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Vous ne connaissiez pas encore Khalifa Haftar ? Voici pourquoi vous allez pourtant entendre parler de ce général libyen
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Découverte du jour

L'homme mène la lutte contre l'Etat islamique et les milices djihadistes, mais le secours qu'il apporte à son pays brisé ressemble à une stratégie politique.

Un vieux dicton libyen déclare : "C'est à Benghazi que tout se passera". En 1937, Mussolini avait cherché à y asseoir son pouvoir colonial. En 1951, le nouveau roi Idris Ier y proclame l'indépendance de la Libye. En 1969, un jeune officier nommé Kadhafi y organise son coup d'Etat. En février 2011, la rébellion contre son régime s'y enflamme. En mars 2016, le mystérieux général Khalifa Haftar délivre la ville des mains de l'Etat islamique.

Depuis, Haftar est à la tête du siège de Syrte, bastion islamiste. Mais le libérateur commence à inquiéter. En cause : son passé obscur et son ambition politique. Et dans un pays brisé comme la Libye, les arrivistes sont nombreux.

"On ne peut pas exagérer le chaos libyen depuis la chute de Kadhafi", raconte leNew Yorker. L'instabilité politique est alimentée par la rivalité des deux gouvernements. Les rues sont aux mains de milices armées. La fiabilité de l'électricité est digne du début du XXème siècle, et le commerce est au point mort. Le pétrole, principal atout du pays, génère des revenus qui se sont effondrés de 90%. 3 000 personnes ont été tuées au combat pour la seule année 2014, et un tiers de la population s'est exilé en Tunisie. 

Dans un contexte qui n'a rien à envier à l'ère Kadhafi, toute victoire militaire fait peser l'un ou l'autre gouvernement dans la balance de la légitimité. Cependant, un général trop victorieux incommode tout le monde.

A Syrte, Haftar est positionné sur le front oriental. L'homme est "ancien général de Kadhafi passé à l'opposition, autoproclamé chef d'état-major de l'armée libyenne en 2014 et confirmé à ce poste par le gouvernement de Tobrouk (alors reconnu par la communauté internationale) en mars 2015", explique Jeune Afrique, qui poursuit : sur le front ouest, "ce sont les troupes du Gouvernement libyen d'union nationale (GNA) de Fayez el-Sarraj, désormais adoubé par l'Occident, qui sont à la manœuvre".

Ancien général de Kadhafi

Al-Monitornous en dit un peu plus : Haftar a commencé sa carrière militaire auprès de Kadhafi, qui cherchait à mettre en place une organisation clandestine inspirée du Mouvement des officiers libres d'Egypte, lequel avait contribué, sous les ordres de Nasser, à mettre fin à la monarchie égyptienne. Une fois le coup d'Etat réussi, Haftar obtient le grade de colonel et devient le commandant de l'infanterie libyenne dans la guerre civile qui fait rage au Tchad. Mais sa base est envahie par les forces tchadiennes qui l'emprisonnent, avec 300 de ses hommes.

Or, Kadhafi tenait à nier son engagement au Tchad, notamment parce que l'Occident – et la France en particulier – soutenaient l'opposition tchadienne. Haftar est désavoué, et les Etats-Unis sautent sur l'occasion pour s'assurer d'un atout supplémentaire dans leur lutte contre Kadhafi, qu'ils cherchent à renverser. Il est pris en charge par la CIA qui lui obtient la nationalité américaine, et il restera en Virginie, non loin du siège de l'organisation, jusqu'en 2011, où il prépare son grand retour. Au mois de mars, après le début de la rébellion, son rôle est remarqué dans la direction de l'opposition.

Fort du renversement de Kadhafi, Haftar renoue avec son réseau et obtient le soutien du gouvernement de Tobrouk. Une grande partie des hauts gradés libyens et des personnalités politiques a été assassinée depuis cinq ans, mais en mars 2016, il est reconnu par un groupe d'entre eux, exilés en Egypte et qui attendent impatiemment celui qui rapportera le calme en Libye.

Cependant, l'homme providentiel pourrait bien balayer le rôle des politiques, comme il tend déjà à le faire. A Tobrouk, il tient tête au Parlement ; en mai, il a refusé de rencontrer l'envoyé spécial des Nations unies, Martin Kobler ; et il y a quinze jours, il a annoncé qu'il ne se soumettrait pas à l'autorité de Sarraj, même si celui-ci était reconnu par le gouvernement de Tobrouk.

C'est la raison pour laquelle la libération de Syrte est devenue cruciale. Jeune Afrique conclue : "celui qui, de Haftar ou de Sarraj, s’emparera du nid des djihadistes, emportera sur le terrain une légitimité nationale et internationale qui pourrait lui donner les clés du pouvoir. Mais le risque d’une conflagration entre les deux forces rivales sur le point de se disputer la même proie pèse sur l’avenir du pays."

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