PMI en hausse : ce que les chiffres du retour de la croissance en France nous apprennent sur ses causes réelles<!-- --> | Atlantico.fr
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Le sursaut de la demande intérieure française est la conséquence de la politique de la BCE et non celle de François Hollande.
Le sursaut de la demande intérieure française est la conséquence de la politique de la BCE et non celle de François Hollande.
©Reuters

Merci qui ?

Alors que le secteur manufacturier continue son repli, les services ont le vent en poupe et soutiennent l’activité économique française. Des résultats qui permettent de mettre en évidence le manque d’efficacité de la politique de compétitivité du gouvernement en comparaison des effets bénéfiques de la politique de la BCE.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Atlantico : Selon les données publiées par Markit ce 23 mai 2016, la croissance de l’activité du secteur privé français affiche un plus haut de 7 mois en ce mois de mai. A quoi peut-on attribuer cette bonne séquence de l’économie française ?

Nicolas Goetzmann : Les données fournies par Markit permettent de scinder la reprise en deux sous-catégories, entre le secteur manufacturier et le secteur des services. D’une part, la production industrielle, selon Markit, est en contraction et marque un plus de 13 mois tandis que d’autre part, les services soutiennent la croissance française avec un plus de 7 mois. Or, les services sont principalement le témoin de la demande intérieure alors que le secteur manufacturier traduit plus la position du commerce extérieur. Ce qui est d’ailleurs confirmé par les derniers chiffres de la croissance publiés par l’INSEE, qui indiquent que les bons chiffres du premier trimestre 2016 sont le résultat d’une poussée de la demande intérieure, entre consommation et investissement privé, alors que le commerce extérieur pèse à nouveau sur le niveau d’activité du pays.

Et ce rétablissement de la demande intérieure correspond à l’action de la BCE, dont l’annonce était attendue dès la fin de l’année 2014, comme l’indiquait Peter Praet, membre du directoire de la BCE, ce 23 mai : "En 2014, la reprise montrait de nouveaux signes de faiblesse, avec une accélération du rythme désinflationniste qui menaçait la stabilité des anticipations d’inflation. C’est à ce moment que nous avons vraiment commencé à répondre au problème de la demande agrégée dans toute la zone euro".

Que peut-on en conclure au regard de la politique menée par le gouvernement ? La reprise constatée à ce jour est-elle le fait de l’action de François Hollande ?

Il est récurrent de voir le débat politico-économique se cantonner aux mesures mises en place au niveau national. Ce qui explique que les différents ministres courent les plateaux pour annoncer les "bons résultats de la politique du gouvernement", c’est-à-dire de la politique de compétitivité. Mais malheureusement pour François Hollande et sa politique, les chiffres permettent de démontrer que son action n’a eu que peu d’effets sur le niveau d’activité du pays. D’une part, le sursaut de la demande intérieure est la conséquence de la politique de la BCE, sur laquelle il n’a pas de prise, et dont les instigateurs, Mario Draghi et Benoît Coeuré, n’ont pas été nommés par l’actuel Président français. D’autre part, la progression des exportations a clairement marqué le pas en ce début d’année 2016, avec une baisse de 1,41% au T1 2016. Outre ce mauvais chiffre, les exportations n’ont progressé que de 1,09% (en nominal) sur la dernière année. Ce qui donne une idée des résultats plutôt limités de la stratégie de la "compétitivité", surtout lorsque l’on garde à l’esprit que l’euro a baissé de plus de 20% entre la mi-2014 et la fin de l’année 2015. L’effet "exportations" vient donc bien plus de la baisse de l’euro que du CICE. La baisse du coût du travail a surtout permis un rétablissement des marges des entreprises.

Quelles sont les chances de voir l’économie française accélérer au cours de l’année 2016, et de voir ainsi la courbe du chômage s’inverser ?

L’amélioration du niveau d’activité français dépend avant tout du contexte macroéconomique européen, et donc de l’orientation de la politique de la BCE. En réalité, Mario Draghi doit être le seul responsable européen à lutter efficacement contre les politiques d’austérité, puisqu’il mène, seul, la fronde en Europe. En activant un plan d’assouplissement quantitatif, et en lui donnant toujours plus d’intensité, il est parvenu à restaurer un semblant de demande intérieure au sein de la zone euro. Nous sommes encore loin du compte de ce qui pourrait être fait, mais au moins, il y a eu une réaction. Une baisse du chômage est possible, et elle est en réalité déjà partiellement entamée. Mais ici encore, il est possible de constater que le secteur industriel détruit des emplois tandis que les services en créent. C’est donc bien la BCE qui est à l’origine de l’inversion de la courbe du chômage. François Hollande peut dire merci à Mario Draghi. 

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