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Le libéralisme fantasmé de François Hollande
©Reuters

Illusions

Au regard du niveau des prélèvements obligatoires, de la dépense publique, des prestations sociales versées aux ménages, etc. difficile de croire que la France de François Hollande puisse être libérale. C'est pourtant ce qu'affirme la gauche de la gauche qui crie à la trahison.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Ainsi donc, François Hollande pratiquerait le libéralisme! Cette idée répandue à la gauche de la gauche fait d’autant plus sourire qu’elle s’est ancrée dans les esprits sans qu’on n’y prenne vraiment garde. Elle fait partie de ces vieilles rumeurs, de ces mistigris, qui circulent on ne sait plus pourquoi. Mais l’idée s’incruste et circule partout comme une évidence: les exemples sont trop nombreux pour qu’on les relève tous.

Le libéralisme fantasmé

La meilleure réplique à cette fausse idée me semble avoir été donnée par Henri Weber dans Libération en fin de semaine. Cet intellectuel membre du Parti socialiste a le bon goût de rappeler quelques évidences que les lecteurs de ce blog ont pu lire ici-même. En voici un florilège:

Le procès en trahison libérale qui est fait à François Hollande a quelque chose de comique. Sous sa présidence, la dépense publique a atteint 57 % du PIB, record des pays de l’OCDE, les prélèvements obligatoires tangentent les 45 %, seconde place du podium, après le Danemark. Jusqu’à quel niveau faudra-t-il porter ces scores pour mériter le doux nom de social-démocrate ? 60 %, 70 %, 80 % ?

Dans notre France «social-libérale», plus de la moitié de la richesse produite est prélevée et redistribuée. Les prestations sociales en espèces versées par les administrations (retraites, allocations diverses…), représentent 25,3 % du revenu disponible des ménages, les transferts sociaux en nature (école, santé…), en représentent 21,3 %. Près de la moitié du revenu des ménages (46,6 %) est donc socialisée et provient de la dépense publique.

On ne pouvait pas dire mieux. Prétendre que l’économie française est libérale constitue une évidente imposture. Le système Hollande n’a rien de libéral.

Hollande et le grand capital

Si François Hollande a pratiqué une politique résolument non-libérale, cela ne signifie pas qu’il ait cherché à nuire (contrairement à ses fameuses affirmations du discours du Bourget sur la finance) au grand capital. Au contraire, il s’en montre régulièrement un ami zélé et un défenseur fidèle.

On ne compte plus, dans la pratique, les cadeaux faits par François Hollande aux grandes entreprises françaises et à leurs patrons. Depuis 2012, aucun d’entre eux ne peut véritablement se plaindre du traitement qui leur est réservé. Le pacte de responsabilité comme la loi El Khomri en sont quelques exemples.

D’une manière générale, les grandes entreprises françaises peuvent se féliciter des quatre années qu’elles viennent de passer. Une étude attentive des dividendes distribués par le CAC 40 le prouvera.

Grand capital et économie administrée font bon ménage

On ne répètera jamais assez que la déclaration de guerre à la finance n’a rien de contradictoire avec les amitiés que François Hollande entretient dans le grand capital. Le capitalisme français est en effet tout sauf libéral. D’une manière générale, il déteste l’économie de marché et adore les connivences qui lui permettent d’obtenir du pouvoir en place (et singulièrement de Bercy) des normes extrêmement favorables et protectrices.

De ce point de vue, l’occultation du lien profond entre le grand capital et l’Etat, telle qu’elle est pratiquée à gauche, est dévastatrice. Elle fait vivre la fiction d’un antagonisme entre capitalisme et économie administrée. La réalité française respire pourtant le contraire: le capitalisme français n’est puissant que parce qu’il est protégé par l’Etat.

Contrairement aux illusions d’une certaine gauche, la meilleure façon de lutter contre le capitalisme ne consiste pas à renforcer l’Etat, car il est un instrument de domination entre les mains des rentiers. Elle consiste au contraire à l’affaiblir.

Cet article a été également publié sur le blog d'Eric Verhaeghe

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