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N'enviez plus la star du lycée qui vous donnait des boutons, les ados "cool" tournent souvent mal
©Allociné

Revanche du sort ?

Une étude menée sur plus de 200 enfants pendant une dizaine d'années a permis de déterminer que les plus populaires à l'adolescence sont plus susceptibles de tomber dans la drogue et la délinquance à l'âge adulte. Des faits qui s'expliquent notamment par leur éducation et leurs fréquentations.

Pascal Anger

Pascal Anger

Pascal Anger est psychologue, psychanalyste, psychothérapeute, sexothérapeute, systémicien et médiateur familial.

Il est également chargé de cours à Paris VII. 

Il est l'auteur de Le couple et l'autre, livre publié aux éditions l'Harmattan.

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Atlantico : Quelles sont les caractéristiques d'un enfant "cool/populaire" ?

Pascal Anger : Ce sont bien souvent des enfants délinquants qui risquent d'avoir du mal à grandir sainement. Ils ont une conception de l'héroïsme qui s'apparente à une manière de dominer le monde. Leur seule motivation sera donc de se faire remarquer, très peu souvent positivement, en adoptant des manières de délinquant. A cause de cela ils ne pourront pas faire machine arrière, ce qui va les pousser à aller toujours plus loin.

Leur modèle éducatif peut aussi nous donner des indications. Ils peuvent avoir des parents infantiles ayant déjà été délinquant eux-mêmes et qui tolèrent les petits actes de délinquance de leur enfant. 

Ils sont sujets à une intolérance à la frustration et s'imaginent vivre dans un monde sans lois où ils sont les maîtres.

Pourquoi seraient-ils plus susceptibles de mal tourner (45% de chance de plus d'avoir des problèmes de drogue, 22% de plus d'être impliqué dans une activité criminel, etc.) ou d'être victimes de dépression que les autres adolescents à l'âge adulte ?

Ce seront des adultes en grande difficulté car ils n'ont pas connu de règles ni de lois et ils ne savent pas se remettre en question. Ce sont des enfants différents car aucune limite ne leur a été fixée. Ils sont beaucoup plus impulsifs et s'imaginent que tout leur est permis. Ils poursuivent dans leur vie adulte le modèle qu'ils ont toujours vécu à l'adolescence.

On peut aussi noter le fait que la notion de déplaisir ne doit pas exister chez eux, ce qui fait qu'ils vont aller toujours plus loin dans leur comportement régressif. Ils sont incapables de s'adapter au monde extérieur, donc le monde doit s'adapter suivant leur conception à eux. D'ailleurs, la réponse judiciaire va leur paraître injuste et méchante et ils vont donc y répondre de manière encore plus brutale et violente, dans une sorte de paranoïa permanente.

Comment faire pour remettre ces personnes en perdition dans le droit chemin lorsqu'elles atteignent l'âge adulte ?

L'éducatif et la justice doivent s'adapter et tenter de comprendre ces enfants car une réponse brute ne fera qu'exacerber leur violence, leur brutalité et leur paranoïa.

D'un point de vue personnel, ils doivent comprendre que leur manière de répondre aux évènements de la vie, autrement dit par la violence, n'est pas adaptée. La justice peut très bien leur permettre de se remettre en question et de se dire qu'il est temps de changer pour le mieux.

Leur environnement peut très bien les pousser dans une bonne direction. Ils vont peut-être faire des rencontres amicales ou amoureuses qui risquent d'orienter leur vie. De jeunes délinquants côtoyant d'autres délinquants risquent d'accumuler encore plus de délinquance et d'être pris dans un engrenage dont ils ne pourront se tirer. Alors qu'une rencontre positive peut leur permettre de s'améliorer. Ils doivent essayer de trouver d'autres solutions et d'autres modes de fonctionnement que la violence pour résoudre leurs problèmes.

Propos recueillis par Thomas Gorriz

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