Attention, Lego méchant : les petits personnages avec lesquels jouent vos enfants sont beaucoup plus violents qu’à votre époque

L'entreprise Lego, qui fabrique des briques multicolores depuis 1949, s'est engagée dans une course à l'armement au fil des ans. Selon une étude de chercheurs néo-zélandais, parue dans Plos One, une vague de violence se serait abattue sur l'univers Lego.

Les armes ont augmenté de 7,6 % par an

La première manifestation de violence date, selon les chercheurs, de 1978, quand la boite château-fort est sortie avec une épée, une hallebarde et une lance. Puis des kits de pirates ont introduit en 1989 des pistolets et des canons. Depuis ces dates, les armes ont augmenté de 7,6 % par an. Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont utilisé, BrickLink.com, un site qui recense les pièces Lego d’occasion et ils ont ensuite calculé la proportion d’armes à l'intérieur de ces boites. Aujourd’hui, près de 30 % des kits Lego contiennent au moins une arme, du couteau au pistolet en passant par des sabres lasers ou des kalachnikov. "Les produits de la marque Lego ne sont plus aussi innocents qu’ils ne l’étaient. Progressivement, ils ont fait montre d'une augmentation significative et exponentielle de la violence", expliquent les chercheurs.

Augmentation des comportements agressifs

De plus, l'étude se penche sur les images publicitaires véhiculées par Lego pour vendre ses jouets. 40 % des mises en scènes mettraient en avant des gestes de menace, d'intimidation, d'agression psychologique ou de domination entre les différentes figurines. Ce qui fait dire aux chercheurs que "les scénarios où figurent des tirs et des comportements agressifs ont augmenté au fil du temps".

La recrudescence de la violence dans les jeux Lego est particulièrement paradoxale car cette société s'est souvent présentée comme une alternative aux jouets violents. "Dans les années 80, il y a eu une multiplication de figurines avec lesquelles Lego a dû rivaliser", comme les Playmobils, analyse Gary Cross, professeur d'histoire à l'Université de Pennsylvanie dans la revue The Atlantic. "L'arrivée des jeux vidéos, avec Nintendo et Sega, dans les années 90 a obligé Lego à faire des accommodements et à s'adapter à une culture qui a été façonnée par d'autres fabricants de jouets", dit l'historien.

Les armes font partie d'un décor imaginaire

Le début du XXIème siècle a marqué un tournant dans l'histoire de l'entreprise danoise. En s'associant à des franchises grand public, comme Le Seigneur des anneaux et Star Wars, Lego a commencé à vendre une partie de sa marchandise sous licence. Ces partenariats avec des entreprises telles que Disney ou Marvel ont permis à la marque de se réinventer. Résultat, Lego qui était au bord de la faillite en 2003 a vu ses bénéfices atteindre 1,24 milliard d’euros en 2015. "Nous ne faisons pas des produits qui favorisent ou encouragent la violence. Les armes dans nos jeux font partie d'un décor imaginaire, fantastique, et non d'un scénario du quotidien qui se voudrait totalement réaliste", indique Amanda Santoro, un manager de Lego.

Parmi les meilleures ventes : un tracteur

Les conclusions de l'étude appellent toutefois quelques nuances, souligne Le Point. Ses auteurs se sont efforcés de justifier le basculement graduel de Lego dans la violence au nom de la rivalité entre la société, les jeux vidéo et les films. Or, les effets des médias violents sur le développement des enfants n'a jamais fait l'objet d'une quelconque "compréhension claire" en dépit d'un nombre élevé d'études sur le sujet. D'autre part, si 30 % de ces prêt-à-monter renferment bien des armes, ils ne figurent pas forcément parmi les meilleures ventes.

Dans la liste des meilleures ventes de Lego figurent une course de voitures, un camping-car et un tracteur...