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Réussir sa carrière et être une bonne mère sans culpabiliser
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Si vous osiez...

Fondatrice du Women's Forum et chef d'entreprise, Aude de Thuin invite les femmes à assumer enfin leurs ambitions. Extraits de son livre "Femmes, si vous osiez" (1/2).

Aude de Thuin

Aude de Thuin

Aude de Thuin, psychologue de formation, a créé en 2001 la société Wefcos pour réaliser le Women's Forum for the Economy and Society, premier forum mondial indépendant d'inspiration féminine.

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Les femmes se trouvent ainsi tiraillées entre leur travail qu'elles aiment ou dont elles ont besoin et leurs enfants qu'elles chérissent, elles oscillent entre l'image d'une femme indépendante et celle de la mama. Dès qu'un enfant rencontre une difficulté, la coupable est toute trouvée : la mère est fautive de travailler, ce qui l'empêche de concentrer toute son attention sur sa progéniture !

Jamais on ne se demande ce que fait le père, comme s'il n'avait là aucune responsabilité. Étonnant, non ? D'ailleurs, se pose-t-on la question : « Un père qui travaille est-il un bon père ? » Jamais. On considère que son rôle est de nourrir sa famille. Point. Le reste incombe à la mère. Quelle lourde responsabilité repose ainsi sur les épaules des femmes ! Car éduquer est bien la chose la plus difficile au monde. Nul-le n'est préparé-e au rôle de parent. Il faut inventer sans cesse, être attentif-ve en permanence, deviner les non-dits, faire le tri dans sa propre éducation, entre ce qu'on perpétue et ce qu'on abandonne, reculer sans cesse ses propres limites, aimer toujours et encore plus... 24 heures/24, 7 jours/7, 365 jours/an, au moins pendant dix-huit ans ! Un vrai sacerdoce !

Dans leur désir de perfection très féminin, mais aussi largement inspiré par le culte de la performance de notre société, les femmes voudraient être sur les deux fronts en même temps, réussir pareillement leur carrière et leur maternage. Il faut arrêter de se croire superwoman.

Nous ne pouvons faire que ce que nous pouvons ; nous ne disposons pas d'un temps, d'une énergie et d'une connaissance illimités. Cessons de culpabiliser, comme nous le rappelle Clara Gaymard : « Nos grands-mères travaillaient. Elles ne se posaient pas la question de savoir si elles étaient bonnes mères. La culpabilité, c'est un luxe. Il y a mille et une manières de montrer à nos enfants qu'ils sont au cœur de nos vies. » [1] La culpabilité ne sert absolument à rien, sauf à nous rabaisser et à nous faire souffrir. Faisons du mieux que nous pouvons et ayons la conscience tranquille car la perfection n'est pas de ce monde.

Libby Purves avec son best-seller Comment ne pas être une mère parfaite (ou comment faire pour avoir la paix) [2] a fait œuvre utile : elle a déculpabilisé des millions de mères. J'aime son message résumé sur la couverture :« Soyez vous-même et vos bébés seront les plus heureux du monde... et vous aussi. »Une maman épanouie vaut, en effet, mieux qu'une maison bien rangée et que de bons petits plats. Les enfants en sont les premiers convaincus.

Être soi-même, cela peut signifier pour une femme de décider de travailler ou de s'occuper uniquement de ses enfants. Si le choix d'être mère au foyer est fait en dehors de toute pression familiale ou sociétale, si c'est un vrai choix de vie, une sorte de mission, je le respecte pleinement. J'en profite pour dire combien on a tort de dire que les femmes au foyer ne travaillent pas. Il faut avoir vécu une seule de leurs journées pour savoir combien l'expression est insensée. Ces femmes ne comptent ni leurs heures ni leurs efforts au service de leur famille, sans pour autant percevoir une quelconque rémunération et encore moins l'estime de quiconque. Que justice leur soit ici rendue !

Je crois néanmoins que le choix entre foyer et travail relève souvent d'un réflexe pavlovien, d'un conditionnement ancestral qui nous pousse à rentrer à la maison et ainsi à être comme nos mères, nos grands-mères et arrière-grands-mères. Lorsque je vois des jeunes femmes brillantes quitter leur travail à l'arrivée de leur premier ou deuxième bébé, je me demande où elles trouvent leur nourriture intellectuelle, leur source d'épanouissement. Avec 77,1 % de femmes qui travaillent aujourd'hui, le modèle devrait s'étioler de lui-même avec le temps.

[1] L/ONTOP, octobre 2010
[2] Odile Jacob, 1994

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Extraits deFemmes, si vous osiez : Le monde s'en porterait mieux, Robert Laffont (19 janvier 2012)

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