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Préparez-vous à devenir immortels dès 2029 selon Ray Kurzweil, le futurologue de Google, grâce aux progrès des biotechnologies et de la nanorobotique
©Reuters

Homme augmenté

Dans une récente interview, le futurologue de Google, Ray Kurzweil, imagine que les progrès de la science permettront à partir de 2029 d'augmenter notre espérance de vie d'un an chaque année. Une évolution qui ne serait pas sans conséquence sur la définition de l'homme.

Laurent Alexandre

Laurent Alexandre

Chirurgien de formation, également diplômé de Science Po, d'Hec et de l'Ena, Laurent Alexandre a fondé dans les années 1990 le site d’information Doctissimo. Il le revend en 2008 et développe DNA Vision, entreprise spécialisée dans le séquençage ADN. Auteur de La mort de la mort paru en 2011, Laurent Alexandre est un expert des bouleversements que va connaître l'humanité grâce aux progrès de la biotechnologie. 

Vous pouvez suivre Laurent Alexandre sur son compe Twitter : @dr_l_alexandre

 
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Atlantico : Dans une récente interview, Ray Kurzweil a déclaré que les découvertes médicales d'ici à 2029 permettront d'augmenter de un an l’espérance de vie des humains chaque année. Cette projection vous semble-t-elle vraiment réaliste ? Quelle est l'ampleur des recherches à mener pour y arriver ?

Laurent AlexandreGoogle avait annoncé, le 18 septembre 2013, la création de Calico, qui poursuit le but d’allonger significativement la durée de vie humaine. Les ambitions de cette filiale de Google, qui vise le long terme – dix à vingt ans – et compte explorer des voies technologiques innovantes jamais envisagées pour retarder la mort sont en phase avec la vision de Kurzweil. Mais je ne crois pas à l’immortalité en 2029.

La technomédecine n’offrira pas une espérance de vie de plusieurs siècles du jour au lendemain. La biologie des animaux, dont l’homme fait partie, est extrêmement complexe. Certaines de nos fragilités biologiques sont également des forces cachées. Beaucoup de modifications séduisantes au premier abord peuvent avoir des conséquences délétères. Ainsi, l’utilisation des cellules souches peut favoriser le développement de cancers. De même, la manipulation de l’enzyme télomèrase, qui module la longueur des télomères, pourrait favoriser la prolifération tumorale. Il n’y aura pas de remède miracle et unique contre le vieillissement, mais des cocktails thérapeutiques associant plusieurs armes issues des NBIC, continuellement améliorés décennie après décennie. Comme à chaque époque, des technologies miracles seront présentées au consommateur en quête d’immortalité et susciteront, a posteriori, moqueries et incrédulité. Les riches Américains qui ont acheté une place dans une des nombreuses sociétés de cryogénie qui ont fleuri vers 1970 ne risquent pas de ressusciter demain grâce à la technomédecine : ces sociétés ont déposé le bilan et l’électricité qui alimentait les cuves où reposaient à –196 degrés les corps en attente de"deuxième vie" a été coupée... il y a déjà bien longtemps. 

Le futurologue de Google pense notamment que les biotechnologies et la nanorobotique seront essentielles pour remplacer les systèmes immunitaires déficients (notamment en cas de cancer). A quoi devra probablement ressembler un humain en 2029 s'il souhaite utiliser toutes les technologies disponibles contre la détérioration du corps humain ? 

L’extrême complexité de notre organisation biologique laisse peu de place à un hypothétique remède universel contre la mort. Nous utiliserons de nombreuses technologies pour augmenter notre espérance de vie.

Parmi elles, l’utilisation de nanorobots est une idée séduisante… mais qui ne sera pas au point avant 2050. La mort de la mort n’est pas pour demain.

Dépasser les limites actuelles de l’espérance de vie humaine suppose de modifier notre nature par des interventions technologiques lourdes en utilisant tout le potentiel des NBIC (nanotechnologies – qui opèrent à l’échelle du milliardième de mètre, et donc des constituants cellulaires –, biologie, informatique et sciences cognitives). 

Ray Kurzweil est connu pour ses positions en faveur du transhumanisme. Quelles sont les questions éthiques à se poser ? Faut-il mieux encadrer les recherches qui promettent d'"augmenter" les capacités humaines dites "naturelles" ?

Cette volonté de modifier notre corps est porteuse d’interrogations philosophiques et politiques vertigineuses. Jusqu’où pouvons-nous modifier notre nature biologique, notre ADN, pour faire reculer la mort ? Faut-il suivre ou bloquer les transhumanistes, qui comptent des leaders parmi les dirigeants de Google et prônent une modification illimitée de l’homme pour combattre la mort ?

Pour les transhumanistes, la boutade de Serge Gainsbourg – "Les hommes ont créé Dieu, le contraire reste à prouver" – est une évidence. Dieu n’existe pas encore: il sera l’homme de demain, doté de pouvoirs quasi­-infinis grâce aux NBIC.

L’homme va réaliser ce que seuls les dieux étaient supposés pouvoir faire: créer la vie, modifier notre génome, reprogrammer notre cerveau et euthanasier la mort.

Le futurologue de Google, Ray Kurzweil, propose en fait de tuer l’Homme tel que nous le connaissons pour créer un surhomme. Il a déclaré en octobre: "Dès les années 2030, nous allons, grâce à l’hybridation de nos cerveaux avec des nano­composants électroniques, disposer d’un pouvoir démiurgique (Godlike)."

Je pense qu’il est urgent de réfléchir à la façon d’encadrer ces technologies : ce n’est pas à la Silicon Valley et aux transhumanistes de décider seul de notre futur. Pour cela, il faut ouvrir un débat politique sur les conséquences des technologies NBIC.

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