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Sommet social : et si on aidait les entreprises qui créent de l'emploi, pas celles qui sont sous perfusion
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EDITORIAL

A la veille du sommet social où chacun est invité à formuler diagnostics et prescriptions, à une époque où les finances publiques sont bien sûr à bout de souffle, comment retrouver un cercle vertueux qui conjugue croissance et emploi ?

Alain Renaudin

Alain Renaudin

Alain Renaudin dirige le cabinet "NewCorp Conseil" qu'il a créé, sur la base d'une double expérience en tant que dirigeant d’institut de sondage, l’Ifop, et d’agence de communication au sein de DDB Groupe.

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Plutôt que de tenter de maintenir des activités sous perfusion publique, il serait sans doute plus judicieux, au risque d’apparences iconoclastes, d’encourager les secteurs porteurs, les entreprises dynamiques. Comme en matière de judo, il s’agit davantage d’utiliser la force du marché, d’encourager le mouvement plutôt que de tenter de maintenir une inertie grippée.

Il faut bien sûr améliorer la compétitivité des entreprises, surtout celles qui exportent, mais la finalité sociale est bien celle de l’emploi. Hors, des entreprises qui embauchent, elles existent, c’est donc bien possible. S’il peut être considéré comme compliqué d’embaucher et sans doute coûteux, il n’en demeure pas moins que cela persiste bien sûr, lorsque convergent la volonté entrepreneuriale, le dynamisme du marché, et la valeur ajoutée.

On peut toujours essayer de créer des conditions favorables à l’emploi via de l’incitation fiscale, et les dispositifs existants doivent être maintenus si leur impact est mesuré, et jugé en solde positif, mais les entreprises embauchent d’abord pour faire face à de l’activité, réelle, ou anticipée, pas de façon « artificielle » en raison de tel ou tel dispositif.

Ces entreprises qui recrutent aujourd’hui ont donc des perspectives, sont volontaristes, se portent bien. Ce sont ces entreprises en développement, qu’il faut accompagner, aider, booster. Si elles recrutent, TPE, « gazelles », ou grandes entreprises, ce sont des entreprises locomotives, des entreprises qui gagnent.

En outre, nous nous rendons bien compte qu’il faut éviter les effets d’aubaine, les dispositifs « one shot » qui sont des fusils à un coup, qu’il faut surtout créer du volume, et un effet vertueux pérenne. Les entreprises de leur côté doivent être dédiabolisées. Même si des comportements déviants existent là comme ailleurs, même si les plans sociaux font les gros titres parce qu’un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse, il faut revaloriser les entreprises, comme acteurs citoyens, comme des partenaires de l’emploi, des développeurs d’emplois. Il y a de bons élèves de l’emploi, il faut les encourager, pousser vers le haut plutôt que niveler par le bas, montrer que c’est possible. On ne parle que des plans sociaux, on ne parle jamais des plans d’embauches ! Il faut trouver un moyen d’indiquer, de repérer, les entreprises et les secteurs qui sont sur un trend d’emploi positif.

Non , ce n'est pas dur de recruter

Évitons de maintenir dans l’état d’esprit collectif que « c’est dur de recruter », voire, pire encore, que ce n’est pas naturel. Des entreprises embauchent, des marchés se développent, il y a des débouchés, des secteurs porteurs. Certains doivent être soutenus par les pouvoirs publics, et même orientés (je pense évidemment à toutes les filières green businesses), certains sont « auto-déterminés » par le marché : il suffit de regarder là où on embauche, l’évolution des chiffres d’affaire, etc.

Il se trouve en outre, comme tout le monde le sait, que nous n’avons pas assez de grosses PME, qu’il faut pousser les entreprises à grandir, et pas uniquement entre 10 et 20 salariés, tout le temps, même entre 500 et 5000, etc.

Les entreprises sont parties prenantes, sont engagées, ont des responsabilités sociales (et environnementales), certaines le revendiquent et tant mieux : donnons les moyens aux entreprises d’afficher leur engagement pour l’emploi, et, le cas échéant, de les encourager et de les féliciter pour cela : il ne faut pas faire du « Name and Shame », mais du « Name and Pride » ! Il faut rentrer dans le cercle vertueux de l’emploi : les entreprises qui recrutent doivent recruter davantage.

Alors pourquoi ne pas imaginer que plus on embauche, plus on gagne à embaucher, plus le coût du travail « marginal » se réduit par exemple ? Chaque entreprise disposerait pour cela d’une sorte de Compte Création d’Emplois, sur la base de son solde recrutements – licenciements. Un « CCE » qui pourrait être calculé au fil de l’eau, par an, par trimestre, par secteur, par région, par type de contrat (CCE-CDI par exemple), etc. Plus le CCE est positif (en valeur absolue et/ou en indice pour encourager les petites entreprises), plus l’entreprise « mérite » facilités/aides/encouragements pour aller encore plus loin et plus vite. C’est une sorte d’abondement public à l’emploi. Plus le CCE est positif, plus l’entreprise est une EPE, une Entreprise Partenaire de l’Emploi, ce peut être une source de fierté collective interne, de revendication, etc. (qui aujourd’hui peut facilement dire ou savoir où en est telle ou telle entreprise, ou même la sienne, en terme de dynamique de l’emploi ?)

Il y aurait énormément de vertu pédagogique à mieux indiquer et valoriser les entreprises, secteurs et filières en développement d’emplois, autour d’une forme d’émulation positive sur l’emploi. C’est cet effet d’entrainement qu’il faut rechercher, nous décomplexer face aux réussites et aux succès, être heureux et motivé par le bonheur de l’autre, comme nous le sommes aujourd’hui pour l’extraordinaire aventure de Jean Dujardin.

Soyons aussi fiers et entraînés par nos Golden Globes économiques, en attendant les Oscars ! (Bonne chance Jean).

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