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"Classe ouvrière" ? On se trompe trop facilement sur la sociologie des électeurs de Trump
©Carlo Allegri / Reuters

Sans dents riches

La Trump attitude n'est pas seulement une affaire de revenus.

Alors que Donald Trump vient de s'assurer à coup quasi-sûr la nomination du Parti républicain à l'élection présidentielle américaine, l'analyse du phénomène continue. Un des poncifs que l'on entend beaucoup est que la montée de Trump est une "révolte de la classe ouvrière" et de l'électorat ouvrier, attiré par le populisme et hostile aux élites.

La situation est beaucoup plus complexe que cela, comme le signale l'analyste Nate Silver du site FiveThirtyEight. "Si on les compare à la plupart des Américains, les électeurs de Trump sont plus aisés."

Après avoir regardé les données des sondages de sortie des urnes, il a calculé que le revenu médian du foyer des électeurs de Trump est d'environ 72 000 dollars par an, ce qui est au-dessus du revenu médian des Américains (56 000), et des électeurs d'Hillary Clinton et Bernie Sanders (61 000). Par contre, les électeurs de John Kasich, dernier candidat républicain en lice, et de Marco Rubio, challenger battu, ont des revenus élevés.

En général, les électeurs républicains sont plus aisés que les électeurs démocrates, et les électeurs, en particulier pour des primaires, sont plus aisés que la population générale. De plus, si le phénomène Trump a été associé à une plus forte participation aux primaires, il n'y a pas de signe que ces nouveaux électeurs soient particulièrement issus de la classe ouvrière : cette année, 29% des votants aux primaires ont des revenus inférieurs à 50 000 dollars, contre 21% à l'élection précédente.

Qu'est-ce qui distingue les électeurs de Trump ?

La blancheur, d'abord. Et le chromosome Y, ensuite. C'est ce qui ressort d'une analyse du Washington Post.

Ensuite, l'éducation. C'est un aspect du phénomène Trump que les revenus peuvent masquer. En effet, de nombreux sociologues et statisticiens préfèrent parler de "classe ouvrière" pour les gens qui n'ont pas de diplôme de l'enseignement supérieur. En effet, surtout aux Etats-Unis, quelqu'un peut être, par exemple, artisan, commerçant, entrepreneur, vendeur, n'avoir pas fait d'études, avoir un revenu élevé, mais être néanmoins "culturellement" de la classe ouvrière et avoir plus en commun du point de vue des valeurs avec un ouvrier qu'avec un avocat ou un médecin qui aurait des revenus plus proches. Ceci dit, pas d'éxagération : si les électeurs de Trump sont moins nombreux à avoir un diplôme que ceux de ses rivaux républicains, ils sont néanmoins 44%, soit plus que la moyenne générale (29%).

Enfin, la religion - ou plutôt son absence, fait frappant pour un candidat républicain. Si Trump est le premier parmi les électeurs qui se déclarent "évangéliques", par contre, le facteur le plus négativement corrélé avec le fait d'être un soutien de Trump est…le fait d'aller à un office le dimanche, comme le fait remarquer le site Vox. Autrement dit, les chrétiens croyants et pratiquants rejettent Trump, ce qui n'étonnera personne, surtout pas le pape François, mais mérite d'être signalé étant donné la réputation de "parti religieux" du Parti républicain. 

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