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Non, l’Euro ne sera pas assassiné !
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Crise de l'euro

Afin de faire face aux menaces qui planent sur la zone euro, les chefs d'État et de gouvernement des 27 pays de l'UE se réunissent ce jeudi 24 mars à Bruxelles. Les dirigeants européens se sont entendus pour faire passer de 250 à 440 milliards d'euros le Fonds de stabilité européen, dont la fonction première reste de... sauver la monnaie unique

Olivier Barthalon

Olivier Barthalon

 Olivier Barthalon est banquier, en charge du contrôle des activités internationales de BNP Paribas. Membre d’ un cercle de réflexion économique, il a également publié L'euro : 10 ans après - Un premier bilan à l'heure de la crise financière, en 2009.

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La veille du sommet européen du 16 décembre 2010, la Chancelière allemande Angela Merkel déclarait, sans doute pour se racheter de gestes maladroits, que « l’euro, c’est comme la réunification allemande, c’est irréversible ». J’aurais envie d’ajouter, « c’est comme l’existence de la France, de l’Europe ou des Etats-Unis : c’est un fait incontestable ! ».

Pourquoi l’Europe ?

Parce que nos pères, après avoir connu au XXe siècle une double guerre civile européenne qui s’est soldée par des dizaines de millions de morts, ont décidé une révolution pacifique : construire l’unification du continent dans la paix. Certes, il existe des sources de tensions ou de différents importants, mais la solution pragmatique pour les résoudre, après plusieurs conflits meurtriers, nous semble être la négociation et la concertation. L’Union européenne est née pour limiter les conflits et permettre aux citoyens de vivre dans la paix, la liberté et la démocratie. Toutefois, même si c’est déjà beaucoup, ce n’est pas suffisant !

Les Européens ont besoin de développer leur économie pour augmenter leur niveau de vie. La construction de l’Europe s’est donc faite pas à pas, en multipliant les projets communs et les échanges économiques. Ils ont permis un développement économique prodigieux, à tel point que l’Union européenne est devenue de loin la première économie du monde (son PIB dépassant celui des États-Unis de 30 %). Ses membres ont construit une économie de plus en plus intégrée, avec une grande liberté d’entreprendre, en faisant tomber les barrières internes qu’étaient les frontières et les monnaies différentes. Les pays de l’Europe centrale et des Balkans rejoignent ce marché et vont atteindre ce niveau de vie assez rapidement.

L’euro : dernier grand progrès indispensable

Afin d’éviter les graves crises de change à l’intérieur de l’Europe (on se souvient des échecs du serpent monétaire) et de conforter le marché unique, les Européens ont décidé de créer la monnaie unique. Les dévaluations compétitives qui tuaient les circuits commerciaux sont de facto interdites : la stabilité de change que l’Europe connaît depuis plus de douze ans a permis d’enregistrer au deuxième trimestre 2010 une reprise économique plus précoce qu’aux Etats-Unis.

Cependant, malgré les avertissements de Jacques Delors dès 1995, alors qu’il quittait ses fonctions de président de la Commission européenne, les Européens ont bâti une zone euro imparfaite car incomplète. Pour ses dix-sept membres, il manque des politiques communes intégrées (économiques, budgétaires, fiscales, d’équilibres extérieurs, de salaires et de compétitivité, de gestion des dettes, avec la création d’un Fonds monétaire européen FME). Malgré leur lenteur, qui a laissé le champ trop libre aux spéculateurs, nos dirigeants s’y attellent, car sortir de la zone euro serait suicidaire pour tout pays qui s’y risquerait.

Les petits pays périphériques le savent bien : une crise du surendettement soumet à des taux d’intérêt très élevés (jusqu’à 20 %, comme ils ont pu le subir déjà dans le passé et comme a pu l’expérimenter l’Islande en 2009). Ce dernier pays a vu également sa monnaie se dévaluer de 70 %, accompagné d’une baisse des salaires de 20 %... Quant aux prêts contractés en euros, ils resteront dus en euros ! Voilà ce que sortir de la zone euro signifie : une perte de confiance entraînant des taux d’intérêt très élevés et un baisse drastique des revenus et du patrimoine. Quel gouvernement responsable peut engager son pays dans cette voie ? La rigueur, limitant les hausses passées excessives de salaires et d’endettements, est bien préférable !

C’est donc l’intérêt bien compris de chaque pays de rester dans la zone monétaire, malgré les maladresses de certains. Parler de « fin ou de mort de la zone euro » est donc ridicule. Le pire n’est donc pas certain et les indices conjoncturels sont meilleurs que prévus. Par ailleurs, n’oublions pas que le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Japon ont des déficits et des endettements doubles, voire plus encore, de ceux de la zone euro… à bon entendeur !

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