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Et maintenant le Veep : Donald Trump face à un choix réduit mais capital pour son candidat vice-président
©Carlo Allegri / Reuters

Appel à candidature

Donald Trump étant désormais le "candidat présumé" ("presumptive nominee") du parti Républicain pour l’élection présidentielle du 8 novembre, il se doit de désigner un vice-président. Car les Américains élisent leur président et leur vice-président ensemble. Il y a toujours deux noms sur le "ticket" d’un parti.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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Traditionnellement, l’identité du numéro deux est révélée juste avant la convention, histoire de ménager un certain suspense et susciter l’attention des médias. Mais pour Trump, attendre ne servirait à rien. Il est la sensation du moment - un moment qui a commencé voici onze mois, qui a duré plus longtemps que quiconque s’y attendait et qui se prolonge encore sans qu’on puisse dire quand il cessera et s’il cessera même un jour… Les médias n’ont d’yeux que pour lui.

Et il a besoin de reconstruire l’unité du parti républicain. Le choix de son vice-président sera déterminant dans cette démarche. Il est donc probable que Trump annoncera son choix rapidement.

Traditionnellement en politique américaine, deux critères guident la désignation du vice-président. Soit il est choisi pour aider le candidat à se faire élire, soit il est choisi pour aider le futur président à gouverner.

C’est la première option qui prévaut généralement. Sauf lorsqu’un président sortant très populaire se présente pour être réélu. Ce fut le cas en 1940 et 1944 lorsque Franklin Roosevelt se présenta à un troisième puis un quatrième mandat (la limitation à deux mandats n’avait pas encore été inscrite dans la Constitution) avec à chaque fois un vice-président différent.

Pour aider un candidat à se faire élire, le vice-président doit donc être en mesure de lui apporter des électeurs. Dès lors, deux cas de figure se présentent. Soit il apporte les électeurs de sa région, ou même de son Etat si celui-ci est déterminant dans la bataille. Soit il apporte un groupe d’électeurs – les jeunes, les femmes, les minorités, les catholiques, etc – et contribue à élargir la base électorale du candidat au plan national.

Les Etats qui comptent en 2016 sont au nombre de sept. Dans l’ordre d’importance, il s’agit de la Floride, la Pennsylvanie, l’Ohio, la Virginie, le Wisconsin, le Colorado et l’Iowa.

Ils comptent parce que ce sont des "swing states", des Etats susceptibles de faire la différence, selon qu’ils penchent d’un côté ou de l’autre et que, de par leur population, ils représentent un nombre appréciable de grands électeurs (entre 9 et 29).

La Floride, avec ses 29 électeurs, est très prisée. Elle pourrait inciter Trump à se rapprocher d’un Marco Rubio, qui est sénateur de cet Etat et fut candidat à la primaire, ou d’un Jeb Bush, qui en fut gouverneur. Mais il les a tellement mal traités l’un et l’autre durant la campagne qu’un rapprochement de dernière minute semblerait artificiel, et aurait toutes les apparences d’une collusion politique, soit exactement le type d’arrangement que Trump condamne dans ses discours…

L’Ohio est également crucial. De toute l’histoire américaine, aucun candidat républicain n’est devenu président sans emporter l’Ohio. Et cette année, Donald Trump aura beaucoup de mal à parvenir à la Maison Blanche s’il ne gagne pas dans cet Etat. Ce qui fait de John Kasich le candidat numéro un à la désignation comme vice-président. Kasich est le gouverneur de l’Ohio. Il est populaire et respecté chez lui. Le 15 mars, il a aisément remporté la primaire de cet Etat. Ce fut sa seule vraie victoire de toute la campagne, mais il est désormais connu des électeurs américains. Kasich est aussi un "modéré" qui serait susceptible d’attirer les démocrates centristes déçus par Hillary. Il était d’ailleurs le seul des candidats républicains qui devançait la candidate démocrate dans les sondages, en cas d’une confrontation en novembre. Kasich a également passé dix-huit ans au Congrès comme représentant de l’Ohio. Il pourrait à la fois faciliter le ralliement des barons du parti à la candidature de Trump, et compenser son manque d’expérience politique en cas de victoire. Enfin, c’est quelqu’un de posé, réfléchi et rassurant, dont la personnalité peut contrebalancer le caractère impulsif et excessif de Donald Trump.

Toutefois, si l’Ohio est important, ce n’est pas le seul Etat dont Trump aura besoin le 8 novembre. Il lui faudra en emporter deux ou trois autres, dont la Virginie, ou le Wisconsin, ou le Colorado, ou même la Pennsylvanie. Pour avoir une chance d’y parvenir, il devra faire le plein de toutes les voix républicaines, y compris celles des plus conservateurs. Exactement ce que Romney avait échoué à réaliser en 2012 et qui lui avait coûté la victoire. Or, pour l’instant un certain nombre de conservateurs au sein du parti sont toujours vent debout contre sa candidature. D’où la tentation de proposer la vice-présidence à Ted Cruz ! Le sénateur du Texas fut le plus coriace de ses adversaires, et c’est de loin le plus conservateur de tous par ses idées. Il rassurerait à la fois la base proche du Tea Party et l’establishment intellectuel qui a fait campagne pour lui, soit depuis le début, soit depuis que Marco Rubio s’est retiré. Ted Cruz est également le candidat qui a rassemblé le plus grand nombre de voix après Trump lors des primaires. A eux deux, ils ont reçu (à la date du 5 mai) 18 millions de suffrages, contre 12 millions pour Hillary Clinton. Sachant qu’il en faudra 65 millions, au moins, pour gagner en novembre…

Il existe d’autres cas de figure bien sûr. Donald Trump accuse un déficit sur Hillary Clinton au sein de l’électorat féminin. Il pourrait donc désigner une femme au poste de VP, pour compenser ce retard. Nikki Haley, dynamique gouverneur de la Caroline du Sud, serait alors toute désignée. Tout comme Kelly Ayotte, sénateur du New Hampshire. Carly Fiorina, qui a rejoint Cruz au dernier moment, est hors course. Sarah Palin, aussi, parce qu’elle a déjà eu sa chance et qu’elle attire un électorat populiste déjà acquis à Donald Trump.

Trump est également accusé (à tort) de s’être aliéné la communauté hispanique par ses positions radicales sur l’immigration clandestine. Il pourrait compenser ce handicap en désignant Suzanna Martinez au poste de vice-présidente. Elle est gouverneur de l’Etat du Nouveau Mexique, elle est d’origine hispanique et c’est une femme ! Ainsi Trump tendrait la main à deux catégories d’électeurs à la fois.

Bref, le candidat présumé républicain peut choisir entre plusieurs personnes, mais trois occupent la tête de sa liste : Cruz, Kasich et Martinez.

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