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Ni à la Valls, ni à la Sarkozy : Alain Juppé peaufine sa stratégie pour se poser en rempart anti-FN
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Consigne de vote

Le maire de Bordeaux a préfacé le livre de l'un de ses conseillers Maël de Calan, qui pointe du doigt les mensonges du FN. Une façon, pour le candidat à la primaire, de désigner Marine Le Pen comme sa future adversaire.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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C'est l'une de ses marques de fabrique. L'une des raisons qui motivent ses soutiens. Alain Juppé a toujours fait de la lutte contre le FN une priorité et ça ne date pas d'hier. Depuis longtemps, il s'oppose au ni-ni qui gagne du terrain au sein de sa famille politique. Ce ni-ni qui met sur un terrain d'égalité, FN et PS. Ce ni-ni qui refuse de choisir entre une soi-disant peste et un soi-disant choléra. Juppé, lui, a choisi. En février 2015, alors que le second tour de la législative partielle du Doubs s'apprête à opposer le candidat FN et celui du PS, il écrit sur son blog : "Si j’étais électeur de la 4e circonscription du Doubs, je sais ce qu’en mon âme et conscience je ferais : pour barrer la route à une candidate FN qui croit, entre autres choses, 'en l’évidente inégalité des races', je ne m’abstiendrais pas, je voterais pour le candidat qui l’affronte, c’est-à-dire le candidat PS Frédéric Barbier".

Mais cette fois, en préfaçant le livre de son protégé Maël de Calan, il fait un pas de plus. S'érige en rempart. "Il a décidé qu'il fallait muscler le discours face au FN mais le faire intelligemment, ne pas se contenter de la dénonciation morale", explique l'auteur de La vérité sur le programme du FN qui sort début mai. Alain Juppé pense qu'il "faut combattre le FN en expliquant pourquoi son programme économique est dangereux. Sur le terrain des valeurs, nous avons combattu et ça n'a pas empêché le FN d'augmenter. Ce n'est pas en expliquant à ceux qui votent FN qu'ils ne sont pas républicains qu'on va les faire revenir ", ajoute l'un des conseillers du candidat à la primaire, faisant clairement allusion à Manuel Valls.

D’où l'idée du conseiller d'Alain Juppé de décortiquer le programme du Front national, d'en expliquer les incohérences, les raccourcis et les dangers. Une démonstration chiffrée pour plus d'objectivité. A propos du mythe du grand remplacement par exemple, cette théorie développée par le FN, qui affirme que, dans quelques années, la population d'origine musulmane aura remplacé la population française autochtone, Maël de Calan souligne que la population originaire d'Afrique et du Maghreb représente aujourd'hui 3,8% de la population totale. Il pointe aussi du doigt quelques incohérences, comme le fait que le FN s'engage auprès des agriculteurs à augmenter le prix de leur production tout en promettant 23 pages plus loin aux consommateurs que ces mêmes prix baisseront afin de leur redonner du pouvoir d'achat. L'auteur, et par son biais Alain Juppé, entend s'adresser à ceux qui n'ont pas encore arrêté leur choix. "On voit bien que certains hésitent, j'ai voulu montrer à ceux qui disent qu'ils n'ont rien à perdre à voter FN, qu'il ont en fait beaucoup à perdre. Je souhaite aussi donner un outil à ceux qui tentent de convaincre leurs proches de ne pas voter FN", explique Maël de Calan.

Grâce à cet ouvrage, Alain Juppé marque aussi sa différence avec Nicolas Sarkozy. Il le précise dans la préface : "C'était une erreur de croire qu'il suffisait, pour venir à bout de l'extrême-droite, de combattre ses dirigeants sans s'adresser à ses électeurs. Non pas pour les renforcer dans leur inclinaison en reprenant les thèmes développés par le FN, mais pour montrer que cette formation politique joue le rôle de l'imprécateur". L'un de ses proches se défend de toute intention politicienne : "Notre objectif est de faire ce que nous croyons juste. On a une divergence d'analyse avec Nicolas Sarkozy. Lui pense que le FN a baissé en 2007 parce qu'il a fait une campagne à droite et nous, nous pensons que le FN a baissé car Nicolas Sarkozy a su porter un espoir, d'ailleurs la campagne de 2012 était très à droite et le FN n'a pas baissé". Et d'ajouter, "les électeurs sont partis au FN parce que nous les avons déçus. Les rattraper avec un discours très droitier ne marchera pas : on ne va pas les convaincre de revenir si on leur propose la même chose que le FN". L'attaque est double, entre les lignes on comprend que, du point de vue d'Alain Juppé, le FN est en progression en partie à cause de la politique menée par l'ancien Président et que ce dernier n'use pas aujourd'hui des bonnes recettes pour le combattre.

En s'attaquant au FN, le clan Juppé se projette, en outre, vers le second tour de la campagne présidentielle qui, d'après de nombreux sondages, verrait s'opposer le candidat des LR et la présidente du FN. Il semble déjà roder ses arguments, comme si la primaire n'était désormais plus qu'une formalité.

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