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Faut-il bloquer le prix de l’essence ?
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Sujet inflammable

François Hollande s'est déclaré jeudi en faveur d'un "blocage temporaire du prix de l'essence" s'il était élu, ainsi que pour "un rétablissement de la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers". La taxe de trop ?

Emmanuel Sala

Emmanuel Sala

Emmanuel Sala est associé fondateur et patron d’une société d’ingénierie informatique, il a vécu l’aventure passionnante de la création et développement d’une société innovante.

Ancien militant de l’association animée par Alain Madelin « Idées-Action » en 1995,  devenu le parti « Démocratie Libérale » (1997), pour finalement constituer le mouvement associé UMP des « Réformateurs » en 2002,  il est un fervent soutien des idées libérales.

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François Hollande s'est déclaré jeudi en faveur d'un "blocage temporaire du prix de l'essence" s'il était élu, ainsi que pour "un rétablissement de la TIPP (taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers) flottante. David Assouline a quant à lui, dénoncé "les profits de Total qui ose annoncer, le prix de l'essence à 2 euros alors qu'il ne paye pas 1 centime d'euros sur l'impôt sur les sociétés en France même". L'actualité du prix à la pompe leur donnent des arguments : le litre de super a atteint des sommets dépassant les niveaux records de l'année 2008, et une augmentation de 16% en moyenne. Jamais le plein d'essence n'a été aussi cher ! Alors que penser de cette double proposition ?

"Un blocage temporaire du prix de l'essence"

Passons sous silence le caractère "temporaire", nos élus nous ont habitués à prendre des mesures "temporaires" particulièrement ... durables.

Disons simplement que toutes les mesures de blocage des prix, quelque-soit les produits concernés, et tout au long de notre histoire économique, ont eu pour conséquence une contraction de l'offre, un défaut d'investissement lié à la diminution des marges des principaux acteurs économiques concernés, bref, l'organisation concertée de la rareté au détriment des consommateurs.

"Le rétablissement de la TIPP flottante"

Mise en place par le gouvernement Jospin en 2000, puis abandonnée et 2002, la TIPP flottante variait en sens inverse des cours du pétrole brut, pour compenser l'effet de leur augmentation sur les prix à la pompe.

Thierry Breton, quand il était ministre de l'Économie, expliquait pour justifier la non reprise du système que cela avait coûté 2,7 milliards d'euros pour un avantage assez limité (1,5 centimes d’euros par litre) pour le consommateur, confondant, à l'époque les euros et les ... Francs. Devons-nous nous inquiéter sur les capacités du ministre de l'Économie de l'époque et, peut-être futur ministre,à conduire des raisonnements réalistes ?

Reste que La TIPP rapporte environ 25 milliards d'euros par an aux finances publiques, de quoi donner à la proposition de Hollande un certain panache en période de déficit budgétaire aggravé. Enfin une mesure qui va dans le sens d'une diminution des prélèvements dits « obligatoires » (je cherche toujours soit dit en passant ceux qui ne le sont pas « obligatoires »), et donc, d'une augmentation du pouvoir d'achat pour un produit dont la consommation est largement contrainte.

De plus les régions perçoivent depuis la loi de finances 2006 une part importante de la TIPP (en 2007, plus de 6 milliards d'euros sur les 25), et elles ont également la faculté d'en moduler le taux. Une proposition qui ne manquera pas d'intéresser les élus Régionaux majoritairement de gauche !

Cela a le goût de l'essence, l'odeur de l'essence, mais ce sont des taxes !

L'occasion en effet de d'interroger sur la décomposition du prix de ce fameux carburant dont nous avons tous besoin.

La part totale des taxes (TIPP et TVA) représentent 60% du prix à la pompe et a même représenté à une époque où le pétrole était bon marché, jusqu'à 80 % du prix du "super". La TIPP, mise en place en mars 1928 par les lois qui organisent l’industrie du raffinage en France avait pour but de compenser le déclin d’une autre contribution indirecte, l’impôt moyenâgeux sur le sel ! Pour comble, la TVA s'applique sur le prix TIPP incluse, ce qui a pour effet de faire grimper sensiblement le taux réel de la ponction.

Comme il est d'usage en France, une taxe comporte ses multiples exonérations, fonctions des capacités de leurs bénéficiaires à jouer de leur influence ou de celle, redoutable, de bloquer la voie publique. Taxis, transports routiers de voyageurs ou de marchandises, ambulanciers, agriculteurs... sont donc tout ou partiellement dispensés de cotiser. Alors David Assouline saura t'il dénoncer les super-profits de notre super-Etat avec la même force que celle qu'il met à dénoncer les « profits de Total » ? Pas sûr !

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