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Les banques américaines, grandes bénéficiaires de l'asphyxie des banques européennes
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Pauvre Europe

Les banques européennes tentent désespérément de rétablir leur solvabilité et devraient encore avoir à encaisser le choc de pertes significatives en Grèce et au Portugal.

Les banques européennes sont engluées dans une course pour rétablir leurs solvabilités pendant que l’avalanche de mauvaises nouvelles se déchaine. En effet, ces banques devraient enregistrer des pertes significatives suite à l’opération d’échange des titres grecques (opérations nécessaire pour éviter à la Grèce de se déclarer en cessation de paiement).

Les conditions exactes de cet échange font toujours l’objet d’âpres discussions entre l’IIF (organe représentant des investisseurs privés et notamment des banques) et le gouvernement Grec. Les premiers essaient de maintenir la décote à 50% (comme envisagée à la suite du sommet européen d’octobre 2011), pendant que le gouvernement Grec cherche à réduire le taux d’intérêt payé dans le cadre de la nouvelle dette. La Grèce souhaite à travers cette négociation utiliser la majeure partie des nouvelles aides de l’UE et du FMI pour rétablir sa croissance et combattre le chômage (à l’inverse de l’utilisation des premières aides qui avaient servi à 2/3 à payer les intérêts de la dette, ce qui a réduit d’autant la capacité du gouvernement Grec à rétablir son économie malade).

Cependant, selon les informations publiées par le journal Le Monde, le régulateur français (ACP) aurait demandé aux banques de provisionner des pertes à hauteur de 75% voire d'analyser les conséquences d’un défaut purement et simplement de la Grèce. Cette information semble indiquer que le régulateur français ne croit pas dans une solution favorable aux établissements bancaires.

La négociation difficile autour du sauvetage de la Grèce est en train de contaminer le Portugal et augmente, conséquemment, le volume d’actifs risqués dans les bilans des banques européennes. A ces difficultés s’ajoute l’introduction récente des nouvelles normes réglementaires qui exigent une quantité de fonds propres plus importantes à iso-périmètre d’actifs. Tous ces « mauvaises nouvelles » s’accumulent et obligent les banques européennes à choisir entre accroitre leurs fonds propres et se défaire d’activités. 

Cependant, force est de reconnaitre que ce choix n’est pas entre les mains des banques européennes puisque celles-ci souffrent depuis l’été 2011 d’une forte défection de la part des investisseurs. En effet, ceux-ci demandent des décotes importantes pour participer à des augmentations de capital, comme l’a montré l’augmentation de capital de UNICREDITO. 

Les banques européennes n’ont d’autres choix que de céder certaines de leurs activités. Il s’agit principalement des opérations dans la zone dollar pour lesquelles les banques européennes, à l’inverse de leurs consoeurs américaines, souffrent de grandes difficultés pour financer leurs besoins de ressources financières.

Nous pourrions voir, dans les prochains mois, si la situation des banques européennes ne s’améliorait pas, une forte accélération des cessions d’activités étrangères des banques européennes et leur concentration sur leurs marchés domestiques. L’urgence du rétablissement de la solvabilité constitue une deuxième source de destruction de valeur pour ces banques et pour leurs actionnaires. L’expansion des banques européennes dans les 10 dernières années risquerait de se solder par d’importantes destructions de valeur pour les actionnaires et pour les économies. En effet, il est fort à parier que ces cessions se feront dans la précipitation et leurs prix incluront des décotes importantes pour tenir compte des conditions de marché dégradées et de la faiblesse de l’appétit des acheteurs.
Les banques américaines devraient y voir l’émergence d’opportunités à des conditions financières très intéressantes pour renforcer leurs activités sur les marchés étrangers. Concomitamment, cela se traduira pour les banques européennes par des pertes de parts de marché stratégiques.

Lors de la résorption de la crise de 2008, les Etats ont raté l’occasion de prendre à bras le corps le problème de la solvabilité bancaire. Ils poussent aujourd’hui l’industrie bancaire vers des choix totalement abscons et vers une perte de terrain stratégique.

Les Etats de la Zone Euro devraient intervenir dans le cadre du bras de fer qui oppose l’IIF et la Grèce, pour donner à la Grèce les moyens d’émerger de la crise – et de la spirale de pauvreté qui touche ce pays – et pour fournir aux banques les fonds propres nécessaires (à travers des nationalisations temporaires) pour arrêter la spirale de la cession à perte. Les Etats membres de la Zone Euro semblent rester sourds aux deux seules voix qui s’offrent à eux: 1° la reconnaissance des pertes dans le système bancaire et sa nationalisation (c'est-à-dire suivre la solution Suédoise) ou 2° la politique de l’autruche qui pousse, par l’opacité qui entour les difficultés des établissements bancaires, à la création de banques zombies comme ce fut le cas au Japon. De ce choix dépendra la capacité de l’industrie bancaire européenne à continuer à avoir une place prépondérante dans la compétition mondiale.

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