Ce poste crucial pour lequel s’affrontent en coulisses Arnaud Montebourg et Benoît Hamon<!-- --> | Atlantico.fr
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Ni Arnaud Montebourg ni Benoît Hamon ne disposent des troupes suffisantes pour faire campagne.
Ni Arnaud Montebourg ni Benoît Hamon ne disposent des troupes suffisantes pour faire campagne.
©REUTERS/Gonzalo Fuentes

Pousse-toi de là…

Benoît Hamon comme Arnaud Montebourg ont, tous deux, fait miroiter, ce lundi, leur candidature à la présidentielle, primaires ou pas. Une manière de préempter l'espace à la gauche de François Hollande mais, peut-être aussi, de peser afin d'avoir une place de choix à ses cotés.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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"Il reviendra à ceux qui n'ont pas voulu de ces primaires d'assumer leurs responsabilités, nous nous assumerons les nôtres". Invité, hier matin, sur France Inter, Benoit Hamon est, à peine, énigmatique et laisse clairement planer l'ombre d'une candidature si le PS n’organisait pas de primaires en vue de l'élection présidentielle de 2017. L'ancien ministre ne dit pas autre chose qu'Arnaud Montebourg qui, au même moment, sur RTL, lance : "Je prendrai ma décision cet été. L'été, c'est entre le 21 juin et le 21 septembre. Voilà, ça se resserre". et d'ajouter : "J'ai juste besoin d'avoir le temps de construire (un programme), d'en tester la solidité, d'en mesurer la force et ce qu'il est capable d'entraîner". La même chose, sur le même ton prudent. Car, en effet, si chacun avance ses pions, c'est avec une circonspection de sioux.

Occuper le terrain, être présent, ne pas se laisser voler le costume de super héros de la gauche, voilà qui semble pour l'instant préoccuper les deux anciens ministres. Lorsque l'un gravit le Mont Beuvray, l'autre annonce le lancement d'un mouvement. Le premier, même s'il n'est plus député, affirme qu'il ne voterait pas la loi travail quand le second annonce son soutien à une prochaine motion de censure. Mais pour l'instant l'un et l'autre s'en tiennent là. Jouant la partition du contestataire mais pas encore de l'adversaire. Il faut dire que la mue est risquée.

Car si l'espace politique existe entre François Hollande et Jean-Luc Mélenchon et n'attend qu'un homme providentiel pour l'incarner, le manque de moyens des deux impétrants est réellement problématique. Ni Arnaud Montebourg ni Benoît Hamon ne disposent des troupes suffisantes pour faire campagne. Pas de relais militants ou presque pour faire du porte à porte, coller des affiches ou distribuer des tracts sur les marchés. Or, si les troupes de l'ancien locataire de Bercy affirment que la campagne de 2017 sera différente, se fera sur Internet ou à la télé, certains experts électoraux ne se font aucune illusion. "On sait aujourd’hui, grâce à des études très précises, combien de voix rapporte un porte à porte", explique l'un d'eux qui pense que le terrain reste essentiel si l'on veut dépasser un score anecdotique.

Or, non seulement un score de moins de 5% (Arnaud Montebourg se situe à 3% aujourd’hui si François Hollande est candidat) risquerait d'altérer l'image et le poids politique des deux hommes mais le risque est grand de sortir ruiné de l'aventure puisque, à moins de 5%, les frais de campagne ne sont pas remboursés. Le manque d'argent et de militants sont donc les deux principaux handicaps de Benoît Hamon et de Arnaud Montebourg qui ne donnent pas non plus le sentiment d'avoir véritablement travaillé des propositions bien étoffées.

Voilà pourquoi Benoît Hamon tente déjà de se ménager une porte de sortie : "Dans ma famille de pensée, je trouve des hommes et des femmes qui ne sont pas que membres du Parti socialiste, qui sont dans le champ de l'écologie politique, qui sont dans le champ parfois de la gauche alternative... Si demain une figure issue de cette famille était la mieux placée pour incarner la gauche, je me sentirais aussi de la soutenir". Pense-t-il à Nicolas Hulot ? A Christiane Taubira ? L'ancien ministre de l’Éducation ne précise pas mais tente ainsi de répondre à ceux qui ne croient pas à sa candidature. Tenter de peser dans le débat. De montrer que François Hollande trouvera la gauche de la gauche sur son chemin.

Et ce dernier, qui a bien compris qu'il ne ferait pas taire si facilement ses deux anciens ministres, cherche à les neutraliser. Selon l'un de ses proches, le président, qui commence à réfléchir à sa campagne, imagine se doter de deux porte-paroles qui lui permettraient de réconcilier la gauche et de l'embrasser dans toute sa largeur. Comme Lionel Jospin, en 1995, avait choisi DSK et Martine Aubry, il pourrait accorder à Emmanuel Macron une place de choix ainsi qu'à un représentant de son aile gauche. Montebourg, Hamon, Taubira ? La place reste à prendre et c'est peut-être aussi pour celaque les deux trublions, qui ont bien compris que les primaires étaient quasiment enterrées, se battent désormais. Être celui qui incarnera la gauche du PS face à Emmanuel Macron, voilà un rôle qui pourrait être plus qu'un pis-aller mais un solide tremplin pour 2022.

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