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Alain-de-droite-Juppé : je ne suis pas celui que vous croyez
©Reuters

Infotainment

Ce dimanche 12 juin, premier invité de la nouvelle émission politique de TF1, " Vie Politique", Alain Juppé a profité de ce rendez-vous à une heure de grande écoute pour se "repositionner" auprès de l'électorat de droite et faire part de son point de vue sur "l'identité" française et l'islam. Des précisions et des mises au point nécessaires pour celui qui reste le favori des sondages auprès de l'opinion en général, mais dont le crédit s'effrite chez les sympathisants L.R.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Ce dimanche 12 juin, sur TF1, c'était un peu " Alain Juppé se rebiffe".  Le candidat à la primaire de la droite estime qu'on le caricature en le qualifiant d'homme de Gauche,  répliquant ainsi à Nicolas Sarkozy qui le laisse régulièrement entendre pour railler son rival dans ses propos " off", mais toujours rapportés.  Alain Juppé se définit homme de droite,  mais" pas sectaire"; il refuse de " casser la baraque" (-selon la formule de François Fillon), et ne veut pas " laisser les plus fragiles sur le bord de la route ".  Il revendique surtout un programme crédible, refusant d'administrer aux Français " le remède de cheval qui tuerait le malade", tout en prônant des économies budgétaires,  la réduction du nombre de fonctionnaires, l'allègement de la pression fiscale, la simplification du code du travail et le rétablissement des deux jours de carence dans la fonction publique, mais sans excès.  Ces propositions, Alain Juppé, les a rendues publiques dans son ouvrage thématique sur l'économie.  Aujourd'hui elles ne sont pas au cœur du débat.

Si le Maire de Bordeaux s'est prêté à la première de cette émission en rodage, c'est aussi pour faire entendre (largement) sa voix dans le débat sur l'identité et clarifier sa position sur la question de la laïcité,  la place de l'islam dans la société française qui deviennent les grands sujets de la primaire de droite et de la présidentielle de 2017. "L'identité doit tenir compte de la diversité à condition de ne pas céder au communautarisme,  de respecter le bien commun, avance-t-il. Alain Juppé  veut" faire rimer identité avec diversité "et non avec "exclusion et refus de l'autre ",  et il déplore que ses points de vue soient caricaturés : "Quand on veut avoir une position un peu équilibrée et qui ne tombe pas dans les extrêmes, immédiatement on est caricaturé", a-t-il regretté, rappelant au passage qu'il est" l'objet d'une extraordinaire propagande sur les réseaux sociaux" : "On m'appelle Ali Juppé, on me qualifie de grand mufti de Bordeaux, on écrit partout que je suis en train de financer à prix d'or une immense mosquée à Bordeaux qui n'existe pas et n'existera pas!"

" Si on considère que l'islam est par construction incompatible, insoluble dans la République, c'est la guerre civile" affirme-t-il en expliquant qu' "Il peut y avoir aujourd'hui, il doit y avoir, une lecture du Coran et une pratique de la religion qui soient compatibles avec les lois de la République et avec tous nos principes y compris l'égalité entre les hommes et les femmes".  Voulant "faire rimer identité avec diversité et unité",  il préconise de "construire avec les responsables musulmans un accord entre la République et eux", notamment sur le financement des lieux de culte et la formation des imams". Hostile à la burqa, il ne rejette pas le port du voile,  (il parle d'un foulard), à l'université "à condition de ne pas faire de prosélytisme " et se prononce pour la variété des menus dans les cantines scolaires, en appelant au bon sens et  s'opposant à Nicolas Sarkozy qui prône des positions beaucoup plus radicales dans ce domaine.

 Juppé, le modéré,  se met à dos une partie de l'électorat L. R.  Dans la dernière étude qualitative de l'IFOP,  44% des Français considèrent toujours qu'Alain Juppé est celui qui a le plus d'autorité pour diriger les Français,  largement devant Nicolas Sarkozy qui n'est crédité que 28%. Mais la courbe s'inverse chez les sympathisants L. R. qui estiment que Nicolas Sarkozy est mieux placé pour cela : 49 % pour Nicolas Sarkozy et 36 % pour Alain Juppé. Plus préoccupant pour Alain Juppé en ces périodes de tension sociale, son crédit pour sa " capacité à réformer le pays" baisse de 13 points (-par rapport à la dernière étude publiée en mars 2016), chez les sympathisants L. R.  Alain Juppé n'a pas changé de pied depuis son entrée en campagne.  Il lui est arrivé dire que " c'est à prendre ou à laisser".  Il appartiendra aux électeurs de la primaire de choisir… et Alain Juppé qui fait le pari de la modération de l'électorat global,  ne peut ignorer que dans sa famille politique on penche plutôt vers la radicalité.

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