2017 : des politiques sans programme, des entrepreneurs sans écoute<!-- --> | Atlantico.fr
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Aurons-nous à nouveau une élection pour sourds et malentendants en 2017 ? (illustration)
Aurons-nous à nouveau une élection pour sourds et malentendants en 2017 ? (illustration)
©Allociné

Les entrepreneurs parlent aux Français

Il y a fort à craindre que, l’année prochaine, dans cette parodie de compétition à la présidence, sur fonds de combat face au FN, les entrepreneurs soient encore les dindons de la farce, au détriment des Français, qui dépendent pourtant de la capacité des « boîtes » à se développer et créer des emplois.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Aurons-nous à nouveau une élection pour sourds et malentendants en 2017 ? Une élection pendant laquelle des candidats qui auront puissamment réfléchi (!) à leur programme dans les 2 mois qui précèdent l’élection, nous assènerons des vérités sur des thématiques qui ne changeront rien à notre destin ? Qui feront leurs choux gras sur des thématiques éculées et des promesses cent fois faites, afin de susciter un clivage destiné à faciliter la lecture à un votant, que l’on considère toujours comme stupide et moutonnier ? Par des anciens combattants de la politique, qui auront réussi à éliminer toute velléité de renouvellement d’une classe qui laisse la société à bout de souffle, mais leur ambition à l’air libre ? Et surtout, qui laisseront les solutions réelles, les sujets économiques, les réformes de fonds, les seules efficaces, bien à l’écart, faut de les maîtriser ou d’avoir le courage des les avancer ?

Il y a fort à craindre que les caricatures soient encore à l’œuvre l’année prochaine, et que dans cette parodie de compétition à la présidence, sur fonds de combat face au FN, les entrepreneurs soient encore les dindons de la farce, au détriment des Français, qui dépendent pourtant de la capacité des « boîtes » à se développer et créer des emplois.

A gauche, on voudra capitaliser sur des miettes de résultats, des évolutions pitoyables, sur le chômage et la croissance, et prétendre qu’elles sont le fruit de mesures et de stratégies gagnantes pour l’emploi et l’activité. La ministre du Chômage, pardon, du travail, indiquait à l’unisson d’un chœur gouvernemental pour une fois harmonieux, que les résultats étaient le « fruit de son action pour la France ». Nous attendions tous la fin de la phrase. Celle qui nous indiquerait l’action miraculeuse ou le cumul d’actions vertueuses, qui auraient permis ce miracle. Et quel miracle. ! Quelques milliers d’emplois créés. C’est Venise ! Plus que 6 million et quelques d’emplois et le compte y sera. De qui se moque t-on ? Comment parler de victoire face à une avancée de nain face à un désastre géant ? Quelques centimes de croissance, entraînent effectivement quelques emplois en plus. On parle là d’un détail à l’échelle de nos besoins. Quelles mesures expliqueraient ce tsunami, cette vague géante qui va guérir notre économie ? Les « Bus Macroniens ? La négociation avortée sur les seuils sociaux ? La piqûre de moustique de la simplification ? La réforme défigurée par une droite imbécile et une gauche passéiste de la Réforme de Macron ? La pitrerie et les reculades sur la Loi El Khomri ? Je cherche mais je ne trouve pas quelle mesure expliquerait ce simulacre de reprise. Même l'UNEDIC, dans ses dernières prévisions, revoit tout à la baisse et ne prévoit aucune amélioration avant 2018. Et encore. Le paraplégique qu’est devenu la France, a mimé un imperceptible mouvement du petit doigt et voilà nos politiques qui s’emballent, s’évanouissent presque, en pamoison devant ce miracle inespéré.

A droite, on voudra à nouveau proposer tout ce que la droite n’aura pas fait tout le temps, (Chirac, puis Sarkozy), où elle était au pouvoir. Avec la complicité d’un électorat dépourvu de mémoire, qui privilégie la vengeance et le retour au pouvoir, sans aucun égard et intérêt pour le bilan de leurs champions. Un Jupé tiède, qui endormira la France aussi sûrement qu’un joueur de flûte, un Fillon dont le charisme est aussi vivifiant que la tisane de 23H. Un Sarkozy qui n’a pas compris que la France n’en voulait plus, suivi par quelques pitoyables aboyeurs passés à l’acte, Goeffroy Didier, le Ken de la politique, qui pourra en cas de défaite tourner des séries chez Mattel, et tous ceux qui voudront prétendre à tenir la sébile au plus fort, en cas d’alternance. Reste Bruno Le Maire, qui continue son travail de sape, en se différenciant, comme l’homme du renouveau, et qui est le seul sur lequel il existe un doute valide sur sa carrure et sa capacité de réforme. On le laissera provisoirement bénéficier de la présomption d’innocence. Bref, que du lourd, au sens propre du terme. Pesant même. La caractéristique commune de tous ces champions ? Pas de programme. Et surtout pas économique. A part les banalités habituelles, sur « on verra ce qu’on verra, sur l’ISF, les 35H, la famine dans le monde et le beurre dans les épinards ». Ils feront, promis, tout ce qu’ils n’ont jamais fait avant, et contre quoi ils ont voté, en votant contre la Loi Macron ! Juré.

Bien sûr, Fillon travaille. C’est le mot le plus répandu dans ma microsphère politique et médiatique parisienne. En clair, comme il a du temps. Et il fait travailler les autres. Votre serviteur le sait, il y a contribué au nom de Parrainer la Croissance, comme avec ceux qui nous le demandent. C’est déjà un fait notable qu’il faut néanmoins lui reconnaître. On a aucune idée sur le fait de savoir si il maîtrise les enjeux, du numérique notamment, de la PME française, mais ceux qui lui préparent son programme le savent. Reste à savoir si ces derniers seraient à ses côtés en cas de victoire, pour transformer ces belles pages noircies avant une mise en lumière régulière devant la presse, à chaque nouveau chapitre, en actions concrètes sur le terrain France. On peut en douter. Pour agir il faut comprendre, maîtriser, mesurer les enjeux. 

En clair, sur tous ces candidats, de gauche comme de droite, pas un mot sur la façon de redonner aux PME des couleurs à leurs joues blafardes, leur portefeuille vide et leurs perspectives nulles. Rien sur ce qui donnerait l’envie à un dirigeant de PME, doté d’une trésorerie à 3 mois au mieux, à 1 mois la plupart du temps, payé à 73 jours par ses donneurs d’ordre et qui ne trouve sur le marché, ni aide, ni crédit, ni investissement, si son projet ne se termine pas en « .com », de pouvoir et vouloir, investir et créer de l’emploi.

Pas un candidat pour avoir prononcé le mot de numérique, de digital, d'ubérisation, de « big data », de champions du numérique français. Cette vague colossale qui envahit le monde à une vitesse accélérée, ne trouve aucune traduction, ni dans les idées, les visions, les projets de nos champions putatifs. Vous me direz qu’il faudrait encore que les politiques connaissent encore la définition de la vision et aient d’autres projets que leur destin personnel, et vous auriez raison. Mais même au sein des maigres programmes existants chez certains, point de numérique en vue. Pas plus ma sœur Anne, que le reste de sa famille ne voit rien poindre à l’horizon et la mère Michelle n’y retrouvera pas son chat.

Seuls quelques candidats ou futurs candidats, l’abordent, et quelques députés et sénateurs. NKM, Pascal Terrasse, Macron, Grandguillaume, Lefebvre, Béchu. Cela fait peu. Ils ont presque tous moins de 40 ans.

L’enjeu, qui consiste à posséder nos données, et en faire un outil de conquête économique, est totalement absent du discours de nos politiques. Ils sont plus préoccupés par des promesses irresponsables sur la fiscalité, la flexibilité qu’ils sont incapables d’assumer dès que 30 personnes descendent dans la rue avec un fanion, les migrants, ces quelques milliers de déplacés qui menaceraient l’équilibre de l’Europe, ou le péril islamique dont ils sont tous responsables, par lâcheté et aveuglement. Voire compromission.

La pré-campagne s’avance dans une plaine, à laquelle risquent fort de succéder d’autres mornes plaines. Le numérique restera pour eux, une donnée « virtuelle », une « small data » dans la bouche de nos dirigeants, qui ne « think pas big ». La mondialisation restera un danger contre laquelle le politique promettra de faire rempart de son corps au lieu d’expliquer qu’il ne faut pas moins de mondialisation, mais plus de France. Le financement de la trésorerie de nos PME, par un assouplissement de Solvency et des délais de paiement, ne semble émouvoir personne, et la capacité du numérique à régler les « mariages » entre les postes à pourvoir et ceux qui souhaitent les occuper, pour ne parler que de cela, ne sera pas abordé.

La solution doit être l’homme politique et non l’outil. Sinon à quoi servirait il ? Je crains, étant donné la haute tenue de cette pré-campagne, toujours aussi assimilable à une cours de récréation pour exclus scolaires haineux, que l’entrepreneuriat et les valeurs qu’il recèle au profit de la France, ne passe par pertes et pas à notre profit !

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