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Comment et pourquoi Yvan Attal est brusquement devenu un réalisateur "franco-israélien"
©Reuters

Changement d'identité

Acteur et cinéaste, il était jusqu'à maintenant connu en bien. Il le sera beaucoup moins en tant que juif…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Pendant longtemps, Yvan Attal avait vécu plutôt peinard. Acteur réputé talentueux, il avait reçu en 1990 le prix Michel Simon et le César du meilleur espoir masculin. Il avait enchaîné les films, la plupart comme acteur, quelques-uns en tant que réalisateur. La presse parlait d'Yvan Attal. Plutôt en bien.

Mais sa carrière fut marquée par plusieurs dérapages (du point de vue de la doxa politiquement correcte). Le premier lui fut assez facilement pardonné : une erreur de jeunesse. Il avait accepté de jouer le rôle d'un jeune Français s'engageant dans le Mossad pour le film Les Patriotes d'Éric Rochant. Son deuxième écart passa plus difficilement. Sous la direction de Spielberg, il tourna dans Munich, qui racontait comment les services secrets de l'état hébreu traquèrent les assassins des athlètes israéliens lors des JO de Munich en 1972.

Or, Yvan Attal vient définitivement d'aggraver son cas avec Ils sont partout, un film qui tourne en dérision les clichés antisémites assez prospères en France. Grand est le scandale. Parler d'antisémitisme, c'est évidemment tenter d'occulter l'islamophobie galopante qui ravage nos plaines et nos montagnes ! Evoquer l'antisémitisme, c'est évidemment servir les intérêts des colons sionistes qui s'installent en Judée-Samarie ! Des Arabes souffrent en Israël et en France et on viendrait nous em… avec quelques Juifs tués à Toulouse et à la porte de Vincennes ? Mais, il veut quoi cet Attal ? Et en plus, il s'appelle Attal.

Le producteur du film s'appelle Thomas Langmann. Parmi les acteurs, Charlotte Gainsbourg, la fille du Juif Gainsbourg, Gilles Lellouche, Dany Boon. Et le nom de la scénariste - Emilie Frèche - n'arrange pas les choses. Aucune représentation équitable de la diversité. Quant aux Français de souche, il y en a un. Mais il a un mauvais, très mauvais rôle : celui de l'antisémite. C'était quand même plus facile (et beaucoup moins courageux) que de chercher un Idriss, un Mohammed, un Nordine…

Certains médias - Le Point notamment - se sont mis donc à parler du réalisateur "franco-israélien" Yvan Attal. Il fallait que les lecteurs, auditeurs et spectateurs sachent à qui ils avaient à faire. Une étoile jaune pour Yvan Attal ! J'exagère là ? Un peu seulement. La presse a quand même beaucoup aimé La Vérité si je mens ! Des Juifs du Sentier qui se moquent des Juifs du Sentier, c'est sympa. Mais un Juif, le "franco-israélien" Yvan Attal qui s'attaque à l'antisémitisme, c'est évidemment difficilement supportable. 

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