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Pour les Républicains c’est désormais Trump ou le chaos
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Trans-amérique Express

Pourquoi le triomphe de Trump à New York est le vrai tournant des primaires républicaines. Alors que chez les démocrates, la victoire d’Hillary signe la fin des (faux) espoirs entretenus pas Sanders.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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La primaire de New York a fait trois énormes perdants. Deux dans le camp républicain, Ted Cruz et John Kasich. Un chez les démocrates, Bernie Sanders.

Cruz et Kasich sont désormais mathématiquement éliminés de la course. Ils ne pourront plus parvenir à réunir les 1237 délégués nécessaires à la nomination. Leur seule chance d’être le candidat républicain de novembre est de se voir désigné lors de la convention, qui se tiendra en juillet, si Trump, lui-même, ne parvient pas au seuil magique d’ici la fin des primaires. A partir d'aujourd'hui donc pour les électeurs Républicains, un vote contre Trump est un vote pour une « convention négociée », c’est-à-dire une bataille de chiffonniers devant des millions de téléspectateurs américains. Bref, le chaos !

Quant à Sanders, les pressions sur son retrait vont désormais se multiplier. Il n’a plus de véritable chance de gagner, non plus. Ce que l’on savait depuis des semaines. Il lui fallait un « gros coup » pour espérer renverser la donne. Il a échoué. Il va devoir en tirer les conséquences.

Avec le vote de l’Etat de New York, la saison des primaires aux Etats-Unis est entrée dans son troisième acte. Le dernier avant les conventions de juillet. Une fois n’est pas coutume, New York était au centre de toutes les attentions. Cet Etat du nord-est des Etats-Unis qui englobe la ville de New York, première métropole américaine, mais s’étend jusqu'à la frontière canadienne, tient traditionnellement sa primaire au printemps. Alors que les jeux sont déjà faits, ou en bonne voie de l’être. Ne laissant à ses électeurs d’autre option que d’entériner le choix des autres ou de voter pour rien. Or cette année, ce n’était pas le cas. New York avait même la possibilité de faire basculer les courses. Chez les Démocrates, comme chez les Républicains. ET c’est exactement ce qui s’est passé.

Côté démocrate, Hillary Clinton a remporté une victoire déterminante, avec 58% des voix contre 42% pour Bernie Sanders, prouvant qu’elle est capable de gagner les Etats qui comptent. Côté républicain, Donald Trump a triomphé, au-delà des attentes, devenant le seul candidat encore capable de l'emporter à la régulière. Car lui seul est désormais en mesure de réunir, le nombre de délégués nécessaires pour être assuré de la nomination, dans le contexte des primaires qui durent jusqu'au 7 juin,.

Après sept victoires consécutives de son adversaire, Bernie Sanders, Hillary Clinton a remis les pendules à l’heure. A la vérité, personne ne doutait de son succès. Ses idées, libérales-progressistes reflètent parfaitement la mentalité des New-Yorkais. Et elle jouait « à domicile ». En effet, si Sanders est un natif de Brooklyn, l’un des « burroughs » de New York, il a fui la « Grosse Pomme » pour les vergers du Vermont dans les années soixante, voici près de cinquante ans. Hillary Clinton au contraire est devenue New-yorkaise. Née à Chicago et ayant grandi dans l’Illinois elle s’est installée à Chappaqua, dans le comté de Rochester, à la fin des années 1990 afin de se présenter au siège de sénateur de cet Etat. Elle y fut élue en 2000 et réélue en 2006.

>>> A lire aussi : Primaires américaines : Cruz face à Trump, ou la bataille pour l’âme du parti républicain

Cette victoire conforte un peu plus encore la certitude de la voir emporter la nomination démocrate. Il ne lui manque quelques centaines de délégués, qu’elle emportera dans les semaines à venir. Quinze Etats n’ont pas encore voté et le feront d’ici le 7 juin, dont cinq dès la semaine prochaine. La consécration d’Hillary n’est qu’une question de temps. Sanders n’est plus qu’un figurant qui entretient l’illusion d’une bataille alors que celle-ci est jouée depuis des lustres.

Ce qui n’est pas le cas chez les Républicain. Ou tout au moins ne l’était pas jusqu'à hier soir. La course restait grande ouverte. Selon les chiffres du site américain Real Clear Politics, Donald Trump avait obtenu hier matin 756 délégués, contre 559 pour Ted Cruz et 144 pour John Kasich. 2472 délégués participeront à la convention nationale de juillet. Quiconque s’y présentera avec le soutien de 1237 d’entre eux, ou plus, sera assuré d’être le candidat républicain de novembre. A la date d’hier il restait 759 délégués à attribuer. Donald Trump et Ted Cruz pouvaient donc tous deux espérer atteindre le seuil fatidique. Ce n’est plus le cas à présent.

95 délégués étaient en jeu à New York. En emportant la primaire avec près de 60% des voix, Donald Trump rafle pratiquement toute la mise. Il emporte 89 délégués. Conséquence, il a désormais 845 délégués sous son nom. Il lui en faut « seulement » 382 sur les 664 restant à attribuer, pour gagner. Ted Cruz, qui au contraire n’a rien gagné hier reste sur son total de 559. Même s’il venait à emporter tous les délégués restant (ce qui est impossible, compte tenu des règles propres à chaque Etat et chaque scrutin), il ne pourrait parvenir qu’à 1223. Soit 14 de moins que la majorité.

En conséquence, Ted Cruz ne peut plus emporter la nomination dans le cadre du processus des primaires. Il peut, par contre, toujours priver Trump de cette victoire de façon à ce que les candidats se présentent à la convention sans qu’aucun d’eux n’ait le soutient de 1237 délégués. Dans ce cas, la convention serait déclarée « ouverte » (« brokered » dans le jargon politique américain) il faudrait procéder à plusieurs tours de scrutins pour déterminer un vainqueur, et les délégués ne seraient plus liés à un candidat mais libres de leur vote, ouvrant la voie à toutes les possibilités imaginables…

Cela signifie que désormais les électeurs républicains qui porteront leurs voix sur Ted Cruz ou John Kasich le feront dans le seul espoir de parvenir à une convention ouverte.

La dernière fois que ce cas de figure s’est présenté, c’était en 1952. La télévision venait de naître. Les débats contradictoires, les réunions en petits comités, les « brainstormings » dans les chambres d’hôtels, faisaient alors partie du folklore politique. Ce n’est plus le cas à présent. Les caméras de télévision ont changé la donne et les réseaux sociaux encore plus. Une convention ouverte reviendrait à donner en spectacle aux millions de téléspectateurs américains les divisions, contradictions et tensions internes au parti républicain. Ce serait le chaos retransmis en direct. Ainsi que l’assurance de voir le parti exploser à l’issue de cet exercice. Car les supporteurs de Donald Trump n’accepteraient pas de voir un autre candidat que le leur, emporter la donne.

Désormais donc si les Républicains veulent éviter d’être le parti du désordre et des récriminations en juillet, il leur faut, plus que jamais, se rassembler derrière Donald Trump.

Il est probable que c’est ce qui va se passer. Mardi prochain, le 26 avril, cinq Etats de la côte Est votent : le Connecticut, le Delaware, le Maryland, la Pennsylvanie et Rhode Island. Trump est encore en terrain favorable. L’ampleur de ses victoires sera le baromètre de l’unité retrouvée, des Républicains derrière cet homme qui, quoi qu’on pense de lui, sera très vraisemblablement, leur candidat en novembre. 

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