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Michel Temer, le nouveau Président (très libéral) du Brésil par intérim
©Ueslei Marcelino / Reuters

Nouveau visage

Alors que Dilma Rousseff doit se consacrer à sa défense, son ancien allié s'apprête à prendre sa place et atteindre la plus haute marche du pouvoir.

Fin de partie pour Dilma Rousseff. La Présidente du Brésil a finalement été écartée du pouvoir par le "Senado Federal" jeudi 12 mai, à l'issue d'une rocambolesque séquence politico-médiatique. La chef de l'Etat est donc écartée du pouvoir pendant 180 jours pendant lesquels elle devra assurer sa défense. Comme le prévoit la Constitution brésilienne, c'est au vice-président, et allié-devenu-ennemi Michel Temer, d'assurer l'intérim. 

Une différence de style

Cela faisait de long mois que la guerre était déclarée avec Dilma Rousseff. Celle qui l'avait sollicité à de nombreuses reprises depuis 2010 pour gérer les relations tendues avec le Parlement en était venue à l'accuser d'être le chef d'orchestre d'un "coup d'Etat institutionnel" à son encontre. Et l'entourage de la Présidente n'est pas plus clémente, le qualifiant également de "comploteur" et même "d'éjaculateur précoce"… On est loin d'une relation cordiale comme celle du début…

L'édition en anglais de Reuters le décrit plutôt comme un homme mesuré, à l'écoute tout en étant tenace. Une différence de taille avec l'ancienne Présidente, connue pour ne pas mâcher ses mots. "Il crée des passerelles entre les différentes positions, et sera capable de s'assurer du soutien du Congrès pour mener les réformes nécessaires à la revitalisation de l'économie du pays et du système politique" envisage même le député Darcisio Perondi, l'un de ses plus anciens proches. Une qualité qui lui serait certainement utile, car le programme libéral qu'il projette pour le pays rencontrera une forte opposition de la part du Parlement qu'il connaît pourtant bien.

Crise politique

Déchirée depuis le lancement de la procédure de destitution, la société brésilienne vit depuis 2010 une crise politique sans précédent qui implique des responsables gouvernementaux dans une affaire de corruption. Et si Dilma Rousseff a pu compter sur quelques opposants à sa destitution, c'est surtout parce que la procédure d'impeachment est vécue comme une atteinte à la démocratie, une reprise du pouvoir par les élites et les industriels.

Ceux qui étaient favorables à sa destitution, s'ils crient victoire, ne sont pas pour autant des plus optimistes car ils constatent le niveau de corruption dans la sphère politique brésilienne. "L’opération Lava Jato (autour de Petrobras et des grandes compagnies de travaux public) a révélé quetout le monde est impacté par la corruption." a récemment déclaré pour Atlantico Pierre Salama spécialiste de l'Amérique du Sud. "Cela va bien au-delà de la petite maison ou du petit duplex de Lula […] il y a aujourd’hui en Amérique latine, de la part de la base, de la population, un refus du système de corruption qui domine" précise-t-il.

Une intérim qui s'annonce chargée

Mission qui paraît pourtant délicate pour le futur résident du Palais du Planalto, car il est lui-même impliqué dans l'affaire Petrobras… Michel Temer devrait pourtant parvenir à réorganiser l'équipe gouvernementale en place. "Aujourd'hui, nous essayons de surmonter cette situation en révoquant ce gouvernement irresponsable. Nous n'avons pas d'alternative", a par ailleurs déclaré Blairo Maggi, producteur brésilien de soja qui devrait entrer au gouvernement à l'Agriculture, selon l'agence de presse.

Il faut dire qu'outre le contexte politique, l'économie du pays affronte la plus grande récession de son histoire, avec un taux de chômage dépassant les 10% de sa population active. Et bien qu'il n'est crédité que de 1 à 3% des intentions de vote, il pourra compter sur la confiance de la Bourse et sur sa fine connaissance des rouages parlementaires pour faciliter la mise en place de son action politique.

"Michel Temer veut restaurer la crédibilité du pays. Il y aura des coupes, une réduction des ministères et des dépenses, une baisse des investissements publics. Le pays vit à un moment où il doit faire des sacrifices. Michel Temer ne sera pas populaire à court terme, mais plus tard, l’Histoire se souviendra", explique par ailleurs son entourage proche au Monde. Un tournant libéral délicat, alors que le pays sort d'une période où la gauche était aux commandes, et où la population a conscience de la crise sociale principalement subie par les plus pauvres. Autre événement qui pourrait mettre un terme à ses projets, que Dilma Rousseff ressorte blanchie des accusations à l'issue du procès…

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