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Quand Sarkozy se met à rêver : il réclame une droite forte mais aussi une gauche forte…
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Il les veut à poil !

L’ancien président de la République préfère le marteau piqueur aux fines aiguilles de l'acupuncture. Il s’en prend donc durement à Emmanuel Macron et -sans le nommer- à Alain Juppé.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Nicolas Sarkozy n’est pas bon genre. Il n’est même pas genre du tout ! Transgenre, bi, gay, lesbienne, il ne les aime pas trop. Avec la brutalité machiste qui le caractérise, il veut qu’un homme soit un homme, un vrai et qu’une femme soit une femme, une vraie. Partant il souhaite aussi que la droite soit la droite et que la gauche soit la gauche. Toutes les deux sans fards, sans masques, au naturel et donc à poil pour qu’il n’y ait pas tromperie sur la marchandise. 

Avec vigueur donc -et il est le premier à droite à dégainer ainsi contre le ministre de l’Economie- il tire en rafales sur Emmanuel Macron. Un cynique qui critique la politique que lui-même met en œuvre... Un faux-cul qui ne se reconnaît plus dans la gauche... Et on peut savoir alors qu’elle est la couleur de cynisme ? fait semblant de s’interroger Nicolas Sarkozy. 

Le danger qu’il pointe en ciblant Emmanuel Macron c’est celui d’une gauche dont le rose serait tellement délavé qu’il n’aurait plus la moindre visibilité. Une gauche molle sans aucune identité. Une gauche qui dirait "Voyez comme je suis belle depuis que je ne suis plus de gauche". En effet, ça ressemble assez bien au ministre de l’Economie. Parallèlement, saisi pas une fièvre identitaire, Nicolas Sarkozy fait en pointillés le procès d’une droite qui serait aussi molle et invertébrée que la gauche macronienne. 

Il brandit l’exemple de l’Autriche où l’extrême droite à triomphé laissant sur le tapis une droite et une gauche qui de compromis en compromis, d’alliances en alliances ont fini par perdre toute saveur. Nicolas Sarkozy est un homme intelligent. On peut donc lui faire confiance pour le diagnostic. Mais pour le reste il se laisse un peu emporter par sa fougue naturelle et son volontarisme. 

S’il s’agit d’avoir aux présidentielles le représentant d’une droite casquée et bottée, Nicolas Sarkozy est parfaitement légitime pour porter ces couleurs. Il lui faut pour cela terrasser Alain Juppé (jamais cité mais tellement présent dans l’entretien qu’il a accordé au Journal du Dimanche) symbole par excellence de la droite mollassonne. Une tâche difficile mais pas impossible. 

En revanche le désir de l’ancien Président de voir naître -ou renaître- une gauche forte relève d’un conte qu’on pourrait appeler "Nicolas au pays des merveilles". Car ses capacités d’influence pour rendre la gauche plus couillue sont quand même très limitées. Mélenchon ce serait bien : il est caricaturalement de gauche. Mais jamais le PS ne l’acceptera. Martine Aubry ce serait formidable : la dame des 35h, génitrice de la réforme la plus haïe par la droite. Là non plus aucune chance. C’est une tueuse, certes, mais elle n’ira pas jusqu’à tuer Macron.

Donc on voit mal comment Nicolas Sarkozy compte s'y prendre pour redonner un peu de rose ou de rouge à la gauche pâlissante. Comment, par quel miracle, la gauche pourrait redevenir suffisamment de gauche pour que ses électeurs reviennent vers elle au lieu d’aller s’ébrouer dans les pâturages du Front National ? On sent bien -et c’est dans son tempérament- que le Nicolas Sarkozy de droite rêve d’un Nicolas Sarkozy de gauche. Si on le laissait faire il ferait bien les deux. Mais ce n’est pas prévu par la Constitution.

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