Black M ou la soumission "à la Houellebecq" de la gauche<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Black M ou la soumission "à la Houellebecq" de la gauche
©Capture d'écran Youtube

Scénario digne d'un roman

L’affaire Black M montre comment la gauche de gouvernement ne cherche même plus à cacher son goût pour le communautarisme. Subrepticement, c’est bien à un remplacement des valeurs républicaines par les valeurs communautaires que le Parti Socialiste procède. Ce remplacement procède de la lente soumission annoncée par Michel Houellebecq.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

Voir la bio »

La fête communautaire à la place de la commémoration patriotique

Dans le silence absolu de la droite, trop occupée à préparer ses primaires, la mairie de Verdun a eu la curieuse idée d’inviter le rappeur Black M à commémorer la bataille qui fut une hécatombe en 1916. Ce choix, validé en comité interministériel, ne pouvait résonner que comme une provocation et prêtait forcément le flanc à une critique sans concession.

Il suffisait de lire ses propos en réponse à ses détracteurs avant l’annonce du concert :

"Qu’ils aiment ou pas ma musique : on va s’amuser", avait-il lancé.

Manifestement, Black M ne sait pas ce que fut la bataille de Verdun. Ou, s’il le sait, il n’y a vraiment aucun scrupule à avoir d’annuler son concert. Comment imaginer que l’on puisse rendre honneur à nos morts en présentant la commémoration de Verdun comme une fête ?

Black M et le communautarisme

Avoir voulu transformer la commémoration de Verdun en une fête communautaire constitue un signal faible émis par la gauche sur sa soumission progressive aux valeurs des minorités qui n’aiment pas la République.

Black M s’est en effet illustré par des paroles de chanson qui se passent de tout commentaire.

Dans la chanson "Dans ma rue", reprise de Doc Gyneco, il lançait : "Les youpins s’éclatent et font les magasins". C’est du direct.  Pas besoin de faire un dessin. Dans "Désolé", tube du groupe Sexion d’Assaut, hymne d’une francophobie décomplexée, on l’entend balancer tout de go : "Je me sens coupable quand je vois ce que vous a fait ce pays de kouffars". Les "kouffars", en arabe, ce sont des mécréants. On voit le genre. Dans "On t’a humilié", un autre membre du groupe, Maître Gims, chante : "Je crois qu’il est grand temps que les pédés périssent. Coupe-leur le pénis, laisse-les morts, retrouvés sur le périphérique". Question poésie, on est plus proche de Daech que de Rimbaud.

Ce rappeur a manifestement beaucoup d’audience dans les "quartiers". Il est curieux que ce chantre de l’intolérance soit choisi pour célébrer la bataille de Verdun. On ne l’a en effet jamais entendu, jusqu’ici, regretter publiquement des paroles qui sont l’apologie d’un salafisme rampant dont les dégâts sont aujourd’hui bien connus des Français.

La soumission subreptice de la gauche

Il fallait entendre ou lire les réactions du gouvernement à la polémique pour comprendre l’étendue de la soumission dans laquelle la gauche est entrée.

Premier point: aucun ministre n’a pris la peine de rappeler qu’un comité interministériel avait validé la programmation des célébrations. Courageux mais pas téméraire, le gouvernement a évité d’assumer ses responsabilités, et préfère se réfugier dans une critique de la "fachosphère" à l’origine de la polémique. Mais il lui appartenait de maintenir le concert s’il jugeait l’annulation inopportune.

Deuxième point: le sous-ministre des Anciens Combattants, élu lorrain au demeurant, Jean-Marc Todeschini, a allègrement franchi un point Godwin en déclarant "C’est vraiment le fascisme qui nous attend".

Bien sûr : considérer qu’une commémoration patriotique ne doit pas servir à la légitimation officielle du communautarisme islamiste, c’est forcément du fascisme.

Troisième point : les propos de la ministre de la Culture Azoulay sur "l’ordre moral nauséabond". On s’étonne là encore de voir un membre du gouvernement légitimer des chansons contraires à la République en stigmatisant ceux qui s’en indignent.

Comment fonctionne la soumission ?

Ce qui est particulièrement intéressant dans cette affaire, c’est l’anatomie grandeur nature à laquelle nous pouvons nous livrer sur le phénomène de la soumission au communautarisme salafiste. On lira ici avec intérêt l’article de blog rédigé par la secrétaire nationale du MRC à l’éducation :

Doit-on confier le souvenir français aussi ancien et mythique à un homme validant les thèses indigénistes de la culpabilité coloniale? Je me surprends moi-même à répondre: Oh que oui. Après tout, nous avons voté les lois mémorielles rappelant les fautes de la France.

Tout est dit sur le fonctionnement de la soumission : la France est coupable de toute éternité et l’a reconnu. Il est donc normal, juste, que son organisation sociale soit aujourd’hui dominée par les indigènes de la République à qui elle a fait tant de mal.

Contester cette soumission aux indigènes, c’est le fascisme et l’ordre moral nauséabond.

Quel rapport de force aujourd’hui ?

Dans toute cette affaire, la gauche explicitement et la droite implicitement abandonnent à la "fachosphère" le soin de lutter contre la soumission. C’est un choix lourd de sens par ce qu’il annonce.

D’une part, gauche et droite de gouvernement accordent toujours plus de champ d’action au Front National et aux "dissidents" de la fachosphère en faisant d’eux les porte-paroles officiels d’une conscience qui concernent de plus en plus de Français. Les partis de gouvernement souhaiteraient légitimer le rôle de la fachosphère en conscience républicaine qu’il ne s’y prendrait pas autrement.

D’autre part, la fachosphère a marqué un point essentiel cette semaine en obtenant l’annulation du concert.La décision prise par la mairie de Verdun en dit long sur la recomposition politique qu’Internet permet. Si la mécanique des partis empêche toujours les "dissidents" d’arriver au pouvoir, en revanche Internet leur donne la puissance de faire barrage aux mauvaises décisions publiques.

Voilà qui en dit long sur les alliances tactiques à nouer demain pour redresser le pays.

Article originellement publié sur le site d'Eric Verhaeghe

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !