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Plus de 5 mois après les attentats du 13 novembre, 95% des Français considèrent que la menace terroriste est élevée, soit encore plus qu’au lendemain des attentats de Charlie Hebdo
©Reuters

Info Atlantico

D'après un sondage exclusif IFOP pour Atlantico, un Français sur deux considère que la menace terroriste est très élevée. En dépit du temps qui passe, le sentiment de menace continue à imprégner toutes les catégories de la population. Face à une opinion publique ayant besoin d'être rassurée, il était impossible pour le gouvernement de mettre fin à l'état d'urgence.

Philippe Bilger

Philippe Bilger

Philippe Bilger est président de l'Institut de la parole. Il a exercé pendant plus de vingt ans la fonction d'avocat général à la Cour d'assises de Paris, et est aujourd'hui magistrat honoraire. Il a été amené à requérir dans des grandes affaires qui ont défrayé la chronique judiciaire et politique (Le Pen, Duverger-Pétain, René Bousquet, Bob Denard, le gang des Barbares, Hélène Castel, etc.), mais aussi dans les grands scandales financiers des années 1990 (affaire Carrefour du développement, Pasqua). Il est l'auteur de La France en miettes (éditions Fayard), Ordre et Désordre (éditions Le Passeur, 2015). En 2017, il a publié La parole, rien qu'elle et Moi, Emmanuel Macron, je me dis que..., tous les deux aux Editions Le Cerf.

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Atlantico : Quels sont les principaux enseignements de ce sondage ?

Jérôme Fourquet : Cette nouvelle vague d'évaluation de la perception de la menace terroriste nous montre qu'une écrasante majorité, quasi-unanimité (95%) de la population française estime que la menace terroriste est élevée et un Français sur deux (46%) estime qu'elle est très élevée.

Ces chiffres, quand on les replace en perspective sur une longue série historique, sont comparables à ce que l'on observait au lendemain des attentats de janvier 2015 à la suite desquels il y avait eu une rétractation de ce sentiment de menace, reparti à la hausse après les attentats du 13 novembre à Paris et plus récemment des attentats de Bruxelles. Tout se passe comme si nous avions basculé dans un climat très anxiogène depuis quasiment un an, et, en dépit du temps qui passe, ce sentiment de menace élevée ou très élevée demeure prégnant dans toutes les catégories de la population française. 

>>> A lire aussi : Terrorisme islamiste, délinquance ordinaire ou... violences policières ? Dis-moi de quoi tu as peur, je te dirai quel Français tu es (et combien vous êtes)

Le basculement est spectaculaire puisque ces questions de perception sont posées maintenant depuis une quinzaine d'années et jamais autant de personnes n'ont estimé un niveau de menace aussi élevé en France. 

Dans ce cadre-là, on comprend pourquoi, sans même parler du Tour de France ou de l'Euro de football, le gouvernement a décidé d'une prolongation de deux mois supplémentaires de l'état d'urgence. Cette prolongation est probablement liée aux données sécuritaires dont dispose le gouvernement mais il y a aussi certainement des causes politiques qui prévalent à ce choix et à cet arbitrage. Ces causes sont liées au fait qu'il faut envoyer un signal à l'opinion publique, essayer de la rassurer dans un climat de très forte anxiété. Si tant est que les éléments objectifs seraient moins nombreux, au regard des chiffres dont nous disposons en termes d'opinion, il serait compliqué voire impossible pour n'importe quel gouvernement de mettre fin à l'état d'urgence. Ces chiffres permettent de comprendre la réaction politique. 

Que nous apprend ce sondage de la perception allemande de la menace terroriste ? 

L'inquiétude vis-à-vis d'une menace terroriste plus ou moins imminente est partagées par nos voisins d'Outre-Rhin, avec un niveau légèrement inférieur, puisque 86% des Allemands considèrent que la menace est élevée. Il s'agit tout de même de chiffres colossaux.  La seule vraie différence entre les deux pays concerne l'intensité de la menace, qui s'explique probablement par le fait que l'Allemagne n'a pas été frappée directement. Il n'y a ainsi "que" 22% des Allemands qui estiment la menace terroriste très élevée sur leur sol, c'est deux fois moins qu'en France. Néanmoins, pour un pays qui n'a pas été touché par des attentats, c'est un chiffre particulièrement élevé. 

Le climat d'inquiétude suscité par les attaques terroristes fomentées par Daech s'est répandu partout en Europe. La menace est perçue comme planant partout et nécessitant des réponses politiques et sécuritaires appropriées. 

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