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Les calvinistes ne se reconnaissent pas plus dans le terrorisme religieux du XVIème siècle que les catholiques dans l'Inquisition
©Reuters

Bonnes feuilles

A la fois sévère et sinistre, réfléchie et prophétique, la figure de Calvin divise, notamment auprès des historiens du protestantisme. Son héritage est pourtant indéniable, comme en témoignent les 80 millions de protestants se réclamant aujourd'hui de confession calviniste. Extrait de "Ils ont écrit ton nom, Liberté" de François de Closets, aux éditions Fayard. Extrait 2/2

François de Closets

François de Closets

François de Closets mène, depuis une trentaine d’années, une double carrière de journaliste et d’écrivain. Il connaît son premier succès avec Le Bonheur en plus (1974). Après le succès mémorable deToujours Plus ! (1982), François de Closets s’attaque aux sujets les plus divers, et ses essais, toujours dérangeants, recueillent de grands succès auprès du public. Son dernier livre, Le Divorce français, est publié aux éditions Fayard en 2008.. Il a écrit récemment "L'échéance : Français, vous n'avez encore rien vu" ( Fayard - 2011) avec Irène Inchauspé.

 

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La dictature de l'influence

Calvin gêne les historiens du protestantisme qui, pour la plupart, sont eux-mêmes protestants, car son image est double : l'une intérieure, l'autre extérieure, l'une enfermée dans un lieu et dans un temps déterminés, l'autre délocalisée et intemporelle. Calvin-Janus montre, sur la face genevoise, un visage sévère et même sinistre, et, sur la face protestante un visage réfléchi et même prophétique. Cette dualité apparaît du temps même de Calvin. Il peut tout à la fois plonger Genève dans cette nuit monocale et lui assurer un rayonnement incomparable : "Genève devient, ces années-là, une sorte de ville mythique qui succède à Wittenberg comme anti-Rome, cité refuge et centre du rayonnement international du protestantisme." Sour le règne de Calvin, la ville a dû accueillir quelque cinq mille réfugiés protestants venus principalement de France, un chiffre énorme pour une population d'une dizaine de milliers d'habitants. Ces nouveaux venus, qui ont fui les persécutions pour vivre leur foi, sont évidemment d'ardents calvinistes.

L'aura de Calvin dans le monde réformé tient  à son livre magistral, l'Institution, à la création de la ville sainte de Genève, mais aussi à son intense activité extérieure. Il est en contact permanent avec les différentes communautés, devient l'organisteur et le maître spirituel des huguenots français. Le calvinisme ne s'impose pas seulement en Suisse, il s'étend également en Ecosse, aux Pays-Bas, en Alsace, dans une partie de l'Allemagne, etc. Aujourd'hui même on estime que 80 millions de protestants sont de confession calviniste. Ces croyants ne se reconnaissent pas plus dans le terrorisme religieux du XVIème siècle que les catholiques dans l'Inquisition, et ils font tout pour gommer l'image détestable de Calvin. Ils se contentent d'évoquer "son côté rabat-joie et son moralisme".

Ainsi passe-t-on d'une impitoyable dictature religieuse à un ordre moral pesant. Les avocats calvinistes font valoir que Genève vivait en régime démocratique et que Calvin s'est toujours heurté  à une certaine opposition, qu'il n'a jamais exercé le pouvoir politique, que la tolérance n'avait pas cours au XVIème siècle et que les Genevois étaient gagnés au rigorisme avant même son arrivée. Autant d'explications qui contiennent leur bonne part de vérité, mais qui sont loin de réduire son personnage à un trop sévère père la morale.

Extrait de Ils ont écrit ton nom, Liberté de François de Closets, aux éditions Fayard, mai 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici

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