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Affaire des écoutes : l’espoir fou de Nicolas Sarkozy
©Capture d'écran

Ragaillardi

Avec l’annulation pour excès de pouvoir d’actes des juges d’instruction dans la très sensible affaire des écoutes, Nicolas Sarkozy peut reprendre espoir. Il ne devrait pas être jugé avant la campagne présidentielle de 2017. Et qui sait ? S’il était réélu, il serait tranquille en vertu de son immunité pénale, jusqu’en 2022.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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t si Nicolas Sarkozy, pour cause de réélection à l’Elysée en 2017, n’était jugé qu’en 2022 dans l’affaire des écoutes ? Bien sûr, l’hypothèse peut sembler loufoque, voire totalement impossible… Eh bien non, elle ne l’est pas tant que cela. En effet, la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris, dans un arrêt en date du 9 mai vient d’estimer que les juges Patricia Simon et Claire Thépaut ont commis un excès de pouvoir en souhaitant entendre l’ancien chef de l’Etat et son avocat Me Thierry Herzog-également mis en examen dans ce dossier- les 8 octobre et 20 novembre 2015… D’ailleurs, ces derniers ne se sont pas rendus à la convocation des juges d’instruction pour une raison simple : un précédent arrêt rendu par Edith Boizette, la présidente de la chambre de l’instruction de Paris avait suspendu l’instruction à partir du 23 septembre 2015 jusqu’au 22 mars 2016. Aussi, pendant cette période les magistrates ne pouvaient entendre Sarkozy et Me Herzog, sans commettre un excès de pouvoir. Résultat : l’instruction de cette affaire qui vise un ancien avocat général à la Cour de cassation, Gilbert Azibert prend du retard. Et contrairement au souhait des juges et sans doute, du pouvoir politique, l’ancien chef de l’Etat se voit accorder une sorte de sursis salvateur qui devrait lui permettre d’échapper à un procès que l’on disait virtuellement programmé pour l’automne 2016. Et comme il existe d’une règle non écrite qui dit qu’à quelques semaines d’une échéance présidentielle, la grève des confiseurs est de rigueur, le président des Républicains va donc pouvoir partir en campagne, avec une certaine sérénité. Ce qui, on s’en doute ne doit guère plaire à Alain Juppé, le favori d’aujourd’hui pour la primaire au sein du parti gaulliste, pas davantage à Bruno Le Maire ou à François Fillon.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : Nicolas Sarkozy est tout convoqué début juin pour s’expliquer une nouvelle fois sur le dossier le plus gênant pour lui. D’abord, parce que les fameuses écoutes qui laissaient entendre qu’il aurait pu aider un haut magistrat, en l’espèce Azibert en échange d’informations sur une procédure se déroulant à la Cour de cassation –la restitution de ses carnets saisis dans le cadre de l’affaire Bettencourt- ont été validées le 22 mars dernier par la Cour de Cassation. Ensuite, parce que l’instruction est virtuellement terminée. Enfin, parce que cette affaire, en raison des chefs de mise en examen- corruption, trafic d’influence- a une connotation terrible, surtout aux yeux de l’opinion. Laquelle peut se montrer plus tolérante lorsqu’un élu de la République est épinglé pour abus de biens sociaux ou financement illicite de campagne électorale. Ils font tous çà, a tendance à dire le bon peuple, qui avec les multiplications des affaires politico financières a de moins en moins confiance en ces élites.

Aujourd’hui, il le confie en privé à ses amis, mais sans faire de triomphalisme l’ancien chef de l’Etat se trouve tout ragaillardi. Oubliée l’audition du 1er juillet 2015 à l’issue de laquelle il avait été mis en examen, vers minuit après avoir longuement patienté au pôle financier. Oublié aussi son duel avec Claire Thépaut qu’il accusait d’être partiale parce que membre du Syndicat de la magistrature, organisation qui avait participé au Mur des cons. Oubliée enfin sa tentative de récusation de cette juge qui sera finalement refusée par la Cour d’appel de Paris. Désormais que va-t-il se passer ? Le calendrier, à moins d’un coup de théâtre est le suivant. Avec le récent arrêt de la cour de Paris, et la convocation de Sarkozy, Me Herzog et Azibert pour une confrontation, début juin, les juges pourront clôturer leur dossier dans la foulée. A partir de là, le Parquet disposerait de trois mois pour rédiger son réquisitoire – renvoi ou pas des trois mis en examen-. Dans le même temps les avocats des trois mis en examen pourraient formuler des demandes d’actes d’instruction auprès de Claire Thépaut et Patricia Simon. Ces dernières auront parfaitement le droit de refuser. Mais dans cette hypothèse les avocats de Sarkozy, Herzog et Azibert ne se priveront pas de faire appel de ce refus, ce qui aura pour effet de ralentir un peu plus la procédure.

Au terme de ces joutes plus que probables, c’est à dire en septembre 2016, les conseils des trois mis en examen disposeront d’un délai d’un mois pour apporter une réponse au réquisitoire du Procureur. C’est donc en octobre que les juges pourraient signer leur ordonnance de renvoi –ou non- devant le tribunal correctionnel de Paris. Les Républicains seront alors en pleine bataille pour la primaire. Restera une question clé à résoudre : à quelle date le procès sera-t-il audiencé ? Forcément, au premier trimestre 2017, au moment même où débute la campagne pour la présidentielle. L’usage –la tradition républicaine, même si le cas ne s’est jamais présenté sous la Vème République- veut que la vie judiciaire pour les élus tout du moins soit mise entre parenthèses. Sauf si, en haut lieu, on en décidait autrement. Autre question : en ce début 2017, qui sera le candidat des Républicains à la présidence de la République ? Si c’est Nicolas Sarkozy, à coup sûr, il ne pourra se retrouver, le cas échéant devant le Tribunal correctionnel. Il pourra même se mettre à rêver : en cas de retour à l’Elysée, il sera tranquille pendant 5 ans. Et ne pourra être jugé avant 2022. Hypothèse absurde ? En tout cas, pas pour l’intéressé.

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