Big bang romain ? Mario Monti fait exploser les rentes et privilèges qui sclérosent l'Italie <!-- --> | Atlantico.fr
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Mario Monti vient de faire pour l’Italie ce que Jacques Attali proposait pour la France il y a exactement quatre ans.
Mario Monti vient de faire pour l’Italie ce que Jacques Attali proposait pour la France il y a exactement quatre ans.
©Reuters

Revoluzione

Avalanche de décrets de libéralisation de l'économie italienne. Et si le discret technocrate devenu Premier ministre italien se révélait un réformateur beaucoup plus ambitieux que des politiques beaucoup plus flamboyants. François Hollande notamment saura t'-il ne pas se tromper dans sa lutte contre les privilèges...?

Gaspard Koenig

Gaspard Koenig

Gaspard Koenig a fondé en 2013 le think-tank libéral GenerationLibre. Il enseigne la philosophie à Sciences Po Paris. Il a travaillé précédemment au cabinet de Christine Lagarde à Bercy, et à la BERD à Londres. Il est l’auteur de romans et d’essais, et apparaît régulièrement dans les médias, notamment à travers ses chroniques dans Les Echos et l’Opinion. 

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Mario Monti vient de faire pour l’Italie ce que Jacques Attali proposait pour la France il y a exactement quatre ans. Qui se souvient de la « Commission Attali » et de son rapport pour « la libération de la croissance française » ? Sans doute pas Nicolas Sarkozy, qui l’a enterré à la première escarmouche avec les taxis parisiens. Sans doute pas François Fillon, trop heureux de revenir à son colbertisme naturel. Sans doute pas les députés UMP, acharnés comme toujours à défendre les lobbies de leurs circonscriptions.

Pourtant, le rapport Attali contenait sans doute la meilleure politique économique pour la France. Une politique à coût zéro, puisqu’il s’agissait essentiellement de réformes réglementaires et de simplifications administratives. Une politique explicitement libérale, visant à abolir les rentes de situation, à briser les monopoles indus, à dégraisser les administrations, à fluidifier le marché du travail. Je cède la parole à Attali, car comment l’exprimer mieux que lui : « Pour tenter de se protéger, d’innombrables groupes ont construit des murs au fil du temps. Dans un monde ouvert et mouvant, l’accumulation, à tous niveaux, de rentes et de privilèges bloque le pays, pèse sur le pouvoir d’achat et freine sa capacité de développement. Sans mobilité sociale, économique, professionnelle, géographique, aucune croissance n’est possible. »Les libéraux sont redevenus aujourd’hui, comme c’était déjà le cas au XIXè siècle, les vrais révolutionnaires, prêts à affronter les pouvoirs établis.

Et voilà que le brave Mario Monti, universitaire, commissaire européen, auteur d’une dizaine de livres aux titres rébarbatifs, décide, au terme d'un Conseil des Ministres historique, ce que le fougueux Sarko n’a jamais eu le courage de mettre en œuvre : la libéralisation de l’économie. Le décret signé par Monti aurait pu être rédigé par Attali. L’ouverture à la concurrence des professions réglementées (les mêmes en Italie qu’en France : taxis, pharmaciens, notaires…) ? C’était déjà la « décision fondamentale 14 » du rapport Attali.  La société à responsabilité limitée à un euro, pour faciliter la création d’entreprise ? Regardez la « décision 46 », simplifiant les règles de création des sociétés par action. L’abolition des tarifs minimum ? Voilà qui rappelle le « principe 11 » d’Attali - interdire la fixation de tarifs minima par les ordres professionnels. La liberté pour le commerçant de fixer les horaires d’ouverture de son magasin, y compris le dimanche? « Décision 137 », bien sûr. Et ainsi de suite…

En termes de tactique politique, Monti semble décidé à appliquer pleinement la règle des cent jours. Après son plan d’austérité de 30 Md€ adopté en décembre et ce récent décret de libéralisation, Monti promet désormais de réformer au plus vite le marché du travail. Attali ne devrait pas bouder son plaisir, lui qui conseillait au Gouvernement de « conduire la réforme tambour battant ».

Pourquoi donc faut-il qu’un technocrate nommé à la tête d’un pays en crise réussisse là où un Président souverainement élu et – à l’époque – au faîte de sa popularité a timidement battu en retraite ? Pourquoi doit-on, en France, attendre un Xavier Niel pour débloquer le marché ? Ne serait-ce pas cela, avant tout, le véritable rôle de l’Etat ? Car la baisse des prix ne se décrète pas, comme semble encore le croire François Hollande. Elle se gagne par la libre activité des entrepreneurs, et contre les oligarchies paresseuses qui nuisent tant à la vieille Europe.

On attend avec impatience un « Président de la fin des privilèges », comme François Hollande s’est proclamé ce dimanche. Mais il ne faut pas se tromper de privilégiés. Monsieur Hollande, allez-vous étouffer les entrepreneurs, ou pourchasser les rentiers ?

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