décennies la Chine utilisait les organes de prisonniers pour faire des greffes et des expériences médicales. Si la Chine a officiellement abandonné cette pratique, il arrive encore parfois à des scientifiques chinois de présenter des résultats scientifiques tirés d'expériences sur des condamnés, ce qui est interdit par les règles déontologiques internationales.

La greffe de corps, "pire que la mort"

Le risque de mort est donc très élevé pour quiconque sera le premier cobaye d'une telle tentative. Pourtant, certains sont prêts à tenter le coup, parce qu'ils sont atteints de maladies mortelles ou quasi-mortelles et qu'ils n'ont pas le choix.

Mais, réagissant à une tentative précédente de greffe, le docteur Hunt Batjer, président de l'Association des neurochirurgiens américains, avait déclaré : "je ne souhaiterais ça à personne. […] Il y a beaucoup de choses qui sont pires que la mort".

En effet, à part la possibilité biologique, on ne pense pas aux conséquences psychologiques qu'il pourrait y avoir à avoir un autre corps que le sien. Selon Arthur Caplan, du Centre médical de New York University, la personne transplantée serait "submergée de différents chemins neuronaux et signaux chimiques que ceux qu'elle connaît et elle deviendrait folle".

Il a rajouté que les professeurs qui veulent tenter une greffe sont "cinglés".

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