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Si la France rompt avec l’Europe comme le FN le souhaite, il ne lui resterait plus qu’à s’allier avec la Grèce
©Reuters

Bonnes feuilles

Cet ouvrage analyse point par point le programme du Front national pour donner des clés de lecture et mettre en évidence ses contradictions et ses dangers. Extrait de "La vérité sur le programme du Front national" par Maël de Calan, aux éditions Plon 2/2

Maël de Calan

Maël de Calan

Maël de Calan est conseiller départemental du Finistère et conseiller d'Alain Juppé.

Il est l'auteur de "La vérité sur le programme du Front national" (Plon).

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La politique étrangère du FN : rompre avec tous nos alliés, isoler la France dans le concert des nations et vendre notre âme aux dictateurs

Un renversement d’alliances qui nous conduirait à rompre avec l’ensemble des démocraties

On a gardé le meilleur pour la fin. De toutes les propositions formulées par le Front national, ce sont probablement les sujets de politique internationale qui sont à la fois les plus méconnus et qui font le plus frémir. On dit qu’il ne faut jamais juger les gens à leurs fréquentations. Mais en prenant la défense des régimes les plus détestables de la planète, le FN nous rappelle d’une certaine manière d’où il vient, et qui il est : un «parti voyou» qui a ramassé le flambeau abandonné en 1989 par le parti communiste, qui avait lui-même consacré un demi-siècle à défendre un système concentrationnaire, et en général tous les pays qui s’attaquaient à la liberté.

Les positions du FN en matière de politique étrangère peuvent surprendre, tant le sujet fait consensus en France. Depuis le général de Gaulle, ses grandes lignes, auxquelles la gauche socialiste s’est finalement ralliée en 1981, ont peu évolué : la France s’inscrit à la fois dans un système d’alliances européen et atlantiste, qui correspond peu ou prou à la carte des démocraties occidentales, tout en conservant son indépendance stratégique et sa liberté de ton. Mais ce serait oublier que les extrêmes de gauche comme de droite n’ont jamais adhéré à cette politique guidée autant par nos valeurs que par nos intérêts. Par idéologie ou détestation du «système», ces formations se sont toujours entendues pour dénoncer à grands coups de théories complotistes l’ensemble de nos alliés, notamment anglo-saxons, et soutenir à la place l’internationale des dictateurs, Fidel Castro ou les mollahs iraniens hier, Poutine ou Chávez plus récemment.

Ainsi, une fois qu’on a dépassé les poncifs lénifiants sur les grandes orientations en matière de politique internationale («notre projet de politique étrangère est tout à la fois un projet de puissance pour la France et de paix pour le monde »), qu’on a renoncé à identifier une quelconque réflexion derrière des pétitions de principe aussi creuses qu’imprécises (« réaffirmer et préciser notre concept de dissuasion nucléaire, laquelle demeure le fondement de notre stratégie de défense, la garantie ultime de la sécurité et de l’indépendance nationale ») et qu’on a décidé, par charité, d’ignorer les «perles » illustrant un amateurisme manifeste (proposer la création d’une «Garde nationale de 50000 hommes » alors qu’elle existe déjà – c’est la Réserve !), le FN propose trois ruptures.

Rupture avec l’Europe, d’abord. La critique de l’euro a fini par masquer l’autre pan de la politique européenne du Front national, probablement le plus lourd de conséquences : «Dans le cadre de l’article 50 du traité de l’Union européenne 1 , il convient d’initier une renégociation des traités afin de rompre avec la construction européenne [...] Aux termes de ce processus, il faudra que la France retrouve la maîtrise de ses frontières, de préférence au sein d’une association libre d’Etats européens partageant la même vision et les mêmes intérêts.» Ceux des Français qui votent FN par rejet d’une Europe à la fois impuissante et tatillonne, qui a oublié le principe de subsidiarité 2 pour lui préférer un principe d’harmonisation, n’imaginent probablement pas les conséquences d’une disparition de l’Union. Fermeture des frontières pour les personnes, fermeture des marchés pour nos agriculteurs et nos entreprises, disparition de toutes les politiques communes, depuis la politique agricole jusqu’à Erasmus, les conséquences pour la France en termes de recul économique et d’isolement politique seraient incalculables. Car, quel que soit le poids de la France en Europe, celle-ci continuerait probablement à exister sans nous. Sauf à lui porter un coup mortel et à menacer ainsi la stabilité du continent, on voit mal avec qui la France pourrait créer cette «association libre d’Etats européens» que le FN appelle de ses vœux, sauf peut-être une nouvelle Grèce tirée vers les sommets par Alexis Tsipras ou Yánis Varoufákis.

1. L’article 50 du TUE est celui qui permet et organise la sortie volontaire de tout Etat membre de l’Union européenne.

2. Selon lequel l’Europe ne peut en principe s’intéresser qu’aux sujets qui ne seraient pas mieux traités par les Etats membres.

Extrait de La vérité sur le programme du Front national Maël de Calan, publié aux éditions Plon, mai 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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