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Il n'y a pas que les banques... Les assureurs aussi craignent terriblement une sortie de l'euro
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Pas Tout-risque

A l'instar des autres secteurs économiques, le monde de l'assurance est dans la crainte d'une sortie de l'euro. Le scénario d'une Europe à deux vitesses, le Nord contre le Sud, suscite particulièrement l'inquiétude, car il implique un fort risque de faillite pour les compagnies ayant des activités dans plusieurs pays de l'union monétaire.

Franck Margain

Franck Margain

Franck Margain est vice-Président du Parti Chrétien Démocrate et conseiller régional UMP en Ile-de-France.

Après des études en finances, il est devenu cadre dans une grande banque internationale.

 

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L’essentiel de la réflexion chez les assureurs Européens n’est plus le risque fondamental d’exposition aux risques souverains. Les 10 assureurs étudiés par la société d'investissements Raymond James Euro Equities (RJEE) : Aegon, Allianz, AXA, CNP, Generali, Hannover Re, Munich Re, SCOR, Swiss Re, ZFS, totalisent une exposition brute (avant participation des assurés et impôt) de 62 milliards d'euros. Les quatre leaders, que sont  Allianz, AXA, Generali et CNP en représentent 51 milliards d'euros. Et les stress tests effectués par Fitch démontrent la résistance de ces assureurs dans un scenario de choc sévère.

Toutefois, nous rentrons dans une période où subsiste la probabilité importante d’un choc extrême, qui traverse aujourd’hui tous les services "risques" des grandes compagnies d’assurance. En effet, le risque extrême d’éclatement de la zone euro, ou "break de l’euro" comme l’identifie le monde anglo-saxon, est de plus en plus évoqué comme ayant une probabilité non-négligeable de survenir.

Ce choc extrême dont chacun individuellement admet qu’il  est impossible qu’il se matérialise est collectivement reconnu comme plausible. La difficulté est de concevoir comment ce "break"  pourrait advenir et quelles seraient les conséquences d’un tel événement.

Le scénario étudié chez les institutionnels serait un démantèlement de l’euro dû à une impossibilité de soutenir le système financier. Le refus de la zone "germanique" (Allemagne, Hollande, Autriche) contre la zone "latine" (Espagne, Italie, Portugal) pourrait intervenir dans les prochains mois. La France étant elle prisonnière au centre avec des comptes publics "de zone latine" et une influence politique de "zone germanique" serait incapable d’arbitrer le conflit.

La matérialisation de ce refus conduirait donc à ce "break redouté" qui, d’un coté, verrait la zone germanique conserver l’euro (ce serait un "euro germain"), et de l’autre, la zone latine pulvérisée par son incapacité à financer son système financier retrouverait sa monnaie nationale : euro lire, euro peseta etc….avec un rétablissement des pouvoirs de sa banque centrale nationale. Chaque monnaie nationale constaterait immédiatement une dévaluation importante certainement  entre 30 et 70% de la valeur faciale selon les pays.

Sans une gestion active de ce risque potentiel, les institutionnels internationaux se trouveraient alors dans une situation insoutenable. Car il est admis aujourd’hui que le retour à la monnaie nationale inclurait les dettes libellées aujourd’hui en euros. On le voit pour la Grèce,  la décote de 50% qui s’applique sur le nominal correspond de fait à la dévaluation que connaitrait la monnaie Grecque si elle devait se désolidariser de l’Euro. 

Prenons l’exemple d’une compagnie qui aurait une activité importante en Allemagne et en Italie avec un bilan comptable dans chaque pays. En cas de "break" elle "mourrait  écartelée". En effet, dans le bilan allemand, la compagnie investit, depuis l’avènement de l’euro il y a 10 ans, des titres en euro comme des BTP italiens, Bonos espagnols ou Bunds allemands, pour couvrir les primes d’assurance reçues en euro. A  l’issue du "break", les actifs du bilan seraient dévalués au prorata la monnaie nationale. Les risques à dédommager resteraient eux, libellés en euro "germain" dans le bilan allemand. La compagnie se trouverait donc dans l’impossibilité de réaliser les actifs et serait potentiellement en faillite.

Les prochains mois vont être le théâtre d’une recomposition générale des bilans des compagnies d’assurance où les actifs détenus devront être nationaux face aux contrats libellés sur le territoire afin de couvrir le risque de décrochage.

Les compagnies dans les pays "fragiles" comme la zone "latine" seront encore plus fragilisées. En effet, la qualité de crédit des BTP est très inferieure aux Bunds allemands alors que les compagnies comme celles de la zone "germanique" se renforceront. Ce mouvement d’une ampleur de plusieurs centaines de milliards d'euros devrait entraîner une forte volatilité, accentuer l’écart de crédit entre les pays déjà fragiles et ceux restés notés en "AAA".

Les responsables politiques européens vont devoir être beaucoup plus pédagogues afin d’empêcher les mouvements de retrait qui pourraient intervenir massivement si la situation globale continuait à se tendre. 

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